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Les Aventures de Nigel

Les Aventures de Nigel

Titel: Les Aventures de Nigel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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étrangers, et y fit disposer, comme dans tous les couvens catholiques, un tour par lequel on faisait passer aux recluses tout ce dont elles pouvaient avoir besoin. L’abbesse de Saint-Roch et ses deux religieuses passèrent plusieurs années dans cette retraite, sans avoir de communication avec personne, si ce n’est avec lady Foljambe, qui, grâce à leurs prières et à la protection qu’elle leur accordait, ne se croyait guère moins qu’une sainte sur la terre. L’abbesse, heureusement pour elle, mourut avant sa bienfaisante protectrice, qui ne fut appelée à rejoindre ses pères que bien des années après l’avènement d’Élisabeth au trône.
    Cette maison passa alors en la possession d’un chevalier fanatique, parent collatéral et éloigné de lady Foljambe ; et celui-ci crut, en chassant de chez lui des prêtresses de Baal, acquérir aux yeux des saints le même mérite que s’était attribué sa parente en accueillant celles qu’elle regardait comme des filles du ciel. Des deux infortunées religieuses expulsées du lieu qui leur avait servi de refuge, l’une passa en pays étranger, et l’autre, à qui sa vieillesse ne permettait pas d’entreprendre un tel voyage, mourut sous le toit d’une veuve catholique d’une bonne condition. Sir Paul Crambagge, s’étant débarrassé des religieuses, dépouilla la chapelle de tous ses ornemens, et conçut d’abord le projet de changer toute la distribution de cet appartement. Mais il fut retenu par la réflexion que cette opération serait une dépense inutile, puisqu’il n’occupait que trois pièces de cette spacieuse maison, et qu’il n’avait pas le moindre besoin d’un logement plus considérable. Son fils, qui fut un prodigue et un dissipateur, vendit cette habitation à notre ami George Heriot, lequel trouvant, comme sir Paul, le reste de la maison suffisant pour sa famille, laissa l’appartement Foljambe ou de Saint-Roch, comme on le nommait, dans l’état où il l’avait trouvé.
    Environ deux ans et demi avant l’époque à laquelle notre histoire commence, Heriot étant en voyage sur le continent, envoya des ordres spéciaux à sa sœur et à son caissier pour qu’on meublât proprement, mais avec simplicité, l’appartement Foljambe pour une dame qui devait venir l’occuper quelque temps, et qui vivrait plus ou moins avec sa famille, suivant son bon plaisir. Il ordonna aussi que les réparations nécessaires se fissent avec secret, et qu’on parlât le moins possible du sujet principal de sa lettre.
    Quand le moment de son retour approcha, la tante Judith fut dévorée d’impatience, et il en était de même de toute la maison. Maître George arriva enfin ; et comme il l’avait annoncé, il était accompagné d’une femme d’une beauté si parfaite, qu’elle aurait pu passer pour la plus belle des créatures qui fussent sur la terre, sans la pâleur extrême qui couvrait uniformément tous ses traits. Elle avait avec elle une femme de chambre ou une humble compagne, dont l’unique affaire semblait être de la servir. C’était une fille d’un caractère très réservé, âgée d’environ cinquante ans, et que son accent annonçait comme étrangère. Sa maîtresse lui donnait le nom de Monna Paula ; maître Hériot et les autres la nommaient mademoiselle Pauline. Elle couchait dans la même chambre que sa maîtresse, prenait ses repas dans le même appartement, et ne la quittait presque pas un instant de toute la journée.
    Ces deux étrangères se mirent en possession du cloître de l’abbesse, et sans observer une réclusion aussi rigoureuse, elles rendirent presque cet appartement à sa destination primitive. Elles vivaient et prenaient leurs repas à part du reste de la famille. Lady Hermione, car c’était ainsi qu’on nommait la dame étrangère, n’avait aucune communication avec les domestiques, et mademoiselle Pauline n’avait avec eux que les relations indispensables, et dont elle prenait toujours soin d’abréger la durée autant qu’il était possible. Des largesses aussi fréquentes que libérales réconciliaient les domestiques avec cette conduite, et ils se disaient souvent entre eux que rendre un service à mademoiselle Pauline c’était trouver un trésor caché par les fées.
    Lady Hermione témoignait toujours beaucoup de politesse à la tante Judith ; mais elle la voyait très rarement : conduite qui inspirait quelque curiosité à la sœur de l’orfèvre, en même temps qu’elle

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