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Les années folles

Les années folles

Titel: Les années folles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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tenir dans ses bras son quatrième enfant.
    Pendant que le
père s’approchait de sa femme et du petit, Thérèse Tremblay et Maria Pierri
quittèrent la pièce et allèrent se laver les mains dans la cuisine.
    Moins de quinze
minutes plus tard, Georges déposa le bébé dans son berceau installé au pied du
lit et éteignit la lampe pour laisser sa femme se reposer enfin. Après avoir
refermé la porte de la chambre derrière lui, il offrit une tasse de thé aux
deux femmes. Ces dernières finissaient de boire leur thé quand le bruit d’un
attelage se fit entendre à l’extérieur. Au même moment, l’horloge sonna six
coups. Georges alla ouvrir et découvrit Eugène Tremblay debout sur le seuil.
    – Est-ce que
ton petit est arrivé ? demanda-t-il au jeune homme en pénétrant dans la
cuisine.
    – Il vient
juste d’arriver, lui répondit Thérèse en se levant de la chaise berçante où
elle s’était assise.
    – Ça s’est
ben passé ?
    – Une chance
qu’on a eu madame Pierri, reconnut Thérèse.
    – Nous étions
deux, fit modestement l’épouse de Bruno.
    – Parfait, dit
Eugène. J’ai pensé venir te chercher avant d’aller faire le train, ajouta-t-il
à l’intention de sa femme. La neige vient de s’arrêter et il vente presque plus.
    – Tant mieux,
ne put s’empêcher de dire Maria.
    – Si
tout est fini, je peux aussi vous ramener ch ez vous , lui proposa Eugène.
    – Merci, dit
l’Italienne, se dirigeant déjà vers son manteau déposé sur une chaise.
    – Ta nuit va
être courte, mon pauvre Georges, poursuivit Eugène. T’as ton train à faire et
tes enfants sont à la veille de se réveiller.
    – J’en ai ben
peur, monsieur Tremblay, reconnut Georges. Mais la belle-mère va finir par
arriver durant l’avant-midi et elle va me donner un coup de main. Je vais
attendre qu’elle soit là pour aller enregistrer le petit au presbytère. Monsieur
le curé aime pas qu’on attende trop pour faire baptiser.
    – C’est
normal, dit Thérèse. Il a toujours peur qu’un petit aille dans les limbes s’il
lui arrivait quelque chose avant d’être baptisé.
    – Si
c’est comme ça, intervint Maria Pierri en déposant son manteau sur la chaise où
il était un instant auparavant, je vais rester pour m’occuper des bambini. Mon
Bruno est capable de se débrouiller tout seul pour le déjeuner.
    Les
Tremblay quittèrent la maison des Hamel et rentrèrent chez eux. Il faisait
encore nuit et la tempête avait laissé derrière elle des accumulations de neige
impres-sionnantes. À leur arrivée dans la maison, les parents
découvrirent Claire déjà en train de préparer le déjeuner familial dans une
cuisine toute chaude. La jeune femme abandonna ses plats pour aller au-devant
de sa mère.
    – Puis, m’man,
qu’est-ce que Rita a eu ?
    – Un beau
garçon.
    – Ça s’est
bien passé ?
    – Ça a été
pas mal difficile. Une chance que j’ai eu de l’aide de madame Pierri. Elle est
bien fine, cette femme-là. Même si Georges est allé la réveiller au milieu de
la nuit, elle est restée chez les Hamel pour prendre soin des enfants pendant
qu e Georges va faire son train et dormir une
heure ou deux.
    – J’aurais pu
aller m’occuper des petits.
    – J’allais te
proposer, mais elle a été plus vite que moi.
    – Les garçons
sont déjà à l’étable, p’ pa, dit
la jeune fille en se tournant vers son père. J’ai envoyé Jeannine nourrir les
poules et Lionel s’occupe des cochons.
    – Bon. Dans
ce cas-là, je vais aller donner un coup de main à faire le train, conclut son
père avant de sortir.
    Thérèse
enleva ses bottes et son manteau. Soudain, la fatigue
ralentissait ses mouvements et elle avait du mal à garder les yeux ouverts.
    – Approchez, m’man.
Venez manger un morceau avant d’aller vous coucher, l’invita son aînée. Après
ça, vous allez dormir mieux.
    Thérèse
Tremblay fit un effort pour venir s’attabler. Sa fille lui prépara des œufs et
du pain grillé.
    À l’extérieur, Eugène
fit avancer son cheval jusque devant la remise et il l’attacha à l’anneau
scellé dans le mur avant de se diriger difficilement vers l’étable, de la neige
à mi-jambes. Deux fanaux étaient allumés et suspendus à des piliers du vieux bât iment.
    – Bon. On va
essayer de se sortir de toute cette neige qui nous est tombée dessus depuis
hier, déclara-t-il à ses fils en frappant bruyamment les pieds contre le sol
pour en faire tomber

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