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Les Aventures de Nigel

Les Aventures de Nigel

Titel: Les Aventures de Nigel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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milord, de ne faire aucun aveu. Nous avons un vieux proverbe : – Avouez, et cætera. Du reste, Sa majesté a une aversion déterminée pour toute espèce d’armes, et plus particulièrement pour les pistolets ; mais, comme je le disais, il y a un terme à tout. Je vous souhaite de vous tirer aussi bien de l’autre affaire, ce qui n’est pas du tout vraisemblable.
    – Assurément, sir Mungo, vous pourriez vous-même rendre témoignage en ma faveur dans l’affaire du parc. Personne ne sait mieux que vous que j’étais dans ce moment poussé à bout par des insultes de la nature la plus odieuse, qui m’avaient été faites par lord Dalgarno, et dont un grand nombre, rapportées par vous-même, ne faisaient qu’irriter encore davantage ma colère.
    – Ouais ! – ouais ! répliqua sir Mungo, je ne me souviens que trop de quelle colère vous étiez enflammé, malgré les diverses remontrances que je vous fis sur le respect qu’exigeait le lieu où vous étiez. Hélas ! hélas ! vous ne pouvez pas dire que vous soyez tombé dans la bourbe faute d’avertissement.
    – Je vois, sir Mungo, que vous êtes déterminé à ne point vous souvenir de ce qui pourrait m’être favorable.
    – Je voudrais de tout mon cœur pouvoir vous rendre service, et la meilleure preuve que je puisse vous en donner, c’est de vous expliquer le genre de châtiment auquel vous serez infailliblement condamné, et que j’eus la bonne fortune de voir infliger, du temps de la reine, à un drôle qui avait écrit une pasquinade. J’étais alors dans la maison du lord Gray, qui fit le siège de la Tour : et comme je fus toujours avide de voir tout ce qui est agréable et instructif, je ne pus me dispenser d’être présent en cette occasion.
    – Je serais vraiment étonné que vous eussiez pu contraindre votre bon cœur, pour vous éloigner d’un pareil spectacle.
    – Eh ! Votre Seigneurie m’invite, je crois, à son exécution ? J’avoue, milord, que ce sera un spectacle pénible pour un ami ; mais je souffrirais tout plutôt que de vous manquer : c’est une belle cérémonie, après tout, une très-belle cérémonie. Le condamné marchait d’un air si intrépide que c’était plaisir de le voir ; il était vêtu de blanc, symbole de candeur et d’innocence. L’exécution eut lieu sur un échafaud au carrefour Saint-Paul ; très-probablement la vôtre se fera à Charing-Cross. Il y avait les huissiers du sheriff et du maréchal ; et qui n’y avait-il pas ? – L’exécuteur était là avec son couperet et son maillet, tandis que son valet tenait un fourneau rempli de charbons ardens, et un fer pour cautériser la plaie. – C’était un habile garçon que Derrick. – Grégoire n’est pas capable de trouver une articulation comme lui. Il serait bon que Votre Seigneurie envoyât le coquin chez un chirurgien-barbier pour apprendre un peu l’anatomie. – Ce sera un avantage pour vous et pour d’autres malheureux patiens, et de plus, un service que vous rendrez à Grégoire.
    – Je ne prendrai pas cette peine, dit Nigel ; si je suis condamné à perdre la main, le bourreau s’en tirera du mieux qu’il pourra. Si le roi la laisse où elle est, elle pourra lui être plus utile.
    – Voilà de la noblesse, milord, de la grandeur d’ame ; c’est un plaisir de voir souffrir un homme de cœur. Ce drôle dont je vous parlais, – ce Tupps, Stubbes, ou quel que fût le nom que portait ce plébéien, s’avança aussi fier qu’un empereur et dit au peuple : – Mes bons amis, je viens déposer ici la main d’un véritable Anglais. – Et il la mit sur le billot avec autant de tranquillité que s’il l’avait appuyée sur l’épaule de sa maîtresse. Alors Derrick le bourreau, écoutez-moi bien, ajusta le tranchant de son couperet juste sur l’articulation, et frappa avec son maillet d’une telle force, que la main sauta aussi loin de celui à qui elle appartenait, que le gantelet jeté dans la lice d’un tournoi par un champion. – Hé bien, Stubbes ou Tupps ne changea pas de visage, jusqu’à ce que le garçon fît siffler le fer chaud sur son moignon sanglant. Milord, cela grésilla comme une grillade de lard, et le drôle jeta un tel cri, que l’on crut que son courage était abattu ; mais pas le moins du monde, car il ôta son chapeau de la main gauche, et l’agita en criant : – Dieu sauve la reine et confonde tous les mauvais conseillers ! Le peuple lui répondit par trois

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