Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les années folles

Les années folles

Titel: Les années folles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
Vom Netzwerk:
plus
tard, Antoine Lussier invita son marguillier à entrer dans son bureau.
    – Vous voilà
rendu avec une bien jeune servante, monsieur le curé, fît remarquer Honoré Beaudoin sur un ton
guilleret en s’assoyant. En plus, elle est pas laide pantoute.
    Le curé Lussier n’apprécia pas ce genre de remarque non dénuée de
sous-entendus et il jeta un regard sévère à l’homme assis devant lui.
    –  Énerve-toi
pas avec ça, Honoré, et surtout, va pas te faire des idées. Gabrielle Paré est
là pour donner un coup de main à madame Cournoyer. Elle reste chez elle et c’est
elle qui s’en occupe. Bon. On a assez perdu de temps. Est-ce que tout est prêt
pour la guignolée ?
    – Je crois
pas avoir rien oublié.
    – As-tu assez
de monde pour ramasser et aussi pour faire les paniers de Noël ?
    – On a déjà
pas mal d’affaires qui ont été apportées toute la semaine à l’école du village,
monsieur le curé. Demain, j’ai des hommes qui vont faire la tournée de la
paroisse en passant dans tous les rangs pour ramasser de la nourriture et du
linge. J’ai prévu deux hommes avec un traîneau par rang. Comme l’année passée, on
va faire les paniers à l’école du village. Thérèse Tremblay m’a dit qu’il y
aurait des Dames de Sainte-Anne qui se feraient aider par des jeunes de la
paroisse. Aussitôt que les paniers vont être prêts, je vais faire la
distribution avec le maire.
    – Pourquoi
avec le maire ? demanda Antoine Lussier.
    – Parce qu’il
s’est proposé et que c’était un peu malaisé de refuser son aide, monsieur le
curé.
    – Je veux
bien le croire, mais je voudrais pas que la guignolée devienne une affaire
politique dans la paroisse. Il manquerait plus que ça.
    – Je
pense pas que Wilfrid Giguère fasse ça pour bien se faire voir et…
    – C’est
correct, l’interrompit le prêtre avec agacement. Parlant d’aide, demande donc à
Germain Fournier de venir donner un coup de main.
    – C’est que
mes équipes de ramassage sont déjà organisées, monsieur le curé, protesta le
premier marguillier de Saint-Jacques-de-la-Rive.
    – Je veux pas
que tu l’envoies faire du porte-à-porte, fit Antoine Lussier. J’aimerais juste
qu’il aide à faire les paniers.
    – Si vous
voulez, mais il me semble que Thérèse Tremblay m’a dit qu’elle avait déjà pas
mal de monde pour l’aider.
    – Ça en fera
un de plus, se contenta de rétorquer le curé sans offrir plus d’explications.
    Le
prêtre avait subitement pensé que ce serait une bonne idée d’obliger le jeune
homme à sortir de chez lui, le temps d’un avant-midi, pour rencontrer des
jeunes filles de la paroisse venues aider à la préparation des paniers de Noël.
Il n’avait pas été sans remarquer sa timidité et il se souvenait encore de sa
maison négligée.
    – Qu’est-ce
qu’on fait pour la liste de ceux qui ont demandé de l’aide, monsieur le curé ?
    – J’y ai jeté
un coup d’œil et…
    – J’ai vu le
nom d’Elphège Turcotte et de sa sœur.
    – Oui, moi
aussi. Elphège s’est même déplacé pour venir demander un panier de Noël à l’abbé
Martel.
    – Est-ce qu’on
va leur en apporter un ? demanda Honoré Beaudoin. Il me semble que tous
les deux sont en bonne santé et ils ont pas d’enfants à nourrir, comme les
Tougas, par exemple. C’est connu dans la paroisse qu’ils sont paresseux comme
des ânes. Si ça se trouve, Rose-Aimée fait pas la cuisine dans le temps des
fêtes parce qu’elle compte sur les autres pour les nourrir, elle et son frère. Elle
aime mieux lire que faire à manger.
    Antoine
Lussier réfléchit un instant avant de répondre.
    – Non. Aide-toi
et le ciel t’aidera, laissa tomber sèchement l’ecclésiastique. On encouragera
pas la paresse. C’est un vice. Pour la liste, j’ai vu que t’avais barré le nom
des Drolet. Pourquoi ? Parce qu’Edmond Drolet est devenu marguillier ?
    – C’est pas
moi, monsieur le curé, c’est Wilfrid Giguère, leur voisin.
    – De quoi il
se mêle, notre maire ? demanda le curé Lussier en haussant le ton.
    – Il dit qu’il
les connaît bien et il est sûr que ça va les insulter à mort si on leur laisse
un panier. Vous remarquerez qu’ils en ont pas demandé non plus. L’idée vient de
Thérèse Tremblay qui pensait faire un bon coup. D’après Wilfrid, ils sont trop
fiers pour accepter la charité publique.
    – Bon. C’est
correct, accepta le curé. Pour le reste de la

Weitere Kostenlose Bücher