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Les années folles

Les années folles

Titel: Les années folles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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ben mon affaire.
    – Bon. Ça, c’est
une bonne nouvelle. Quand notre maire m’en a parlé, moi aussi, j’ai pensé qu’on
était pas plus fous dans le rang Sainte-Marie et j’ai commencé à faire le tour
des voisins. Comme c’est là, on est huit dans le rang prêts à embarquer, fit
Eugène Tremblay, enthousiaste. Il y a juste Antonius Tougas qui est pas
intéressé. Il m’a dit qu’avec quatre vaches, ça valait pas la peine d’apporter
son lait à la fromagerie.
    – Est-ce que
votre voisin a accepté lui aussi ?
    – Georges
Hamel ? Il a été le premier.
    – Non. Je
voulais dire votre voisin de l’autre côté, Ernest Veilleux.
    Le
visage avenant d’Eugène se ferma immédiatement.
    – Sais-tu, j’ai
pas eu la chance de lui en parler, mentit-il au jeune homme.
    – Voulez-vous
que je lui en parle s i j’en ai l’occasion ?
Il a tout de même une quinzaine de vaches. Il pourrait ben être intéressé.
    – Fais ce que
tu voudras, répondit-il sèchement.
    Un
silence inconfortable s’installa dans la voiture. Eugène Tremblay traitait mentalement
le conducteur de « jeune insignifiant » parce qu’il feignait d’ignorer
son ressentiment envers Ernest Veilleux. Il regretta d’avoir abordé avec lui la
question du transport du lait. Le jeune homme venait de lui rappeler qu’on ne
pouvait mettre sur pied un système commun de ramassage du lait dans la rang
Sainte-Marie sans en parler à Ernest Veilleux, même s’il aurait mille fois
préféré le laisser de côté. L’exclure aurait mis le feu aux poudres et toute la
paroisse l’aurait blâmé, à commencer par Thérèse…
    – Quand
est-ce que vous pensez pouvoir commencer ? demanda Germain Fournier
quelques instants plus tard.
    – La semaine
prochaine, à deux conditions. D’abord, il va falloir que chacun construise une
plate-forme d’environ quatre pieds de haut proche de sa boîte aux lettres. Il
pourrait déposer là ses bidons de lait après son train. Comme ça, celui qui va
faire la collecte aura même pas à descendre de voiture pour les ramasser. Ensuite,
il faut qu’on marque notre nom sur chacun de nos bidons pour que Dionne sache
de qui vient le lait. En revenant du village, celui qui fait le ramassage aura
juste à laisser les bidons vides sur la plate-forme.
    – C’est
correct. J’ai le temps de faire ça avant lundi matin, accepta Germain, enthousiaste.
    Le
reste du trajet se déroula dans un silence presque complet. Quand Eugène Tremblay
s’informa auprès du jeune homme s’il éprouvait de la difficulté à vivre seul
depuis le décès de sa mère, ce dernier se borna à répondre :
    – Je me
débrouille.
    Les
deux hommes revinrent d e La Visitation au début de l’après-midi avec leurs poches de grain moulu. En
passant devant sa ferme, Germain Fournier attacha la bête de son voisin à l’arrière
de sa voiture et il se rendit jusqu’aux bât iments
des Tremblay. Il aida même Eugène et son fils à mettre à l’abri les sacs de
grain.
    Par la fenêtre, Aline
aperçut le voisin en train d’aider Gérald et son père à transporter le grain à
l’intérieur de la grange.
    – Claire, viens
voir ! cria-t-elle à sa sœur aînée. Je pense que ton cavalier est venu
faire sa grande demande. Il doit tenir à toi en pas pour rire. Il est venu
pareil, même s’il mouille pas mal.
    Sans
réfléchir, Claire rejoignit l’adolescente pour voir de qui il s’agissait.
    – Ouach !
fit-elle d’un air dégoûté. Veux-tu ben arrêter de m’étriver avec Germain
Fournier, toi !
    – Aie, vous
deux ! C’est ça que vous appelez de la charité chrétienne ? les réprimanda
leur mère. Enlevez-vous donc de devant la fenêtre. Vous avez l’air de deux
écornifleuses. Germain est peut-être pas ben beau, mais il est pas aveugle.
    – Bien non, m’man,
c’est une farce que je faisais, fit Aline en laissant retomber le rideau devant
la fenêtre de la cuisine.
    Quand
Eugène rentra dans la maison après le départ de son jeune voisin, il expliqua à
sa femme son accident de voiture et l’aide que Germain lui avait apportée.
    – On dirait
qu’il est moins sauvage qu’il l’a déjà été, fit remarquer Thérèse.
    – Je pense qu’il
se souvient que t’es allée donner un coup de main quand sa mère est morte, dit
son mari. En tout cas, c’est pas le plus bavard de la paroisse, je t’en passe
un papier. Mais il a accepté de faire partie du groupe pour le ramassage du
lait.

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