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Les autels de la peur

Les autels de la peur

Titel: Les autels de la peur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Margerit
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l’incapable Luckner à l’armée de Metz. Seul Robespierre, malgré les lettres de Couthon qu’il estimait fort, ne regardait pas d’un bon œil la nomination de Dumouriez. Il se souvenait de l’avoir, dès son apparition aux Jacobins, jugé comme un ambitieux habile et sans scrupules. « Bah ! Il sera temps de se précautionner contre lui quand il aura remporté des victoires », dit Claude.
    Un peu rassuré par la tournure des choses, il résolut avec Lise de partir pour Limoges le 28. Gabrielle les accompagnerait, car elle n’avait pas revu ses parents depuis le mariage de son frère. Elle emmènerait Claudine. Le voyage fut organisé de la sorte, en famille, à frais partagés, ce qui permettrait d’aller en poste et de gagner ainsi deux jours.
    Malheureusement, le 24, en fait de victoire on apprit que les Prussiens occupaient Longwy. Tout d’abord, la nouvelle ne trouva point créance, elle semblait invraisemblable, mais, le soir, elle fut confirmée. Sur-le-champ, l’Assemblée législative décréta la peine de mort pour tout individu qui, dans une place assiégée, parlerait de se rendre. La forte citadelle de Longwy n’avait même pas résisté. Depuis quatre jours déjà, elle s’était ouverte à l’ennemi après un bombardement de quelques heures. Brunswick devait en ce moment marcher sur Verdun. Claude travaillait au Comité de surveillance, quai des Orfèvres, lorsque la confirmation de ce malheur y parvint. Étourdis sous le coup, les membres du comité se levèrent bientôt en tumulte pour aller à l’Hôtel de ville. Les patriotes s’y portaient de toutes parts. La salle du Conseil général était comble, les tribunes bondées de citoyens et de citoyennes. Les quinquets ajoutaient à la chaleur. Des papillons de nuit entraient par les fenêtres grandes ouvertes. Dubon présidait. Le Conseil général venait d’envoyer Huguenin à l’Assemblée nationale avec une motion demandant que Paris et les départements voisins fournissent, dans les huit jours, trente mille hommes armés et équipés, pour défendre les abords de la capitale. Il avait pris des mesures pour activer la formation du camp dans la plaine Saint-Denis et l’installation des batteries de gros calibre que les sapeurs établissaient sur les hauteurs de Montmartre. Enfin, il appelait toutes les citoyennes à se réunir dans les églises pour aider à la fabrication des tentes, des objets de campement et d’équipement. Robespierre, Panis, Chaumette proposaient de recenser dans les sections tous les indigents, de les armer et de les payer. Dubon, qui avait vu la populace à l’œuvre, ici même, en juillet 89, noya la proposition. On n’allait tout de même pas tomber dans les extravagances.
    « Ce n’est pas quelques hommes de plus qu’il s’agit de mettre sur pied, s’écria Claude, c’est la nation entière qu’il faut faire entrer dans la lutte. La déclaration de la patrie en danger n’a produit qu’un résultat dérisoire. Où sont ces armées qui devaient sortir du sol au coup de talon des Brissotins ? Où sont ces milliers de citoyens prêts à tout oublier pour le bien général, que nous promettait l’Assemblée législative ? Jusqu’au 10, ce pays a continué de vivre comme s’il n’était ni en guerre avec une formidable coalition de tyrans, ni même en révolution pour le triomphe de la justice et de la liberté. Encore à l’heure présente, des millions d’égoïstes ne songent qu’à se tenir à l’écart de la Révolution en espérant le retour de leurs honteux privilèges, et d’autres qu’à spéculer sur le trouble des temps, sur les subsistances, sur les fournitures militaires, pour édifier de scandaleuses fortunes. Eh bien, le moment est venu où quiconque ne sert pas activement la nation doit en être déclaré ennemi. »
    Danton, arrivé avec Fabre et Desmoulins, mêla ses applaudissements aux leurs, à ceux de Robespierre, de Marat, de tous les sans-culottes. Puis il fit entendre sa voix grondante. « Dans l’extrême danger où se trouve la nation, lança-t-il, elle ne peut se sauver que par des moyens extrêmes. N’hésitons pas à les choisir. Il est urgent, comme vient de le dire Mounier-Dupré, de désigner les mauvais citoyens pour les mettre hors d’état de nuire aux bons. Pour cela, il faut pratiquer d’une manière systématique les visites domiciliaires, afin de désarmer et d’arrêter tous les suspects. Sur ce point, Mounier a encore raison : on

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