Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les années folles

Les années folles

Titel: Les années folles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
Vom Netzwerk:
le supérieur a décidé qu’il
serait infirmier. Il va s’occuper des malades de la communauté. Cet ouvrage-là
devrait pas trop le fatiguer.
    – Puis
l’autre ? avait murmuré Ernest.
    – Albert
est un bon garçon. Tu le sais aussi bien que moi. Il a pris ses seules journées
de congé de l’été pour venir te donner un coup de main. Fais-lui un peu de
façon, Ernest. C’est ton garçon après tout. Il a pas commis un crime en allant
travailler en ville. Il travaille dur pour gagner sa vie.         À part ça, il y a rien qui dit qu’il reviendra
pas un jour rester avec nous autres.
    – Ouais ! fît le père de famille sur un ton peu
convaincu. Bon. Il faut dormir si on veut être capables de se lever demain
matin.
    Le
silence était finalement tombé dans la chambre des parents située au pied de l’escalier.
Bientôt, seuls les ronflements des dormeurs avaient fait un contrepoint aux
stridulations des criquets.
    Le
lendemain matin, dès six heures moins quart, Yvette Veilleux avait tenté de ne
réveiller que ses plus jeunes fils pour qu’ils aillent aider leur père à
soigner les animaux, mais ce fut peine
perdue. En quelques minutes, tous les habitants de la maison avaient envahi la
grande cuisine d’été.
    – Oubliez pas
que vous pouvez rien manger avant la messe si vous voulez aller communier, avait
rappelé inutilement la mère.
    – Et si vous
allez pas communier, avait ajouté en riant sœur Gilbert, vous devrez expliquer
pourquoi à notre bon curé Lussier.
    – Fais
pas de farce avec ça, l’avait réprimandée sa mère.
    – Je
ris pas, m’man, avait fait la religieuse en s’efforçant de prendre un air sérieux.
Je fais juste me souvenir comment était le cousin de p’ pa quand on allait pas à la sainte table,
le dimanche… À moins qu’il ait changé
depuis ?
    – Non,
notre curé est toujours un aussi bon prêtre.
    – Tant
mieux, m’man, avait conclu la religieuse sur un ton peu enthousiaste.
    Après le train, Albert
avait attelé le boghei et avait conduit ses deux jeunes sœurs à l’église pour
entendre la basse-messe chantée par le vicaire.
    – Qui
c’est, ce petit prêtre-là ? avait-il demandé à sa sœur Anne.
    – L’abbé
Martel. Il est arrivé dans la paroisse un peu avant Pâques. Il est pas mal fin.
Il est pas bête comme le curé, lui.
    – Et
il est un peu perdu, avait ajouté Céline en sourian t. Il y a des fois où on dirait qu’il est pas
tout là. Il est souvent dans la lune.
    – Toi, t’es
chanceuse que m’man t’entende pas parler comme ça d’un prêtre, l’avait grondée
sa sœur. Si elle l’entendait, tu mangerais une claque derrière le chignon.
    – J’ai rien
dit de mal, moi, avait protesté la jeune fille de vingt ans en jetant un regard
courroucé à sa sœur.
    Comme
tous les dimanches, la grand-messe célébrée par le curé Lussier avait duré près
de deux heures et les Veilleux n’avaient pu se mettre à table que bien après
midi. Quelques heures plus tard, l’heure du départ avait sonné pour les
visiteurs. À quatre heures, sur un signe de son père, Jérôme était allé atteler
la vieille jument. Pour son plus grand plaisir, l’adolescent s’était vu confier
la tâche enviée d’aller conduire à la gare de Pierreville les deux religieuses
et ses frères Maurice et Albert.
    Au
moment du départ, toute la famille s’était retrouvée debout sur le balcon qui
ceinturait deux des quatre côtés de la vieille maison en bardeaux de cèdre. Il
y eut des embrassades et un échange de souhaits de bonne santé. Pour la
première fois depuis longtemps, Ernest Veilleux s’était montré chaleureux
envers ses fils.
    – Vous
êtes toujours les bienvenus, avait-il déclaré. Si le cœur vous en dit, revenez
nous voir aussitôt que vous le pourrez.
    À
voir le sourire qui illuminait le visage d’Albert au moment où l’attelage quittait
la cour, il ne faisait aucun doute que la mésentente entre le père et le fils
appartenait maintenant au passé. Yvette, heureuse, n’avait pu s’empêcher de
poser une main sur le bras de son mari avant de lui glisser à voix basse :
    – T’es pas
mal fin, mon Ernest. Je pense que notre garçon est parti soulagé.
    – Il
est pas le seul que j’ai invité, ronchonna son mari. J’ai aussi invité Marcelle
et Maurice.
    Yvette
Veilleux fut tirée de ses pensées par le bruit de la roue métallique de la
brouette crissant sur les roches de la cour. Ernest

Weitere Kostenlose Bücher