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Les Amours qui ont fait la France

Les Amours qui ont fait la France

Titel: Les Amours qui ont fait la France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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trois ans, le roi, qui approchait de la trentaine, constata que le veuvage commençait à lui peser. Il se mit en quête d’une autre épouse et arrêta son choix sur Marie, fille de Henri III, duc de Brabant, qui était âgée de quatorze ans.
    Il l’épousa au mois d’août 1274, et leur mariage fut célébré dans le bois de Vincennes.
    Marie de Brabant était belle, élégante, instruite et spirituelle. Son père, qui était ami de Thibaut le Chansonnier et poète lui-même, lui avait donné le goût des lettres. Elle était, malgré son jeune âge, l’inspiratrice et la protectrice de nombreux trouvères. Elle aimait les réceptions brillantes, les fêtes et les bals. Aussi son arrivée à Vincennes rendit-elle un peu de gaieté à la cour.
    Le roi se montrait tellement amoureux d’elle que certains grands seigneurs pensèrent qu’elle pouvait avoir sur lui une influence bénéfique et l’aider à se débarrasser d’un individu de moralité plus que douteuse qui avait réussi à capter sa confiance. Cet homme, nommé Pierre de La Broce, était un ancien barbier (c’est ainsi qu’on appelait les chirurgiens) dont Philippe III avait fait son chambellan et son Premier ministre. Comblé d’honneurs et de largesses, il s’enrichissait scandaleusement aux dépens du Trésor royal, confiant en l’aveuglement du roi.
    Il se forma donc bientôt autour de la jeune reine une coterie, qui n’eut de cesse que le favori ne fût abattu. Mais celui-ci était malin. Voici ce que nous en dit Guillaume de Nangis [84]  : « Comme la reine gagnait tous les jours davantage la faveur du roi et son amour, Pierre de La Broce, chambellan de Philippe, qui vivait en si grande familiarité avec son seigneur que chacun lui rendait plus d’honneur qu’à aucun autre, commença à s’affliger fort, à ce qu’on assure, de l’amour du roi pour la reine ; car c’était un homme envieux et qui maigrissait du bonheur d’autrui. Il craignit que cette femme trop subtile n’arrivât à le “connaître” et à lui faire perdre la faveur royale. Dès lors, à ce que quelques-uns ont dit, il conçut l’iniquité dans son cœur et il chercha de jour en jour comment il pourrait séparer le roi de la reine. »
    Un événement imprévu allait lui fournir l’occasion qu’il cherchait.
    Un soir, en sortant de la chambre de Marie où il avait bu un verre d’eau, le prince Louis, aîné des fils que Philippe avait eus d’Isabelle d’Aragon, tomba malade et mourut en quelques heures. Aussitôt, on parla d’empoisonnement et Pierre de La Broce accusa la reine d’avoir fait disparaître le jeune prince, ajoutant même qu’il avait la certitude que cette « intrigante » voulait se débarrasser de tous les enfants du premier lit pour assurer aux siens l’accès au trône. Cette accusation épouvantable arriva rapidement aux oreilles du roi qui ne put croire à la culpabilité de la femme qu’il aimait.
    Il informa la reine des bruits qui couraient. Marie de Brabant accusa aussitôt le chambellan.
    — C’est lui, dit-elle, qui a empoisonné votre fils dans le but de me perdre. Il faut le faire pendre.
    Le faible Philippe fut très embarrassé. Ne sachant que faire, il envoya l’évêque de Bayeux consulter une béguine de la ville de Nivelle qui passait pour être inspirée et recevoir du ciel des révélations.
    Or cet évêque était le beau-frère de Pierre de La Broce. Ayant pris conseil du favori, il se rendit à Nivelle et revint vers le roi pour annoncer qu’il avait rempli sa mission.
    — Alors, lui demanda anxieusement Philippe, que vous a-t-elle dit ?
    L’évêque prit un air hypocrite.
    — Monseigneur, dit-il en baissant les yeux, je ne puis répondre, car j’ai entendu la béguine en confession et, par la loi divine, je suis tenu de garder le secret.
    — Cela est fort mal à vous, répondit le roi, furieux. Je ne vous avais pas envoyé pour la confesser.
    Et, tournant le dos à l’évêque, il fit appeler un chevalier du Temple.
    — Courez à Nivelle, lui dit-il, et interrogez cette béguine sur la mort de mon fils et sur les accusations abominables que l’on propage [85] .
    Le Templier partit immédiatement et, malgré les embûches de toute sorte que Pierre de La Broce dressa sur son chemin, il parvint à rencontrer la béguine. Celle-ci sourit en le voyant arriver.
    — Il était bon que vous veniez, murmura-t-elle en lui prenant les mains.
    Puis elle le chargea de dire à Philippe

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