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Les Aventures de Nigel

Les Aventures de Nigel

Titel: Les Aventures de Nigel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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une petite niche avec une double quarte de vin chaud et un sucrier de papier devant eux. On apporta aussi des pipes et du tabac ; mais Richie seul en fit usage. Il avait pris cette habitude depuis peu de temps, parce qu’il trouvait que cela ajoutait considérablement à la gravité et à l’importance de ses manières, et que la vapeur accompagnait avec grace les sages paroles qui s’échappaient de sa bouche. Après qu’ils eurent rempli et vidé leurs verres en silence, Richie répéta sa question, et demanda à son hôte où il allait lorsqu’ils eurent le bonheur de se rencontrer.
    – Je vous ai dit, répondit Jenkin, que j’allais à ma perte, – c’est-à-dire à la maison de jeu. Je suis résolu de risquer ces deux ou trois livres sterling, pour gagner mon passage avec le capitaine Sharker, qui est dans le port de Gravesend, prêt à partir pour l’Amérique. J’ai déjà rencontré un diable sur mon chemin, qui voulait me détourner de mon dessein, mais je l’ai envoyé promener. – Vous en êtes un autre, à ce que je vois. – Quel degré de damnation me destinez-vous ? ajouta-t-il d’un air égaré, et quel en est le prix ?
    – Je vous prie de croire, répondit Richie, que je ne me mêle de ces sortes d’affaires ni comme acheteur ni comme vendeur. Mais si vous voulez me dire franchement la cause de votre malheur, je ferai tout ce qui sera en mon pouvoir pour vous en tirer, sans cependant vouloir être prodigue de promesses avant de connaître le cas, comme un bon médecin ne donne ses avis sur une maladie que lorsqu’il en a observé les symptômes.
    – Personne n’a rien à démêler dans mes affaires, dit le pauvre jeune homme en mettant ses bras sur la tête, et en appuyant sa tête dans ses mains, avec le même découragement que le lama qui, accablé sous une charge trop lourde, se renverse sur la poussière pour mourir.
    Richie Moniplies, comme la plupart des personnes qui ont bonne opinion d’elles-mêmes, trouvait un charme particulier à offrir des consolations, afin de pouvoir montrer sa supériorité (car le consolateur est toujours, pour le moment du moins, supérieur à la personne affligée) et de s’abandonner au plaisir qu’il avait à parler. Il infligea au pauvre pénitent une harangue d’une longueur impitoyable, assaisonnée de lieux communs sur la vicissitude des choses humaines, les avantages inappréciables de la patience dans le malheur, la folie de s’abandonner à un désespoir inutile, la nécessité de songer davantage à l’avenir ; et il mêlait à ses réflexions quelques douces réprimandes sur le passé, afin de chercher à vaincre l’opiniâtreté du patient, comme Annibal employait le vinaigre pour s’ouvrir une route à travers les rochers.
    Il était au-dessus de la nature humaine d’endurer tranquillement ce torrent d’éloquence vulgaire ; et soit que Jin Vin désirât arrêter le flux de paroles qui se précipitait ainsi dans son oreille pour aller assaillir sa raison, soit qu’il eût confiance dans les protestations d’amitié de Richie, protestations que le malheureux, dit Fielding, est toujours si disposé à croire, soit uniquement pour exhaler ses chagrins en paroles, il leva la tête, et tournant vers Richie ses yeux rouges et enflammés :
    – Morbleu, s’écria-t-il, retiens ta langue, et tu sauras tout. – Tout ce que je demande de toi, c’est une poignée de main et que tu me laisses. – Cette Marguerite Ramsay, – vous l’avez vue, n’est-ce pas ?
    – Une fois, dit Richie, une seule fois, chez maître George Heriot, dans Lombard-Street. J’étais dans l’appartement où l’on dînait.
    – Oui, je m’en souviens, dit Jin Vin ; vous aidiez à changer les assiettes. – Hé bien ! cette jeune fille si jolie, – car je soutiens que c’est la plus jolie femme de Londres, – est au moment d’épouser votre lord Glenvarloch, que la peste confonde !
    – C’est impossible ! s’écria Richie, vous déraisonnez ; – on vous fait avaler des poissons d’avril tous les mois de l’année, à vous autres badauds de Londres ; – lord Glenvarloch épouser la fille d’un artisan de Londres ! je croirais plutôt que le Prêtre Jean épouse la fille d’un colporteur juif.
    – Écoutez-moi, frère, dit Jin Vin ; je ne souffrirai jamais qu’on parle avec mépris de la Cité, malgré l’état où je suis réduit.
    – Je vous demande pardon ; je ne voulais pas vous offenser, dit Richie ; mais

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