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Les années folles

Les années folles

Titel: Les années folles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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d’une demi-heure passa avant qu’un cri
déchirant le fasse sursauter. Il y eut des conseils pressants formulés par la
voisine, conseils suivis par d’autres cris. Un enfant se réveilla à l’étage et se mit à pleurnicher. Le père
monta rapidement le consoler après s’être emparé de la lampe à huile déposée
sur la table de cuisine.
    Quand Georges
Hamel descendit deux minutes plus tard, il retrouva Thérèse Tremblay debout au
centre de la cuisine, le front couvert de sueur.
    – Est-ce qu’il
y a un problème ? demanda le jeune homme, soudain alarmé.
    La
voisine sembla hésiter un moment avant d’avouer :
    – On aurait
bien besoin du docteur.
    – Comment ça ?
    – Le petit se
présente par le siège. J’arrive pas à le virer de bord. J’ai jamais eu à faire
ça.
    – Qu’est-ce
que je peux faire ? demanda Georges Hamel, de plus en plus énervé. Je vais
aller chercher le docteur à Pierreville, ajouta-t-il en se dirigeant déjà vers
le crochet auquel était suspendu son manteau.
    – Ça
servirait à rien, dit Thérèse Tremblay. Tu pourras jamais être revenu à temps, en
supposant que tu sois capable de te rendre.
    – Je suis pas
pour laisser ma femme et mon petit crever sans rien faire ! protesta le
jeune homme en élevant la voix.
    Il y
eut un cri en provenance de la chambre et Georges fit un pas vers la pièce. Sa
voisine le saisit par le bras pour l’empêcher d’entrer. Soudain, ses traits s’éclairèrent.
    –  Attends !
Je viens d’y penser. La femme de Bruno Pierri m’a déjà dit qu’elle était
sage-femme dans son village, en Italie. Ça se peut qu’elle, elle sache quoi faire.
Dépêche-toi. Attelle et va la chercher.
    Pendant
que le jeune cultivateur s’habillait, Thérèse prit la peine de lui préciser :
    – Frappe pas
à la porte, ils t’entendront peut-être pas. Va cogner à leur fenêtre de chambre.
    Sans
un mot, le futur père quitta la maison en courant et Thérèse Tremblay rentra
dans la chambre procurer des encouragements à Rita Hamel, qui commençait à s’épuiser
sérieusement. Et les minutes d’une attente insoutenable s’étirèrent, ponctuées
par les cris de plus en plus faibles de la jeune femme en proie aux douleurs de
l’enfantement.
    Puis, il y eut des
bruits de pas sur le balcon. La porte de la maison s’ouvrit sur Maria Pierri, une
petite femme boulotte âgée d’une quarantaine d’années dont les cheveux étaient
aussi noirs que les yeux. L’Italienne referma la porte, salua Thérèse venue à
sa rencontre et enleva son manteau et ses bottes .
    – J’ai bien
pensé que vous arriveriez jamais, dit Thérèse.
    – J’ai jamais
vu une tempête comme ça, avoua la femme de Bruno Pierri avec son accent chantant.
Le cheval voulait plus avancer.
    – L’enfant se
présente mal, murmura Thérèse à la nouvelle arrivée.
    – Tant que ce
n’est pas le cordon passé autour du cou du bébé, on peut toujours essayer de
faire quelque chose, la rassura la voisine, en allant tout de suite vers l’évier
pour se laver les mains.
    – Je me suis
pas trompée en me rappelant que vous avez été sage-femme en Italie ?
    – Vous avez
de la mémoire, madame Tremblay, répondit Maria Pierri en suivant Thérèse dans
la chambre où Rita Hamel était alitée.
    Un
quart d’heure plus tard, quand Georges rentra dans la maison après être allé
conduire son cheval à l’écurie, la porte de la chambre était fermée. Il
entendit encore des murmures puis un grand cri poussé par sa femme. Son cœur
battant la chamade, il se précipita vers la porte au moment même où celle-ci s’ouvrait.
Thérèse Tremblay apparut devant lui et le repoussa doucement du plat de la main
vers la cuisine.
    – Ton petit
vient d’arriver. Prépare-moi un bol d’eau tiède et mets-le sur la table avec
les serviettes et le linge du petit. J’arrive avec dans une minute.
    – Et ma femme ?
    – Inquiète-toi
pas. Elle va bien. Madame Pierri connaît son affaire.
    Soulagé
au-delà de toute expression, le jeune père s’empressa de préparer ce que sa
voisine venait de lui demander et il attendit avec impatience de voir son
enfant et sa femme. Quelques instants plus tard, Thérèse Tremblay sortit de la
chambre en portant dans ses bras une petite chose toute fripée. Elle déposa le
bébé sur le drap étendu sur la table et fît rapidement
sa toilette avant de l’emmailloter et de le rapporter à sa mère, épuisée, mais
fière de

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