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Les années folles

Les années folles

Titel: Les années folles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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maison en
même temps que le visiteur couvert de neige. Eugène eut d’abord du mal à l’identifier
à la lueur incertaine de sa lampe qu’il tenait à bout de bras.
    – Sacrifice !
Mais c’est Georges ?
    – Bonsoir, monsieur
Tremblay, dit le voisin, tout énervé, en secouant un peu la neige qui le
couvrait.
    – Veux-tu ben
me dire ce que tu fais dehors en pleine nuit dans une tempête pareille ?
    À ce moment-là, Thérèse, enveloppée dans une épaisse robe de chambre, sortit
de sa chambre. Elle devina tout de suite la raison de la présence de leur jeune
voisin.
    –  Rita est
pas en train d’accoucher ?
    – En plein ça,
madame Tremblay, fit Georges Hamel, la voix tendue. Les douleurs ont commencé
tout à l’heure. Avec cette tempête-là, je suis pas capable d’aller chercher le
docteur Courchesne et je sais pas trop quoi faire… Pour chacun des trois autres,
le docteur est venu à temps, mais là…
    – Donne-moi
une minute pour m’habiller, j’arrive, déclara la femme d’Eugène Tremblay en
disparaissant dans sa chambre.
    – Qu’est-ce
que ça donne dehors ? demanda Eugène pour faire patienter le père survolté.
    – Il neige
toujours autant, répondit le jeune homme, pressé de repartir.
    – T’es pas
venu à pied ?
    – Non, je me
suis dépêché d’atteler le traîneau, mais mon cheval a eu ben de la misère à se
rendre jusqu’à ch ez
vous tellement il y a épais
de neige dans le chemin.
    – Est-ce que
j’ai besoin d’apporter quelque chose ? demanda Thérèse en sortant de sa
chambre déjà vêtue d’une robe.
    – Rita avait
déjà tout préparé, fit le voisin, la main déjà sur la poignée de la porte.
    Thérèse Tremblay enfila son manteau après avoir chaussé ses bottes et
fit signe à Georges Hamel qu’elle était prête à partir.
    –  Je
reviendrai quand tout sera fini, dit-elle à son mari avant de sortir dans la
tourmente.
    La
tête et le visage protégés par une écharpe, elle prit place dans le traîneau arrêté
au pied de l’escalier. La neige tombait toujours autant et le vent la faisait
tourbillonner.
    Georges Hamel cria
à son cheval d’avancer, mais il dut utiliser son fouet pour décider la bête à
affronter le mur blanc qui se dressait devant elle. Même si les Hamel habitaient
la ferme voisine, il fallut plusieurs minutes pour couvrir la distance entre
les deux maisons. Lorsque Thérèse descendit du traîneau près du balcon, elle
cria au conducteur qu’il pouvait aller mettre son cheval à l’abri à l’écurie
avant d’entrer dans la maison.
    À quarante-six ans, la femme avait une
bonne expérience de l’accouchement et il lui était arrivé à trois ou quatre
reprises d’aider à la délivrance d’une future mère. À son entrée dans la maison
des voisins, les lieux étaient silencieux. Les enfants devaient dormir à l’étage.
Une lampe éclairait chichement la cuisine et une autre était allumée dans la
chambre du rez-de-chaussée. Après avoir rapidement enlevé son manteau, Thérèse
Tremblay se dirigea vers la chambre où elle trouva sa jeune voisine déjà en proie
à des contractions.
    – J’ai bien l’impression
que tu vas devoir te contenter de moi pour t’aider à accoucher, dit-elle à Rita
Hamel en réponse aux remerciements de la jeune mère.
    – Ça me
rassure pas mal que vous soyez là, madame Tremblay, avoua la jeune voisine en
grimaçant à l’arrivée de nouvelles contractions. Ma mère doit venir demain
matin pour m’aider, mais j’ai bien l’impression qu’elle va arriver après le
petit.
    – Tant mieux
si ça te rassure que je sois là. Est-ce que tes contractions sont rapprochées ?
demanda Thérèse.
    – Aux cinq
minutes à peu près.
    – Est-ce que
tes trois autres accouchements ont été faciles ?
    – J’ai pas eu
de problème, affirma Rita au moment où son mari entrait dans la pièce.
    – Georges, toi,
tu vas me mettre de l’eau à bouillir sur le poêle et placer sur la table de
cuisine tout ce qu’il faut pour nettoyer le petit quand il va arriver, lui dit
sa voisine en se tournant vers lui. On n’a pas besoin de toi dans la chambre. Ferme
la porte en sortant.
    Le
jeune père de famille quitta la pièce avec un certain soulagement et s’empressa
de déposer une pleine bouilloire d’eau sur le poêle, qu’il alimenta. Ensuite, il
se mit à faire les cent pas dans la cuisine pendant qu’il entendait les chuchotements
en provenance de sa chambre. Plus

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