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Les Aventures de Nigel

Les Aventures de Nigel

Titel: Les Aventures de Nigel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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êtes-vous certain de l’avoir perdue ? dit Richie ; il me semble étrange que lord Glenvarloch épouse la fille d’un marchand, quoique, j’en conviens, il se fasse à Londres de singuliers mariages.
    – Je vous dis que ce lord ne fut pas plus tôt hors de la Tour qu’il vint, accompagné de maître Heriot, lui offrir sa main avec l’assentiment du roi, et je ne sais quoi ; et que Sa Seigneurie apporte en outre les plus brillantes espérances de faveur à la cour, car elle n’a pas une acre de terre.
    – Bien ; et qu’a dit le vieil horloger ? demanda Richie : n’a-t-il pas manqué, comme il lui convenait, de crever de joie dans sa peau ?
    – Il a multiplié progressivement six chiffres, et a reporté le produit ; – puis il a donné son consentement.
    – Et vous, qu’avez-vous fait ?
    – Je me suis élancé dans la rue, dit le pauvre jeune homme, le cœur bouillant et l’œil enflammé ; et la première personne que je rencontre, c’est la mère Suddlechops, cette vieille sorcière. Et qu’est-ce qu’elle me propose ? d’aller sur la grande route.
    – Sur la grande route ! dans quel sens ?
    – Comme un clerc de Saint-Nicolas, – c’est-à-dire en voleur de grand chemin, comme Poins et Peto et les autres bons lurons dans la pièce {140} . – Et qui croyez-vous que j’aurais eu pour capitaine ? – Car elle eut le temps de me dire tout avant que je pusse lui répondre. J’imagine qu’elle prit mon silence pour un consentement, et qu’elle me croyait trop au diable pour qu’il me restât une idée de salut. – Celui qui devait être mon capitaine n’était autre chose que le scélérat que vous m’avez vu rosser à l’Ordinaire, lorsque vous étiez au service de lord Glenvarloch ; ce lâche, cet escroc, ce voleur, ce fanfaron, qu’on trouve partout, et qu’on appelle Colepepper.
    – Colepepper ! ouf ! j’ai ouï parler de ce misérable, dit Richie ; savez-vous, par hasard, où je pourrais avoir des informations sur lui, maître Jenkin ? vous me rendriez un véritable service de me le dire.
    – Il vit d’une manière assez obscure ; car on le soupçonne coupable de quelque scélératesse, de cet horrible meurtre, je crois, qui a été commis à Whitefriars, ou quelque chose comme cela. Mais j’aurais pu tout savoir sur son compte de la bouche de dame Suddlechops ; car elle disait que je le rencontrerais à Enfield-Chase avec quelques autres bons diables qui devaient l’aider à piller un voyageur faisant route vers le nord avec un trésor considérable.
    – Et vous n’avez pas adopté ce beau projet ?
    – Je l’ai maudite comme une vieille sorcière, et je m’en suis allé à mes affaires.
    – Oui-dà ! et qu’a-t-elle dit à cela ? car elle a dû avoir peur.
    – Pas du tout ; elle s’est mise à rire, et a dit qu’elle plaisantait ; mais, d’après son empressement, je ne vois que trop bien qu’il faut prendre au sérieux la plaisanterie de la diablesse : elle sait que je ne voudrais pas la trahir.
    – La trahir ! non, s’écria Richie ; mais seriez-vous assez l’ami de ce coquin de Pepper-Cull, ou Colepepper, n’importe son nom, pour le laisser commettre un vol contre un honnête voyageur qui se dirige vers le nord, et qui est peut-être un brave Écossais : que savons-nous ?
    – Oui, qui s’en retourne dans son pays chargé d’argent anglais. Mais que ce soit qui voudra, on peut piller le monde entier si l’on veut, je n’ai plus rien à perdre.
    Richie remplit jusqu’au bord le verre de son ami, et insista pour qu’il bût ce qu’il appelait une rasade. – Cet amour, dit-il, n’est qu’un enfantillage pour un jeune gaillard aussi éveillé que vous, maître Jenkin ; et si vous aviez envie de faire une folie, quoique je pense qu’il serait plus sage de vous adresser à une femme d’un caractère raisonnable, il y a d’aussi jolies filles à Londres que cette Marguerite Ramsay. Vous n’avez pas besoin de tant soupirer ; c’est la vérité. – Il y a d’aussi bon poisson dans la mer qu’il y en a jamais eu. Maintenant, pourquoi vous qui êtes un jeune homme aussi vif et aussi spirituel que le soleil est brillant ; pourquoi, dis-je, vous affliger de cette manière, et ne pas tenter quelque coup hardi pour améliorer votre fortune ?
    – Je vous dis, maître Moniplies, que je suis aussi pauvre qu’aucun de vos compatriotes. J’ai rompu mon apprentissage, et je vais courir le

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