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Les autels de la peur

Les autels de la peur

Titel: Les autels de la peur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Margerit
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avec lesquels il se fût allié beaucoup plus volontiers qu’avec le parti de Robespierre. Les girondistes l’avaient contraint à désirer l’abolition des Douze. Il lui déplaisait d’aller au-delà. Il aurait voulu résister à l’ostracisme du peuple, mais il sentait, lui aussi, que seul un grand élan de la masse populaire, dans la situation presque désespérée où l’on se trouvait, sauverait la nation. Et il savait trop que cela n’était pas possible avec les Girondins. Il cherchait un moyen de les éloigner sans les proscrire.
    Après une très brève séance de la Convention qui adopta la déclaration composée par Barère pour expliquer aux départements l’événement du 31, le Comité revint au pavillon de Flore. On consulta les commissaires envoyés par la Commune, après sa pétition de la veille, pour délibérer avec le Comité. On leur avait attribué une salle, au-dessus, dans les anciens appartements du roi. L’un des municipaux était Xavier Audoin, qui avait épousé une des filles de Pache. Ils demeurèrent catégoriques : le peuple voulait la destitution des Brissotins. Il fallait le satisfaire, après quoi il rentrerait dans la légalité. « Si vous ne vous défaites pas vous-mêmes de ces fauteurs de guerre civile, dit Audoin, on ira les chercher au sein de la Convention. Voyez combien serait fâcheux un pareil recours ! »
    Ce langage irritait les modérés. On avait mandé les ministres Garat et le successeur de Beurnonville : le colonel Bouchotte, militaire de carrière. Cambon lui dit d’un ton rude : « Ministre de la Guerre, nous ne sommes pas aveugles. Je vois très bien que des employés de vos bureaux sont parmi les chefs et les meneurs de tout ceci ! » Du coup, Barère s’écria :
    « Il faudra savoir si c’est la Commune de Paris qui représente la République française, ou si c’est la Convention !
    — Allons, répondit Claude, quelle mesure comptes-tu lui proposer, à la Convention, pour la purger légalement d’hommes qui sont en train de la perdre, elle, Paris et l’empire ? Vous savez fort bien, tous, que lorsque nous présenterons notre rapport, nous ne pourrons pas conclure autrement qu’à la malfaisance des Douze et des Vingt-deux. Assurément non, ils ne sont en rien complices de Dumouriez ou des royalistes. C’est une vision, ça ! Leur patriotisme égale le nôtre, mais leur caractère les condamne à faire malgré eux le jeu des traîtres et de tous les ennemis de la république. Lhuillier l’a fort exactement dit, hier. La Convention ne peut les souffrir plus longtemps dans son sein, sans crime contre la patrie. Telle devra être la conclusion de notre rapport. Est-il besoin d’examiner des pièces pour la formuler ? La Commune n’a-t-elle pas raison de ne point vouloir attendre encore deux jours pour voir affirmée une vérité depuis longtemps évidente ?
    — Oui, oui, sans doute, reconnut Danton, seulement la chose tire à conséquence. »
    Treilhard observa qu’en obéissant à la Commune, à l’Évêché, on encourageait toutes les factions. « De toutes les dictatures dont parlent les uns et les autres, la pire serait celle des séditions.
    — Eh ! se récria Claude, à qui la faute ? Ce n’est certes pas aux gens du Marais à protester aujourd’hui. Si vous n’aviez pas attendu, pour vous séparer des Brissotins, que leur folie éclate à tous les yeux, l’Assemblée n’en serait point à s’incliner devant une insurrection. Plus vous tarderez, plus vous serez contraints. Je propose, je demande que le Comité présente son rapport sur-le-champ. Les Vingt-deux doivent être, aujourd’hui même – jusqu’à ce que le fédéralisme soit réprimé, la Vendée réduite, l’ennemi repoussé des frontières, la Constitution républicaine établie – les Vingt-deux doivent être exclus du Palais national et assignés à résidence dans Paris, car il ne faut point, surtout, qu’ils s’en aillent dans les départements. Ils finiraient d’y allumer la guerre civile.
    — Écoutez ! s’exclama le doux Garat. Mounier-Dupré parle de patriotisme égal, cela me donne une idée. Rappelez-vous les querelles de Thémistocle et d’Aristide qui faillirent amener l’anéantissement de leur patrie. Vous vous souvenez des paroles du généreux Aristide à ses concitoyens : Athéniens, vous ne serez pas tranquilles tant que vous ne nous aurez pas précipités, Thémistocle et moi, dans le Barathre ! Eh bien,

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