Les aventures extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec: Le roman du film

met à bouger !
    Adèle a la sensation d’avoir vu quelque chose remuer dans le coin de son champ de vision. Elle regarde la vitrine. C’est impossible. Patmosis est mort depuis 5 000 ans. Ce doit être un reflet venu de la fenêtre. Mais en fixant bien la momie, elle a à nouveau cette impression étrange. Elle se demande si elle rêve. On dirait que la main de la momie a bougé !
    Et soudain, la momie ouvre doucement la bouche, penche légèrement la tête en arrière et… éternue un grand coup, pulvérisant la vitrine d’un coup de tête.
    — … à vos souhaits, murmure Adèle par pur réflexe, d’une voix quasi inaudible.
    — Merci ! dit Patmosis.
    Sous les yeux ébahis d’une Adèle bouche bée – et pourtant, il en faut beaucoup pour la décontenancer – la momie regarde la vitrine brisée, passe le bras à travers le carreau cassé et tourne la petite clé qui lui ouvre la porte.
    La jeune femme n’arrive pas à croire ce qu’elle voit. La momie pousse la porte de la vitrine. Quelques morceaux de vitre tombent avec un bruit cristallin qui ajoute à l’aspect irréel de la chose. La momie fait un pas, lentement, puis deux, et vient se mettre face à elle.
    — Désolé pour votre vitrine, dit Patmosis.
    — Oh, fait Adèle, adoptant un ton détaché, comme si de rien n’était. C’est rien ! Je… j’allais ranger, de toute façon.
    Le regard d’Adèle balaye la pièce, constatant l’étendue des dégâts de l’ouragan qui est passé dans son salon quelques instants auparavant. Avant qu’Espérandieu ne cesse de vivre. Et elle se dit que si la théorie du vieux savant était juste, le pauvre ptérodactyle doit être mort également. Et c’est bien triste. Se réveiller d’un sommeil si ancien, pour finir abattu par un crétin de chasseur…
    Elle en oublierait presque que, dans son salon, des choses pour le moins extraordinaires sont en train de se produire.
    La momie s’approche d’Espérandieu, mort dans son fauteuil, et elle lui caresse la joue.
    — Quel dommage qu’il soit déjà parti, dit Patmosis. J’aurais tant aimé le connaître.
    Adèle semble sortir enfin de ses tristes rêveries. La momie se balade un peu dans la grande pièce dévastée et vient se mettre face à Agathe, immobile dans son fauteuil.
    — Non mais, dites-moi, fait Patmosis, sur le ton de la conversation la plus banale, je vois là comme un lien de ressemblance, non ?
    — C’est ma sœur, dit Adèle.
    — Ah ?… Elle n’a pas l’air en forme.
    — Non, mais… Justement. Peut-être qu’avec toutes les connaissances que vous possédez, vous pourriez peut-être la ramener à la vie ? demande Adèle, soudain pleine d’espoir.
    — J’ai effectivement quelques compétences, mais pas celle-là.
    — Comment ça ? ! Vous… vous n’êtes pas docteur ?
    Patmosis se tourne et regarde Adèle de son curieux regard à la fois mort et terriblement vivant, orbites creuses dans sa tête parcheminée à moitié couverte de bandages.
    — Absolument pas, dit-il.
    Adèle s’effondre dans son fauteuil. La momie continue sa visite de l’appartement, tout en s’expliquant, de son étrange voix.
    — Je suis ingénieur en physique nucléaire. Je ne traite que des chiffres, des signes et des équations. Rien de bien extraordinaire…
    La momie entre dans la petite cuisine d’Adèle.
    — Les docteurs, eux, restent avec leurs pharaons jusqu’au bout et sont placés généralement dans des tombes voisines, juste à côté…
    La momie aperçoit la bouilloire et une théière…
    — Vous permettez que je me fasse un thé ?
    Dans le salon, Adèle est complètement abattue, effondrée dans son fauteuil.
    — Faites comme chez vous, dit-elle, d’un ton morne.
    — Vous êtes bien aimable, répond la momie. Et l’amabilité est une qualité que nous apprécions beaucoup dans notre dynastie…
    Adèle soupire. Un moment passe comme ça, pendant que la momie s’affaire dans la cuisine. Malgré l’incroyable situation – ce n’est pas tous les jours qu’on a une momie en train de faire du thé dans sa cuisine – Adèle semble mesurer la vanité de ses efforts. Toute cette énergie dépensée. Ce voyage fou en Égypte. Espérandieu qui a sacrifié sa vie et celle de son ptérodactyle du même coup, juste pour l’aider… Et maintenant, voilà que cette momie n’est pas la bonne ! Elle n’est pas le médecin du pharaon. C’est un ingénieur en physique nucléaire, comme elle le