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Les Aventures de Nigel

Les Aventures de Nigel

Titel: Les Aventures de Nigel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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et à la gaîté, et en partie aussi de la jalousie que conçoit toujours une suivante favorite contre quiconque lui paraît une sorte de rivale dans l’affection de sa maîtresse.
    – Que dites-vous à Monna, petite ? demanda Hermione.
    – Rien, madame, répondit Marguerite, si ce n’est que j’ai vu trois fois fleurir les fleurs véritables depuis que je vois Monna Paula travailler dans le jardin de sa tapisserie ; et ses violettes ne fleurissent pas encore.
    – C’est la vérité, ma petite ; mais les fleurs qui sont le plus long-temps à s’épanouir sont celles qui durent davantage. Vous les avez vues trois fois fleurir dans le jardin, mais aussi vous les avez vues se faner trois fois. Celles-ci ne redoutent ni la rigueur du froid ni l’ardeur du soleil.
    – Vous avez raison, madame ; mais elles n’ont ni vie ni odeur.
    – C’est comparer une vie agitée par l’espoir et la crainte, mêlée de succès et de revers, en proie à la fièvre de l’amour et de la haine, partagée entre les passions et la sensibilité, remplie d’amertume et abrégée par des alternatives de toute espèce, à une existence calme et tranquille, qui n’est animée que par le sentiment du devoir, et qui ne s’occupe pendant son cours doux et paisible qu’à s’en acquitter avec constance. Est-ce là la morale de votre réponse ma petite ?
    – Je n’en sais rien, madame ; mais j’aimerais mieux être l’alouette qui chante en s’élevant au haut des airs sur les ailes du vent d’été, que le coq perché sur cette verge de fer, qui ne remue que pour s’acquitter de son devoir, en indiquant de quel côté le vent souffle.
    – Des métaphores ne sont pas des argumens, ma belle enfant, dit Hermione en souriant.
    – J’en suis fâchée, madame, car c’est une manière assez commode de dire sa façon de penser quand elle diffère de celle des personnes à qui l’on doit du respect. D’ailleurs il s’en présente sans fin à l’esprit, et elles sont si agréables ! elles vont si bien au fait !
    – Vraiment ! Eh bien ! faites-m’en donc entendre quelques-unes ?
    – Par exemple, il serait bien hardi à moi de vous dire que, plutôt que de mener une vie calme et tranquille, j’aimerais assez une petite variété d’espoir et de crainte, de passions et de sensibilité, et… et de tout ce dont vous venez de parler. Mais je puis dire librement, et sans que personne me blâme, que je préfère un papillon à un escarbot ; un tremble, dont les feuilles sont toujours agitées, au triste pin d’Écosse, dont le feuillage est perpétuellement immobile ; et que de tous les ressorts, de toutes les chaînes, de tout le bois et le cuivre que les doigts de mon père assemblent artistement, il n’est rien que je déteste autant qu’une vieille grande horloge à la mode d’Allemagne, qui sonne sans jamais y manquer les heures, les demi-heures, les quarts et même les demi-quarts d’heure, comme s’il était bien important que tout le monde sache qu’elle est remontée et qu’elle va. Or comparez à cette lourde et vilaine machine la jolie pendule que maître Hériot vous a fait faire, qui joue cent jolis airs, et qui, lorsqu’elle sonne l’heure, fait sortir et sautiller en rond une troupe de joyeux danseurs.
    – Mais laquelle de ces deux pendules va le mieux, Marguerite ?
    – Je dois convenir que… la vieille pendule allemande a l’avantage à cet égard. Je crois que vous avez raison, madame, des comparaisons ne sont pas des argumens ; du moins les miennes ne m’ont pas réussi.
    – Vraiment, Marguerite, dit Hermione en souriant, il me paraît que vous avez fait bien des réflexions à ce sujet depuis peu.
    – Peut-être trop, madame, répondit Marguerite d’un ton assez bas pour n’être entendue que d’Hermione, derrière la chaise de laquelle elle venait de se placer. Elle prononça ces mots d’un ton grave, et ils furent accompagnés d’un demi-soupir qui n’échappa point à l’attention de celle à qui ils s’adressaient.
    Hermione tourna sur-le-champ la tête, regarda fixement Marguerite, et après un instant de silence ordonna à Monna Paula de se retirer dans l’antichambre, et d’y emporter son métier à tapisserie. Lorsqu’elle fut seule avec sa jeune amie qui restait toujours appuyée sur le dossier de sa chaise, elle lui dit de venir s’asseoir près d’elle sur un tabouret.
    – Je resterai ici, madame, si vous me le permettez, répondit

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