Les aventures extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec: Le roman du film
dit, et Adèle ne sait même pas de quoi il s’agit. Mais en tout cas rien qui puisse servir à sauver sa sœur… tous ces efforts, pour rien… c’est trop de déception…
Elle entend à peine la bouilloire siffler. Et ces petits bruits si banals de l’eau bouillante qu’on verse sur les feuilles de thé. Incroyable qu’une momie connaisse le thé, d’ailleurs, se dit Adèle. Ils avaient déjà du thé en Égypte, il y a 5 000 ans ? Mais même cette pensée incongrue ne la tire pas de sa déception, qui frise le désespoir. Et pourtant Adèle n’est pas quelqu’un qui se désespère facilement, bien au contraire… Mais, là… Elle a atteint le fond.
La momie quitte la cuisine et revient dans le salon, une tasse fumante à la main. Elle s’installe sur un fauteuil en face d’Adèle et déguste une gorgée de son thé.
— Je dois avouer que pendant toute cette aventure, je vous ai trouvée particulièrement chaleureuse à mon égard, et je vous en remercie, dit Patmosis.
— Vous entendiez ? demande Adèle, intriguée tout de même.
— Tout.
— Et vous voyiez aussi ? Quand par exemple, je…
Adèle se souvient soudain, en rougissant un peu, qu’elle s’est déshabillée devant la momie.
— Tout ! dit Patmosis.
Un peu confuse, Adèle met les mains sur sa poitrine, comme si la momie pouvait encore la voir !
— Ne soyez pas gênée, dit Patmosis. Quand on a un corps comme le mien, on apprécie davantage celui des autres, surtout quand ils sont aussi bien faits.
— Merci, réplique la jeune femme, toujours aussi gênée.
La momie regarde un instant Adèle, qui ne parvient pas à cacher son désarroi.
— Je suppose, fait Patmosis, que si vous cherchiez un docteur, c’est pour soigner cette enfant ?
Patmosis désigne Agathe, perdue dans ses rêves, figée comme une statue sur son fauteuil pliant à roulettes.
Adèle, paralysée par l’émotion, ne peut que hocher la tête pour dire « oui ».
Patmosis regarde notre héroïne, et même s’il n’est que physicien nucléaire, quelque chose dans son attitude, dans l’intensité de son regard, semble pousser Adèle aux confidences. Comme on parlerait à un médecin, ou à un vieil ami… Elle regarde le vieux savant mort pour l’avoir aidée et soudain c’est trop…
Patmosis hoche la tête, comme pour l’encourager à se livrer. Peut-être a-t-il raison, ce physicien nucléaire ? Quoi que cela puisse être. Peut-être est-ce le moment, dans la vie d’Adèle, qu’elle parle enfin, qu’elle livre son histoire… et son secret…
Une larme coule sur la joue de notre pauvre héroïne quand elle ouvre enfin les vannes de sa mémoire et qu’elle commence à raconter, d’une voix troublée par l’émotion, le chagrin, le souvenir.
— Oui… C’est non seulement ma sœur, mais aussi mon amie, mon ange, ma jumelle… Depuis le premier jour nous partageons la vie l’une de l’autre…
Chapitre 31
Où Adèle raconte son secret,
et quand la vérité nue sort du puits,
c’est rarement le paradis…
N ous étions inséparables, commence Adèle d’une voix émue…
Mais la réalité est légèrement différente et elle ne fera que s’amplifier, car déjà, bébé, Adèle passait son temps à arracher les jouets d’Agathe qui se mettait à hurler toutes les larmes de son petit corps.
Ce qui ne l’empêchait pas, dans les minutes qui suivaient (ayant probablement repris des forces, et Adèle une tarte en pleine poire) de jeter le contenu de son bol sur Adèle qui se mettait à pleurer, mais beaucoup plus silencieusement, ravalant sa colère en serrant les lèvres. Déjà un trait de son caractère…
— … toujours curieuses, poursuit Adèle, partageant les expériences…
L’expérience qui lui revient en premier remonte à quelques jours avant la disparition de leurs parents. Les deux petites étaient grimpées sur une chaise dans la cuisine, une sorte d’Everest, menant à un placard (une sorte de tombeau recelant des trésors) pour y voler des pots de confiture. Malgré les dangers, elles avaient réussi et s’étaient installées bien tranquillement sur le carrelage de la cuisine pour se goinfrer de confiture de fraises, framboises, abricots et autres mirabelles. Mais leur mère était entrée, les surprenant chacune les mains, non pas dans le sac, mais dans deux pots différents ! Face aux regards et aux cris courroucés de leur mère, les deux gamines n’avaient rien trouvé de mieux que
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