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Les années folles

Les années folles

Titel: Les années folles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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Tout indiquait que la propreté de la
maison était la dernière préoccupation de son propriétaire et il s’en inquiéta
un peu.
    Le curé n’attendit
pas que Germain Fournier lui offre de retirer son manteau pour l’enlever et le
déposer sur le dossier d’une chaise. Pendant que le prêtre s’informait de sa sœur
Florence et mettait Germain Fournier en garde contre les dangers d’une trop
grande solitude, le bedeau avait pris une bouteille de caribou dissimulée sous
le siège du boghei et il s’était offert quelques larges rasades, dissimulé par
le cheval qu’il venait de couvrir d’une épaisse couverture quelques instants
plus tôt.
    – T’es rendu
à quel âge, Germain ? demanda Antoine Lussier après quelques minutes de
conversation dont il avait pratiquement fait tous les frais.
    – Trente ans,
monsieur le curé.
    – Il est
peut-être temps que tu fasses une fin, tu trouves pas ? Ton deuil doit pas
t’empêcher de te chercher une femme. La paroisse manque pas de bonnes filles à
marier. Attends pas trop pour t’en choisir une. C’est pas de santé pour un homme de vivre tout seul. T’as besoin d’une femme
pour faire ton ordinaire et tenir ta maison. Un homme peut pas tout faire tout
seul.
    – Ça,
c’est sûr, acquiesça le jeune homme sans manifester trop d’enthousiasme.
    – En plus, il
va bien falloir que tu te décides à fonder une famille un jour, reprit le
prêtre sur un ton un peu plus abrupt. T’es pas pour cultiver ta terre pour la
laisser à des étrangers quand tu seras plus capable de travailler, non ?
    – C’est vrai.
    – Bon. Je
pense avoir le temps d’aller voir les Tremblay avant de rentrer dîner au
presbytère, ajouta le curé en se levant après avoir consulté brièvement la
montre de gousset qu’il venait de tirer de la petite poche de sa soutane. Je
vais te bénir avant de partir, dit-il à Germain qui s’empressa de mettre un
genou à terre devant son curé. Le curé Lussier le bénit et boutonna son manteau.
    – Je te souhaite
bonne chance, conclut Antoine Lussier en ouvrant la porte.
    Le curé retrouva
son bedeau un peu prostré sur le siège du boghei au moment où il remontait en
voiture.
    – On s’en va
chez les Tremblay, annonça-t-il à son cocher. Restez pas en plein vent à geler.
Mettez-vous un peu à l’abri , Joseph. Vous allez attraper votre coup
demort.
    Le père Groleau se
contenta de hocher la tête, engoncé dans son épais manteau, et il prit la
direction de la ferme des Tremblay.
    Thérèse Tremblay eut un choc en apercevant l’attelage s’arrêter sous
ses fenêtres. Elle avait bien cru que le curé Lussier avait décidé de mettre
fin à ses visites cet avant-midi-là pour une raison connue de lui seul.
    –  Ma foi du
bon Dieu ! s’exclama-t-elle, mécontente, en retirant précipitamment le
tablier qu’elle avait mis quelques minutes plus tôt. Veux-tu ben me dire à quel
jeu il joue à matin ! Un peu plus, j’allais changer de robe pour pas me
salir en faisant à manger. Claire ! cria-t-elle à son aînée qui venait de
monter à l’étage pour changer de vêtements. Garde ta robe neuve, monsieur le
curé arrive.
    Il
y eut des pas précipités dans l’escalier qui conduisait à l’étage.
    – Lionel, dit-elle
à son fils de douze ans qui relevait de la grippe, passe par la remise et va me
chercher ton père et Clément. Ils sont tous les deux dans la grange.
    Thérèse
et son aînée s’empressèrent d’aller ouvrir la porte au curé Lussier dont elles
entendaient les pas sur le balcon.
    – On dirait
que je vous prends par surprise, fît le
prêtre avec un sourire narquois en pénétrant dans le salon des Tremblay.
    – Disons qu’on
était plus sûrs pantoute que vous viendriez aujourd’hui après vous avoir vu
passer tout à l’heure, lui fit remarquer Thérèse Tremblay, non sans une pointe
de reproche.
    – J’ai voulu
voir Germain Fournier avant le dîner, se limita à dire le curé, en regardant
autour de lui, à la recherche des autres membres de la famille.
    – Les
autres s’en viennent, monsieur le curé, dit Thérèse en l’aidant à retirer son
manteau et en tendant ce dernier à son aînée pour qu’elle aille le déposer sur
le dos d’une chaise dans la cuisine.
    Pendant
que Thérèse et Claire s’entretenaient avec le prêtre, Eugène pestait contre ce
dernier qui leur avait laissé croire qu’il ne leur rendrait pas visite ce
matin-là. Par conséquent, lui et ses

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