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Les années folles

Les années folles

Titel: Les années folles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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d’excellente humeur après avoir accompagné jusqu’à la porte l’abbé Dorais,
responsable de la tenue des registres paroissiaux dans le diocèse de Nicolet. Ce
vieil ami de monseigneur Côté n’avait rien trouvé à redire à la tenue des
registres paroissiaux, allant même jusqu’à féliciter l’abbé Martel pour sa
belle écriture. Le dîner avait été particulièrement agréable et le pasteur
avait régalé son hôte de diverses péripéties survenues à des paroissiens lors
de la fameuse tempête de la semaine précédente.
    – Ça nous a
tout de même pris deux ou trois jours pour nous dépêtrer de toute cette neige, avait
conclu Antoine Lussier.
    – Cette
tempête-là m’a retardé d’une semaine dans ma tournée des paroisses, avait
répliqué à son tour l’abbé Dorais. Normalement, aujourd’hui, je devrais être à
la cathédrale, en train de voir à ce que la crèche de Noël soit bien installée.
Monseigneur va comprendre que je peux pas être à deux places à la fois, ajouta
le prêtre avec un fin sourire.
    Avant
de quitter, le visiteur avait tenu à féliciter la cuisinière pour l’excellent
repas qu’elle leur avait servi. Il avait paru surpris d’en découvrir deux au
lieu d’une seule dans la cuisine.
    – Gabrielle
cuisine aussi bien que moi, avait affirmé Agathe Cournoyer en remerciant l’abbé
Dorais.
    – Vous êtes
gâté, monsieur le curé, avait fait remarquer l’abbé avec une pointe d’envie. Vous
avez deux cuisinières pour vous mijoter de bons petits plats. Il faudrait pas
que je parle d e ça à monseigneur, il
viendrait vous en voler une, c’est
certain.
    Le
curé Lussier, flatté, avait accueilli le compliment avec un rire bon enfant.
    De fait, l’orpheline
avait eu tôt fait de conquérir aussi bien sa vieille logeuse que le curé et son
vicaire. En moins d’une semaine, elle avait prouvé à tous qu’elle était d’une
efficacité assez exceptionnelle. Elle était douée d’un talent de cuisinière indéniable
et elle ne craignait pas le dur travail de ménagère. De plus, elle faisait
preuve d’un caractère égal assez agréable.
    Il avait suffi de peu de temps pour qu’Agathe Cournoyer reconnaisse ses
mérites et la défende devant Hélèna Pouliot, toujours prompte à juger et à
médire. Gabrielle Paré n’était arrivée au presbytère que depuis deux jours
quand l’épicière, debout derrière son comptoir, avait demandé à la vieille
cuisinière du curé venue acheter de la mélasse :
    –  Est-ce que
c’est vrai, madame Cournoyer, que vous avez de l’aide, à cette heure, au
presbytère ?
    – Oui, s’était
contentée de répondre la vieille dame.
    – J’ai
entendu dire que c’était une fille qui vient d’un orphelinat.
    – C’est en
plein ça, avait fait la ménagère sur un ton peu amène, sans donner plus d’explications.
    – J’espère
que vous surveillez l’argenterie du presbytère, avait repris Hélèna en pinçant
les lèvres. Vous savez, du monde dont on connaît ni le père ni la mère, il y a
pas moyen de savoir si c’est honnête ou pas.
    – Inquiétez-vous
pas pour ça, avait répliqué la servante d’une voix cinglante. Cette fille est
aussi honnête que vous et moi.
    – C’est une
bonne nouvelle, avait reconnu l’épicière en esquissant une moue qui donnait l’impression
de ne pas y croire. Mais vous, madame Cournoyer, je vous admire d’accueillir
comme ça, ch ez
vous , une fille sortie d’un
orphelinat. Moi, j’en dormirais pas. Si c’était une fille malfaisante, elle
pourrait bien mettre le feu chez, vous pendant que vous dormez. Vous savez, avec
du monde de même…
    – Voyons, madame
Pouliot, dites donc pas n’importe quoi ! s’était emportée Agathe Cournoyer.
C’est une orpheline, pas une meurtrière.
    Sur ce, la servante, mise de mauvaise humeur par
cette conversation, avait déposé les cinq cents que coûtait la mélasse et elle
était sortie de l’épicerie sans même se retourner.
    L’abbé Dorais n’avait
pas quitté le presbytère depuis une heure qu’Honoré Beaudoin, le président de
la fabrique, s’y présentait pour rencontrer le curé Lussier. Il s’agissait de
mettre la dernière main à la préparation de la guignolée prévue pour le
lendemain. Le petit homme d’une quarantaine d’années à demi chauve fut reçu par
une Gabrielle Paré souriante qui le fît passer
dans la salle d’attente, le temps de prévenir le prêtre.
    Cinq minutes

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