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Les Aventures de Nigel

Les Aventures de Nigel

Titel: Les Aventures de Nigel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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leurs boucliers dans un bal masqué. D’ailleurs, mon père, une loyauté trop empressée n’est pas sans inconvénient. J’ai entendu dire, et c’est par le roi lui-même, que lorsque vous poignardâtes le traître Ruthven ce fut avec si peu de considération, que la pointe de votre poignard entra de trois lignes dans le postérieur royal. Le roi n’en parle jamais sans se frotter la partie injuriée, et sans citer : – Infandum… jubes renovare dolorem. Voilà le désagrément des anciennes modes, et de porter une longue dague de Liddesdale, au lieu d’un poignard de Parme. Vous appelez pourtant cela avoir rendu un service avec promptitude et courage. Soit, mais le roi, à ce qu’on m’a dit, ne put s’asseoir de quinze jours ; et l’on avait pourtant mis en réquisition, pour rembourrer son fauteuil de parade, tous les coussins du vieux château de Falkland, et ceux du prévôt de Dunfermline par-dessus le marché.
    – C’est un mensonge ! s’écria le vieux comte ; un infâme mensonge ! n’importe qui l’ait forgé. Il est vrai que je portais à mon côté une dague dont on pouvait se servir, et non un poinçon comme la vôtre qui n’est bonne qu’à se curer les dents. Diable ! peut-on mettre trop de précipitation quand un roi crie au meurtre et à la trahison, comme une poule à qui on tord le cou ? Mais vous autres jeunes courtisans, vous n’y entendez rien, et vous ne valez pas mieux que ces oisons verts qu’on apporte des Indes, et qui n’ont d’autre mérite que de savoir répéter quelques mots de leur maître. – Un troupeau de langues dorées, de flatteurs, de bavards. – Quant à moi, je suis vieux ; et il est trop tard pour changer de manière de vivre, sans quoi je planterais la cour là, et j’irais encore une fois entendre les eaux du Tay se précipiter du haut de la chaîne de rochers de Campsie-Linn.
    – Mais la cloche sonne le dîner, mon père, dit lord Dalgarno ; et si la venaison que je vous ai envoyée est bien à point, ce son-là est tout au moins aussi agréable.
    – Suivez-moi donc, jeunes gens, s’il vous plaît, répondit le comte ; et il sortit d’un berceau de verdure sous lequel l’entretien avait eu lieu, pour se diriger vers l’hôtel avec son fils et lord Glenvarloch.
    Dans leurs conversations particulières, lord Dalgarno n’avait pas beaucoup de peine à détourner Nigel du projet d’aller directement à la cour ; mais, d’une autre part, les offres qu’il lui faisait de le conduire chez le duc de Buckingham étaient toujours accueillies par un refus positif et méprisant. Alors Dalgarno se bornait à lever les épaules en homme qui veut se faire un mérite d’avoir donné un bon conseil à un ami opiniâtre, et qui ne veut pas qu’on ait à lui reprocher les conséquences de son opiniâtreté.
    Quant au père, sa table et son meilleur vin, dont il faisait plus de profusion qu’il n’était nécessaire, étaient au service de son jeune ami, ainsi que ses avis et tout son crédit pour la suite de ses affaires. Mais le crédit dont jouissait le comte d’Huntinglen avait plus d’apparence que de réalité ; la faveur qu’il avait acquise en défendant courageusement la personne du roi avait été si maladroitement employée par lui-même, et se trouvait si facilement éludée par les ministres et les favoris du souverain, qu’à l’exception d’une ou deux occasions où ce prince avait été pris, on pourrait dire par surprise, comme dans l’affaire de lord Glenvarloch, il n’avait jamais efficacement profité des bontés du roi, ni pour lui ni pour ses amis.
    – Jamais, dit un jour à Nigel lord Dalgarno, qui, connaissant plus à fond la cour d’Angleterre, voyait ce qui manquait à son père pour y réussir ; jamais il n’a existé un homme qui ait eu plus complètement en son pouvoir les moyens d’élever sa fortune que mon pauvre père. Il avait acquis le droit de construire, marche par marche, avec lenteur et sûreté, l’édifice de son élévation, en faisant de la faveur qu’il aurait reçue chaque année un point d’appui pour parvenir encore plus haut la suivante. – Mais votre fortune ne fera pas naufrage sur la même côte, Nigel. Si j’ai moins de moyens d’influence que mon père n’en a, ou plutôt n’en avait, et dont il ne s’est servi que pour obtenir des tonneaux de vin des Canaries, des faucons, des chiens, et autres fadaises semblables, je suis plus en état que lui de faire valoir

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