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Les années folles

Les années folles

Titel: Les années folles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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prochaine réunion du conseil.
    – C’est ben
correct, fît Eugène en constatant avec dépit que le
prêtre n’en dirait pas plus sur le sujet.
    – Ah ! avec
tout ça, j’allais oublier la dîme, dit Antoine Lussier, la main déjà sur la
poignée de la porte.
    – Si ça vous
fait rien, monsieur le curé, cette année, je vais vous la payer en farine, comme
l’année passée. Justement, je voulais régler ça cette semaine.
    Un
profond ennui se peignit sur les traits du prêtre.
    – Ça m’embête
de te dire ça, Eugène, mais les marguilliers aimeraient mieux que la dîme soit
payée en argent à partir de cette année.
    – Ah bon !
C’est nouveau ça.
    – Ils disent
que comme ça, ça va être plus facile d’administrer la paroisse, expliqua l’ecclésiastique.
    – Ça m’adonne
pas ben ben de payer en argent, dit sèchement le cultivateur, mais j’irai vous
régler ça cette semaine au presbytère, si c’est la nouvelle règle. En même
temps, j’en profiterai pour payer notre banc pour l’année.
    – Ça va être
parfait comme ça, dit le curé en retrouvant le sourire. Je suis content de voir
que ça te dérange pas trop pour la dîme.
    – Ce sera pas
la fin du monde, monsieur le curé… pourvu que ce soit la même loi pour tout le
monde dans la paroisse, ajouta Eugène Tremblay avec une certaine perfidie.
    Antoine
Lussier ne releva pas l’allusion et quitta les lieux après avoir salué une dernière
fois tous les membres de la famille Tremblay. Dès que le prêtre eut franchi la
porte de la maison, Clément demanda à sa sœur :
    – D’après toi,
de qui le curé parlait quand il a dit qu’il y avait des hommes dans le rang qui
voulaient se marier ?
    – Comment
veux-tu que je le sache ? répondit avec humeur la jeune femme.
    – Il devait
parler de René Tougas et de Germain Fournier, intervint la mère qui avait
écarté discrètement le rideau de l’une des fenêtres de la cuisine pour voir
partir la voiture du curé.
    – Aie ! tout
un choix ! grimaça Claire Tremblay en prenant un air dégoûté. Un paresseux
de la pire espèce et un autre qui est laid à faire peur.
    – Claire
Tremblay, gronda sa mère, tu devrais te confesser de manquer de charité comme
ça.
    La
jeune femme se contenta de soulever les épaules et de se diriger vers l’escalier
avec l’intention de monter dans sa chambre pour changer de robe avant de se
mettre à la préparation du repas du midi. Pour sa part, sa mère ne semblait pas
pressée d’en faire autant. Tout dans le visage de Thérèse Tremblay disait son mécontentement
et son mari ne semblait pas plus heureux qu’elle en s’assoyant dans sa chaise
berçante après avoir allumé sa pipe.
    – Ça vaut pas
la peine de retourner travailler aux bât iments,
dit-il à ses fils. On va dîner dans une couple de minutes, si les femmes de la
maison se décident à cuisiner, ben entendu.
    Cette
dernière remarque, quoique anodine, fut l’étincelle qui fît éclater la mauvaise humeur de la
maîtresse de maison.
    – J’ai jamais
eu aussi honte de ma vie, Eugène Tremblay ! s’écria sa femme, furieuse.
    – Quoi ?
Qu’est-ce qu’il y a ?
    – Fais pas l’innocent
en plus ! s’emporta Thérèse en replaçant une mèche de cheveux qui s’était
échappée de son chignon. Toi et ta maudite politique ! T’as trouvé le
moyen d’insulter monsieur le curé.
    – Tu sauras
que je l’ai pas insulté, se défendit l’homme à la forte stature. Je me suis
juste arrangé pour lui faire savoir qu’on est pas tous des gnochons dans la
paroisse et qu’on voit ben que tous les marguilliers sont des maudits
conservateurs. C’est pas normal et il le sait en batèche, à part ça ! Wilfrid
pense la même chose que moi.
    – C’est
normal, vous êtes tous les deux pareils, ragea Thérèse, sarcastique. Wilfrid
serait bien mieux de se contenter de faire son travail de maire comme du monde
plutôt que de se mêler de ce qui le regarde pas. Depuis les dernières élections,
on dirait qu’il prend un malin plaisir à se mettre tout le monde à dos dans la paroisse.
    – En
tout cas, tous les deux, on sait ben que le curé a beau parler d’élection à la
fabrique, c’est encore lui qui décide qui va être le prochain marguillier. Il y
a personne qui va être nommé sur le conseil s’il le veut pas. Ça me
surprendrait pas pantoute que ce soit l’autre, à côté, qui soit élu comme
prochain

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