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Les années folles

Les années folles

Titel: Les années folles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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d’entendre les paroles échangées
entre Céline et Clément Tremblay, était à la torture. Il se traitait de tous
les noms de ne pas avoir osé s’approcher plus rapidement de la jeune fille. Maintenant,
l’autre l’avait devancé et il se sentait défavorisé. La lutte pour conquérir le
cœur de la fille d’Ernest Veilleux était par trop inégale. Le Clément était
plus jeune et plus grand que lui. Avec ses cheveux bouclés et sa figure
agréable, il n’avait aucun mal à retenir l’attention des filles. En plus, il
savait leur parler et il n’était pas timide. La vie était vraiment trop injuste !
Pendant un long moment, il balança entre quitter immédiatement la place pour
rentrer chez lui ou terminer le travail. Finalement, il choisit de finir ce qu’il
avait commencé, craignant que son départ précipité soit mal interprété.
    Quelques instants
plus tard, Gabrielle Paré vint travailler près de Céline. Les deux jeunes
filles avaient à peu près la même taille, mais le chignon sage de la servante
du curé lui conférait un air plus austère. Si Céline avait un visage rond et
mutin parsemé de quelques tache s de
rousseur, celui de Gabrielle était différent, mais non moins joli, avec ses
pommettes hautes et ses yeux bleus.
    – On dirait
que tu manques pas d’amoureux, chuchota-t-elle à Céline en s’efforçant d’afficher
un air envieux.
    – Pourquoi tu
me dis ça ? demanda Céline, qui ne lui avait adressé que quelques mots
depuis son arrivée.
    – Il y a le
beau garçon qui vient de partir, puis l’autre…
    – Quel autre ?
fit Céline, surprise.
    – Celui qui a
les cheveux longs et les épaules larges. Celui qui a une chemise verte.
    – Germain
Fournier ? Mais c’est pas mon amoureux, protesta vivement la jeune fille.
    – On le
dirait pas à voir de quelle façon il te mange des yeux depuis qu’il est arrivé,
reprit Gabrielle Paré.
    – Il manquerait
plus que ça. Germain, c’est un voisin dans notre rang. Il a au moins dix ans de
plus que moi. Je me rappelle même pas s’il m’a déjà parlé une seule fois.
    – Peut-être
parce qu’il est gêné, suggéra la jeune servante avec un demi-sourire.
    – Je le sais
pas, admit Céline Veilleux. En plus, on peut pas dire qu’il est bien beau avec
tous ces trous qu’il a dans le visage. Il a même pas une belle façon.
     
    La jeune femme
releva brusquement la tête et jeta un regard en direction de Germain qui, à ce
moment-là, la regardait à la dérobée. Il détourna vivement la tête quand il
rencontra son regard.
    – Ce pauvre
Germain, poursuivit Céline un ton plus bas. Depuis que sa mère est morte l’été
passé, il vit tout seul sur sa terre. Pour moi, il est en train de se faire des
accroires.
    Durant
près d’une heure, tous les bénévoles travaillèrent sans relâche. À deux
reprises, on leur apporta une quantité appréciable de vêtements et de
nourriture.
    – Je pense
bien qu’il nous reste juste la sleigh de mon garçon à arriver, déclara finalement
Thérèse Tremblay aux personnes qui l’aidaient. Après, on va avoir fini. Il
restera à Honoré Beaudoin à aller faire la distribution avec mon beau-frère.
    Au moment où elle finissait de parler, Germain, le visage fermé, déposa
devant elle une boîte de pots de marinades.
    –  Pendant que j’y pense, Germain, dit Thérèse, j’ai entendu
dire que t’as tué un gros chevreuil durant la tempête.
    – Après la
tempête, madame Tremblay, précisa son jeune voisin sur un ton peu aimable.
    – Vas-tu
manger cette viande-là ? Il paraît que ça goûte le sapinage sans bon sens.
    – Pourquoi
pas ? fit l’autre en cachant mal sa mauvaise humeur. Bruno Pierri mange
ben des lapins, lui.
    – Oui, mais
lui, c’est pas pareil. C’est un Italien.
    – En tout cas,
je vais essayer, conclut Germain, en s’éloignant déjà vers le fond de la pièce.
    Le
célibataire venait à peine de finir de parler qu’il retrouva à ses côtés la nouvelle
servante du curé Lussier.
    – Bonjour, monsieur
Fournier. On se connaît pas, mais je suis la nouvelle cuisinière au presbytère.
    Le
jeune homme figea devant l’inconnue qui lui adressait la parole et ne sut pas
quoi lui dire.
    Je vous ai entendu
parler de chevreuil. En avez-vous déjà mangé ?
    – Oui, une
fois, répondit difficilement Germain.
    – Est-ce que
c’était bon ?
    – Ça fait
tellement longtemps que je me rappelle plus.
    – Moi, j’en
ai fait

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