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Les autels de la peur

Les autels de la peur

Titel: Les autels de la peur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Margerit
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liberté sans ménager aucun parti devait être en butte à la haine et aux persécutions de tous les ambitieux, de tous les intrigants. Quand ils veulent commencer un système d’oppression, leur première pensée doit être d’écarter cet homme. Sans doute d’autres citoyens ont-ils défendu mieux que moi les droits du peuple. Je suis en tout cas celui qui a pu s’honorer de plus d’ennemis et de plus de persécutions.
    — Assez ! Ça suffit ! lui criait-on. Dis-nous simplement si tu as aspiré à la dictature ou au triumvirat ! » Mais il ne se démontait plus. Peu à peu, il s’était affermi à la tribune. Il ripostait maintenant avec énergie. Il protesta contre l’étroitesse des limites auxquelles on voulait réduire sa défense. Et, comme on lui criait encore d’abréger : « Je n’abrégerai pas, répliqua-t-il sèchement. Je vous rappelle à votre dignité. J’invoque la justice de la Convention contre certains membres qui sont mes ennemis.
    — Il y a ici unité de patriotisme, répondit Cambon. Ce n’est point par haine que l’on interrompt.
    — Silence ! lança Ducos. Dans l’intérêt même des accusateurs, je demande que l’accusé soit entendu avec attention. »
    Reprenant invariablement son chemin, avec cette inflexibilité dont se faisait finalement sa force, Robespierre, au milieu des rires, des sarcasmes, continua longuement de se justifier. Des députés allaient et venaient dans la piste, conversant et affectant de ne plus écouter l’orateur. Cela ne le troublait pas. Enfin, il arriva au vif du sujet. « On m’a longtemps accusé d’avoir eu des conférences avec la Reine, avec la Lamballe. On m’a rendu responsable des phrases irréfléchies d’un patriote exagéré (tiens donc ! Maximilien lui aussi se dissociait de Marat), demandant que la nation se confiât à des hommes dont elle avait pendant trois ans éprouvé l’incorruptibilité. Depuis l’ouverture de la Convention, on renouvelle ces calomnies. On veut perdre dans l’opinion publique les citoyens qui combattent toutes les factions. On nous soupçonne, par feinte, d’aspirer à la dictature, et nous, nous soupçonnons certains de vouloir faire de la France un amas de républiques fédératives qui seraient sans cesse la proie des fureurs civiles ou celle de nos ennemis extérieurs. Notre crainte est fondée. Quant à ces absurdes calomnies contre moi, qui oserait les soutenir ?
    — Moi ! » claironna le trop beau Barbaroux en se dressant avec impétuosité. Il fit quelques pas dans la piste, se planta devant la tribune, pointant vers Maximilien un index vengeur. « Barbaroux de Marseille se présente pour signer et justifier la dénonciation faite par Rebecqui contre Robespierre. Il y a deux mois, les Marseillais venaient d’arriver à Paris pour renverser le trône. Tous les partis nous recherchaient comme les arbitres de la puissance. On nous conduisit chez Robespierre, on nous le désigna comme le citoyen le plus vertueux, seul digne de gouverner la république. Nous répondîmes que les Marseillais ne baisseraient jamais le front devait un dictateur. Voilà ce que je défie Robespierre de démentir. Et l’on ose nous dire que le projet de dictature n’existe pas ! Et une commune désorganisatrice ose lancer des mandats contre un ministre, contre Roland qui appartient à la nation tout entière ! Et cette commune se coalise par correspondance et par commissaires avec d’autres communes de la république, pour les inciter à égorger. Et dans le même temps on ne veut pas que les citoyens des départements se réunissent pour protéger l’indépendance de la représentation nationale ! Eh bien, ils se réuniront malgré tout. Ils vous feront un rempart de leurs corps. Ce sera la seconde fois que Marseille enverra ses enfants contre la tyrannie. »
    L’assemblée, qui penchait tantôt à droite tantôt à gauche selon les fluctuations de la Plaine, applaudit. Cambon se leva au centre pour soutenir le jeune Girondin. Il souligna les usurpations de pouvoir que la Commune de Paris, s’était permis. « On veut nous imposer le régime municipal de Rome ! s’écria-t-il. Je le dis, les représentants du Midi veulent l’unité républicaine. » Au mot de Cambon, Claude s’était élancé.
    « Citoyen, répliqua-t-il, je voudrais savoir ce qu’on a fait, à Montpellier, quand les hordes étrangères ont déferlé sur les Ardennes. Quand elles coulaient comme un torrent vers la

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