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Les Aveux: Nouvelle Traduction Des Confessions

Titel: Les Aveux: Nouvelle Traduction Des Confessions Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Boyer
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réponses sont limpides
mais on n’écoute pas tous de façon aussi limpide. On fait tous appel à
toi pour ce qu’on veut. Mais on n’écoute pas toujours ce qu’on veut.
Ton meilleur agent n’est pas le plus attentif à écouter ce qu’il veut mais
le plus attentif à vouloir ce qu’il écoute.
    38.
    Trop tard je t’ai aimée
    beauté si ancienne et si neuve
    trop tard je t’ai aimée
    Regarde.
    Tu étais à l’intérieur, j’étais dehors à ta recherche.
    J’étais difforme, je me jetais sur l’élégance de tes formes.
    Tu étais avec moi, je n’étais pas avec toi.
    Ce qui me retenait loin de toi pourtant n’existerait pas sans exister en
toi.
    Ton appel. Ton cri.
    Tu as broyé ma surdité.
    Éclair. Splendeur.
    Tu as fait fuir mon aveuglement.
    Parfum. Je t’ai respiré. Je t’ai inhalé.
    Je t’ai goûté. Ma faim. Ma soif.
    Tu m’as touché. J’ai pris feu dans ta paix.
    39.
    Quand tout mon moi sera fixé à toi, il n’y aura plus nulle part douleur et travail. Ma vie pleine de toi sera vivante.
    Celui que tu combles s’allège.
    Moi, je ne suis pas plein de toi, et je suis un fardeau pour moi.
    Mes joies éplorées contre mes joyeuses tristesses : à qui revient la victoire ? je ne sais pas.
    Mes tristesses noires contre mes bonheurs : à qui revient la victoire ?
je ne sais pas.
    Malheur. Seigneur, prends pitié de moi.
    Malheur. Regarde. Je ne cache pas mes plaies. Tu es médecin. Je suis
malade. Tu es miséricorde. Je suis misère.
    La vie humaine sur la terre est une provocation.
    Qui voudrait du chagrin et des difficultés ?
    Ton ordre : les endurer, pas les aimer. Personne n’aime ce qu’il
endure même s’il aime endurer. Endurer est une joie, mais à tout
prendre, on préfère n’avoir rien à endurer.
    Dans l’épreuve, je désire le bonheur. Dans le bonheur, j’ai peur de
l’épreuve.
    Est-ce qu’il existe un juste milieu où la vie humaine ne soit pas une
provocation ?
    Malheur aux bonheurs du monde. Une fois, deux fois. On a peur de
l’épreuve. La joie est pourrie.
    Malheur aux épreuves du monde. Une fois, deux fois, trois fois. On
désire le bonheur. Dures épreuves. Le seuil de tolérance est brisé.
    La vie humaine sur la terre est une provocation. Jamais de répit.
    40.
    Tout mon espoir n’est plus que dans ton immense et vaste pitié.
    Donne de quoi suivre tes ordres. Et ordonne ce que tu veux.
    Tu nous commandes de nous maîtriser.
    Pourtant je savais, a dit quelqu’un, que personne ne peut se maîtriser que si Dieu me le permettait, et c’était déjà sage de reconnaître qui
me le permet.
    Oui, nous maîtriser nous réunit et nous pousse à l’unité quand nous
glissons dans la dispersion.
    Aimer en même temps que toi quelque chose sans l’aimer à cause de
toi revient à t’aimer moins.
    Amour toujours en feu
    qui ne s’éteint jamais
    amour mon Dieu
embrase-moi

    Tu ordonnes de nous maîtriser. Permets-nous de suivre tes ordres. Et
ordonne ce que tu veux.
    41.
    Tu ordonnes de maîtriser notre pulsion sexuelle, nos yeux concupiscents, et notre ambition dans le monde. Tu ordonnes de nous maîtriser
dans l’accouplement. Et dans le mariage, tu nous as engagés à faire
mieux qu’une simple concession. Je l’ai fait grâce à toi, alors que je
n’étais même pas encore dispensateur de tes sacrements. Cependant
mes manies ont imprimé dans ma mémoire, dont j’ai déjà beaucoup
parlé, les images encore vives de tout cela. Quand je suis éveillé, ces
images viennent me provoquer sans grand effet, mais dans mon sommeil, non seulement elles me donnent du plaisir mais j’y adhère comme
s’il s’agissait de l’acte lui-même. Et l’illusion de ces images sur mon
esprit, dans ma chair, est telle que ces fantasmes ont plus de pouvoir
dans mon sommeil que n’en ont les réalités mêmes quand je suis éveillé.
    Seigneur mon Dieu, je ne suis peut-être plus moi-même à ce moment-là. Il y a pourtant une différence entre moi et moi, entre le moment où je
passe de la veille au sommeil et le moment où je repasse à l’état de veille.
    Que devient la raison qui nous fait résister, éveillé, à ce pouvoir de suggestion, et nous rend même inaccessible aux choses réelles ? Elle se ferme
avec les yeux ? Elle s’endort avec le corps ? Et pourquoi, dans ce cas, il
nous arrive parfois de résister jusque dans notre sommeil, au seul souvenir de nos plus fermes résolutions de chasteté, et de n’accorder aucun crédit à de telles

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