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Les Aventures de Nigel

Les Aventures de Nigel

Titel: Les Aventures de Nigel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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offensait un peu sa dignité. Mais elle connaissait si bien son frère, et elle l’aimait si tendrement, qu’il n’avait qu’à exprimer une volonté pour qu’elle devînt aussi la sienne. Le digne citadin avait à peu près contracté l’habitude de ce ton impérieux que prend, presque sans y songer, l’homme doué du caractère le plus heureux quand il n’a qu’un mot àprononcer pour être obéi par tout ce dont il est entouré. Maître George ne souffrait pas qu’on l’interrogeât dans sa famille ; et quand il eut une fois annoncé que sa volonté était que lady Hermione vécût de la manière qui lui serait la plus agréable, et qu’on ne se permît aucune question ni sur son histoire ni sur les motifs qu’elle avait pour mener une vie si retirée, sa sœur comprit qu’il aurait été sérieusement mécontent si l’on eût fait quelque tentative pour découvrir ce secret.
    Mais quoique les domestiques fussent bien payés pour garder le silence, et que la tante Judith en fît autant par égard pour son frère, tous ces arrangemens n’étaient pas de nature à échapper aux observations critiques du voisinage. Les uns pensaient que le riche orfèvre allait se faire papiste , et rétablir le couvent de lady Foljambe ; les autres croyaient qu’il devenait fou, et il en était même qui prétendaient qu’il avait dessein d’épouser l’étrangère, ou de faire encore pis. La présence régulière de maître George à l’église, et la circonstance que la prétendue catholique assistait toujours aux prières qui se faisaient dans la famille suivant le rituel de l’Église anglicane, le justifiaient assez du premier de ces soupçons. Ceux qui avaient à traiter avec lui d’affaires commerciales ne pouvaient douter qu’il n’eût la tête parfaitement saine pour réfuter les autres bruits, il suffisait de savoir, et ceux qui prenaient les renseignemens les plus exacts ne pouvaient en douter, que maître George Hériot ne voyait jamais l’étrangère qu’en présence de mademoiselle Pauline, qui était toujours à travailler dans un coin de la chambre où ils s’entretenaient. Il fut reconnu en outre que ces visites duraient rarement une heure, et qu’elles n’avaient lieu qu’une fois par semaine tout au plus. Leurs relations étaient donc trop peu fréquentes et avaient trop peu de durée pour que l’amour fût le nœud qui les rassemblait.
    Les curieux se trouvèrent donc en défaut, et furent forcés de renoncer à découvrir le secret de maître Hériot. Mais mille contes ridicules circulèrent parmi les gens ignorans et superstitieux, et notre ami Richie Moniplies en avait entendu quelques échantillons sortir de la bouche du malicieux apprenti de David Ramsay.
    Il existait pourtant une personne qui à ce qu’on croyait aurait pu donner sur lady Hermione plus de renseignemens que qui que ce fût dans Londres à l’exception de George Hériot, et c’était la fille unique dudit David Ramsay.
    Marguerite n’avait guère plus de quinze ans quand lady Hermione était arrivée en Angleterre. Elle allait souvent chez son parrain qui s’amusait beaucoup de ses saillies enfantines, et qui aimait à l’entendre chanter avec une grâce naturelle les airs de son pays. C’était une véritable enfant gâtée, tant par l’indulgence de son parrain que par les distractions et l’insouciance de son père, et la déférence qu’assuraient à tous ses caprices sa beauté et la fortune dont elle devait jouir un jour. La réunion de toutes ces circonstances avait rendu la beauté de la Cité aussi capricieuse et aussi volontaire que le devient presque toujours quiconque est l’objet d’une indulgence excessive. Tantôt elle montrait cette affectation de réserve, de timidité et de froideur silencieuse que les jeunes filles prennent souvent pour une aimable modestie ; tantôt elle se livrait à ce babil inconsidéré que la jeunesse confond quelquefois avec l’esprit. Marguerite ne manquait pourtant pas de ce dernier don ; elle y joignait un jugement sain auquel il ne fallait que des moyens d’observation pour se développer ; elle avait de la vivacité, de l’enjouement, de l’aménité, et par-dessus tout un excellent cœur. La lecture des romans et des pièces de théâtre, à laquelle elle consacrait une assez grande partie de son temps, lui avait donné quelque penchant pour le romanesque ; et elle y avait puisé des idées bien différentes de celles qu’elle aurait

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