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Les Aventures de Nigel

Les Aventures de Nigel

Titel: Les Aventures de Nigel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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fait bien ses affaires et il est bon mari, quoiqu’il y ait une vingtaine d’années entre nous. Ainsi donc je voudrais que Votre Honneur chassât le souci ; et puisque voilà le déjeuner, mangez un morceau et buvez un coup.
    – Je vous dirai en quatre mots, ma bonne hôtesse, que cela m’est impossible. L’absence de mon domestique dure si long-temps qu’elle me cause de vives inquiétudes. Votre ville offre tant de dangers !
    Il faut dire, en passant, que la manière adoptée par dame Nelly pour donner des consolations était de prouver qu’on n’avait pas raison de s’affliger ; on dit même qu’elle portait si loin ce système, qu’elle chercha un jour à consoler une de ses voisines qui avait perdu son mari, en lui disant que le cher défunt en vaudrait mieux le lendemain, ce qui n’aurait peut-être pas été le bon moyen de calmer sa douleur quand même il eût été possible. Dans l’occasion qui se présentait, elle nia fortement que Richie eût été absent vingt heures ; quant à ce qui arrivait quelquefois, que des gens fussent tués dans les rues de Londres, il était bien vrai qu’on avait trouvé deux hommes tués dans les fossés de la Tour, la semaine précédente ; mais c’était bien loin, et dans la partie orientale de la ville. On avait aussi coupé la gorge à un autre, mais c’était dans les champs, près d’Islington ; et pour celui qui avait été tué par un étudiant du Temple, près de Saint-Clément dans le Strand, par suite d’une querelle de table, c’était un Irlandais. Elle citait tous ces exemples pour prouver qu’ils n’offraient rien qui fût applicable à Christie, puisqu’il était Écossais, et qu’il n’était allé qu’à Westminster.
    – Ma meilleure consolation, bonne dame, dit Olifaunt, c’est de savoir que ce brave garçon n’est ni tapageur, ni querelleur, à moins qu’il ne reçoive de fortes provocations, et qu’il n’a sur lui que quelques papiers qui à la vérité ne sont pas sans importance pour moi.
    – Votre Honneur a raison, répondit l’inépuisable hôtesse, qui s’occupait le plus lentement possible à mettre tout en ordre dans la chambre et à desservir le déjeuner, afin de continuer plus long-temps son bavardage ; je réponds que M. Moniplies n’est ni débauché, ni tapageur, sans quoi pourquoi n’irait-il pas faire des fredaines avec nos jeunes matelots du voisinage ? Mais non, il n’y songe jamais. Une fois même que je l’engageai à venir chez ma commère dame Drinkwater manger un morceau de fromage et boire un verre d’anisette, car elle est accouchée de deux jumeaux, comme je l’ai dit à Votre Honneur, et c’était une politesse que je voulais faire à ce jeune homme, hé bien ! il préféra rester à la maison avec John Christie, qui a bien vingt ans de plus que lui, car j’ose dire que le domestique de Votre Honneur ne paraît guère plus âgé que moi. Que pouvaient-ils avoir à se dire ? Je l’ai demandé à Christie en rentrant ; mais il m’a dit d’aller me coucher.
    – S’il ne revient pas bientôt, je vous prierai de me dire à quel magistrat je puis m’adresser ; car indépendamment de l’inquiétude que j’éprouve pour lui-même, j’en ai aussi pour les papiers dont il est chargé.
    – Votre Honneur peut être bien sûr qu’il sera ici dans un quart d’heure ; il n’est pas garçon à s’absenter vingt-quatre heures tout d’un trait. Quant aux papiers, Votre Honneur lui pardonnera d’y avoir laissé jeter un clin d’œil pendant que je lui versais de l’eau distillée dans un petit verre, pas plus grand que mon dé, pour fortifier son estomac contre l’humidité, et j’ai vu qu’ils étaient adressés à la très-excellente majesté du roi ; par conséquent Sa Majesté a sans doute retenu Richie par civilité, pour avoir le temps de réfléchir sur votre lettre, et y faire une réponse convenable.
    Le hasard en ce moment fit tomber dame Nelly sur un motif de consolation mieux choisi que ceux qu’elle avait employés jusqu’alors ; car le jeune lord avait lui-même quelque espérance vague que son messager avait été retenu à la cour jusqu’à ce qu’on pût lui faire une réponse favorable. Cependant malgré son inexpérience en tout ce qui concernait les affaires publiques, il ne lui fallut qu’un moment de réflexion pour se convaincre du peu de probabilité d’une circonstance si contraire à tout ce qu’il avait entendu dire des règles de

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