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Les Amours qui ont fait la France

Les Amours qui ont fait la France

Titel: Les Amours qui ont fait la France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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cousin germain.
    — Les Aragonais vont se faire battre, lui dit-elle, venez à mon secours.
    Philippe III était réaliste.
    — Que me proposez-vous en échange de mon soutien ? demanda-t-il.
    — Je vous donne ma fille, dit la reine, qui avait peu d’imagination. Vous la marierez à votre fils aîné.
    Philippe, pour les mêmes raisons qui avaient décidé Pierre d’Aragon, accepta, et la princesse Jeanne, qui allait maintenant sur ses quinze mois, fut fiancée pour la troisième fois.
    Mais le roi de France, qui savait avec quelle facilité la reine Blanche donnait sa fille, exigea que la jeune princesse lui fût remise immédiatement.
    — Je la ferai élever avec mes enfants dans mon palais de Vincennes, dit-il.
    Jeanne fut donc amenée à la cour de France. Après quoi – et après quoi seulement – Philippe envoya une armée défendre le royaume de Navarre qui avait été abandonné par Pierre d’Aragon, fâché du manque de parole de la reine Blanche.
     
    Malgré le très jeune âge du fiancé, on commença bientôt à penser au mariage qui devait avoir lieu douze ans plus tard.
    Rien ne déplaisait tant à Philippe le Hardi que l’improvisé.
    Tout d’abord, il demanda au pape Grégoire X une dispense pour l’union des deux cousins. Cette démarche faillit d’ailleurs priver une troisième fois la jeune princesse d’un fiancé ; car le souverain pontife, qui ne voulait pas favoriser le rattachement de la Navarre à la France, hésita longtemps. Finalement, il crut résoudre le problème de façon habile en accordant une dispense non pour Louis, le prince héritier de la couronne de France, mais pour son frère cadet, Philippe . Il ne pouvait prévoir que Louis mourrait l’année suivante et que ce serait son frère qui monterait sur le trône.
    Pendant douze ans, Jeanne vécut au château de Vincennes, où elle reçut une instruction soignée. Elle voyait quotidiennement son fiancé – le quatrième – qui était de quatre ans son aîné, et elle ne cachait pas l’amour qu’elle avait pour lui.
    — C’est le plus beau de tous les hommes du monde, disait-elle à qui voulait l’entendre.
    De fait, Philippe avait des traits fort réguliers et une noble prestance qui, d’ailleurs, le faisaient déjà surnommer « le Bel » par le peuple de Paris.
    Jeanne eût aimé monter sur ses genoux, caresser ses longs cheveux roux et l’embrasser ; mais l’adolescent avait un maintien sévère et un regard froid qui retiraient toute audace à la fillette. Enfin, le 16 août 1284, leur mariage eut lieu à Paris. Il avait seize ans, elle allait en avoir douze.
    Après la cérémonie, Jeanne, qui pensait au moment où elle aurait enfin le droit de se blottir dans les bras de son mari, vit que celui-ci avait un air satisfait qu’elle ne lui connaissait pas.
    — Il m’aime, pensa-t-elle, et il est heureux comme moi.
    Sans doute il l’aimait. Mais sa satisfaction avait, à ce moment, une autre cause : l’ambitieux Philippe se délectait secrètement à la pensée qu’il portait maintenant les titres de roi de Navarre et de comte palatin de Champagne et de Brie…
    L’année suivante, le 5 octobre 1285, Philippe III mourut, et son fils lui succéda sur le trône de France. Le sacre du nouveau roi et de la reine Jeanne eut lieu à Reims le 6 janvier 1286.
    Devant la cathédrale, le peuple acclama sa petite reine, et chacun trouva, avec raison, que c’était la plus gracieuse fillette qui se puisse imaginer.
    Avec l’âge, la beauté de Jeanne s’affirma et devint éblouissante. À dix-huit ans, la jeune souveraine avait un charme qui subjuguait littéralement tous ceux qui l’approchaient et qui fit écrire à l’historien Mézeray [87]  : « Cette reine tenait tout le monde enchaîné par les yeux, par les oreilles, par le cœur, étant également belle, éloquente, généreuse et libérale. »
    Hélas ! Jeanne ne tarda pas à s’ennuyer aux côtés de l’austère Philippe qui l’abandonnait des soirées entières pour s’occuper des affaires de l’État.
    Elle, qui eût désiré un mari fougueux et tendre, allait le plus souvent dormir seule dans sa chambre. Parfois, au milieu de la nuit, énervée par sa solitude, elle se levait et regardait la Seine qui coulait sous sa fenêtre. Depuis que la cour était revenue au Louvre, ce fleuve l’attirait. Elle y voyait passer au petit matin de beaux bateliers râblés dont la peau brune et les muscles la faisaient

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