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Les années folles

Les années folles

Titel: Les années folles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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sur le gobelet en étain rempli d’eau froide que son petit frère
Jean-Paul lui tendait, même si le véhicule était durement secoué à cause des
ornières dans le champ.
    – Bois
ça doucement, l’avait mis en garde Albert. De l’eau froide quand on a chaud, c’est
pas ben bon.
    Lorsqu’ils
avaient entendu la cloche de l’église sonner au loin l’angélus, Ernest et ses
fils finissaient de décharger la charrette pour la seconde fois de l’avant-midi.
Les hommes étaient allés se laver au puits avant de se présenter à la porte de
la cuisine d’été.
    – Enlevez
vos souliers, leur avait ordonné sœur Gilbert, plantée debout près de la porte.
On a lavé le prélart de la cuisine il y a pas une heure.
    – Oui,
ma sœur, avait répondu son frère Albert, moqueur.
    La
grande et grosse religieuse l’avait menacé du chasse-mouche qu’elle tenait à la
main.
    Pendant
que tous s’entassaient autour de la grande table, Yvette avait commencé à
servir des assiettes remplies de bouilli de légumes avec l’aide de la petite sœur
Clémence.
    – Comment
ça se fait que vous êtes arrivés ensemble, tous les deux ? avait demandé
Ernest à ses deux fils, plus pour parler que pour assouvir une véritable curiosité.
    Maurice
s’était alors chargé de répondre à son père.
    – Albert
est venu me voir au noviciat dimanche passé et il m’a dit qu’il avait l’intention
de venir vous voir en fin de semaine. Il m’a dit que si j’avais la permission
du supérieur de venir avec lui, il pourrait m’avoir une passe gratuite pour
prendre le train. Le frère Alphonse a accepté et on a pris le train de bonne
heure ce matin.
    – Quand
on est débarqués à la gare de Pierreville, avait poursuivi Albert, on s’est dit
que ce serait ben le diable si on trouvait pas quelqu’un de Saint-Jacques en
train de traîner au marché un samedi matin. On a pas eu à chercher ben
longtemps. Georges Hamel venait d’aller acheter du matériel chez Murray. Il
nous a offert de nous emmener.
    – Venez-vous
passer plusieurs jours avec nous autres ? avait demandé Céline.
    – Ben
non ! Je travaille lundi matin et Maurice doit être revenu au noviciat demain
soir.
    – J’espère
qu’on vous dérange pas trop ? avait ajouté Maurice sans s’adresser directement
à son père. Je pensais que vos foins étaient finis depuis un bout de temps.
    – Ben
non ! avait grommelé Ernest Veilleux. Il a pas arrêté de mouiller depuis
le commencement du mois.
    – De
toute façon, on peut toujours coucher dans la grange, avait proposé Albert.
    – Il
en est pas question, avait répliqué sèchement sa mère. Les deux jeunes vont
vous laisser leur chambre avec plaisir. Pas vrai ?
    – Ben
oui, avait accepté Léo. Surtout que l’ouvrage que vous allez faire, on sera pas
obligés de le faire et…
    Son
père lui avait jeté un regard mauvais qui avait incité l’adolescent à se taire.
    Après le repas, les
garçons avaient imité leur père en allant faire une courte sieste pendant qu’Yvette
et ses filles rangeaient la cuisine et lavaient la vaisselle. Ensuite, on s’était
remis au travail jusqu’à la fin de l’après-midi et on ne s’était arrêté que
pour traire les vaches et nourrir les animaux.
    Ce
soir-là, tout le monde s’était couché tôt chez les Veilleux. Le dur travail
dans les champs sous un soleil de plomb était venu à bout de l’énergie des plus
résistants. On s’était mis au lit vers vingt-deux heures, après avoir établi
qui irait à la basse-messe et qui assisterait à la grand-messe, le lendemain
matin. Il avait été décidé que Maurice et les deux religieuses iraient à la
grand-messe en voiture avec Ernest et Yvette. Il convenait de faire voir à
toute la paroisse les religieux que la famille Veilleux avait produits. Pour
leur part, les jeunes iraient à la même messe, mais ils se rendraient à l’église
à pied. Après tout, un mille et demi de marche n’avait jamais tué personne. Albert,
Céline et Anne avaient préféré aller à la basse-messe.
    Au
moment de souffler la lampe, Ernest n’avait pu s’empêcher de faire remarquer à
sa femme :
    – Maurice
est blanc comme un navet. Il s’épuise à rien. On peut pas dire que les frères l’ont
ben renforci. En plus, je trouve qu’il tousse pas mal.
    – Tu sais
bien qu’il a jamais eu une grosse santé, avait rétorqué sa femme en s’étendant
à ses côtés. Je sais pas s’il le l’a dit, mais

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