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Les Aveux: Nouvelle Traduction Des Confessions

Titel: Les Aveux: Nouvelle Traduction Des Confessions Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Boyer
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séductions ? Mais la différence est telle que, dans le cas
contraire, on se réveille malgré tout la conscience en paix. Distance par
laquelle nous découvrons que nous ne sommes pas vraiment les acteurs de
ce qui s’est, d’une certaine façon, produit en nous, et qui nous fait souffrir.
    42.
    Ta main pourrait, Dieu tout-puissant, guérir mon esprit mélancolique, et même éteindre par un surcroît de grâce les émois lascifs de
mon sommeil.
    Donne-moi davantage, Seigneur, et de plus en plus. Mon esprit alors
me suivra jusqu’à toi. Débarrassé d’une concupiscence visqueuse. Il ne
se révoltera plus contre lui-même, et dans le sommeil, sous l’effet
d’images sensuelles, non seulement il ne poursuivra plus ces abjections
écœurantes jusqu’à l’éjaculation, mais il n’y consentira même pas. Une
vie comme la mienne, et surtout à mon âge, peut attendre de toi qu’elle
ne trouve aucun plaisir à cela, même si elle peut se l’interdire par elle-même, tout simplement en dormant le cœur chaste. Ce ne doit pas être
trop compliqué pour toi, tout-puissant, tu es capable de surpasser nos
souhaits et nos pensées.
    J’ai dit à mon Seigneur bienveillant quelle était ma situation aujourd’hui dans cette épreuve. Avec joie et tremblement pour tout ce que tu
m’as donné. En pleurant ce qui me manque encore. J’espère que tu
auras alors pitié de moi, que tu me rendras parfait jusqu’à la paix finale,
celle avec qui tu habiteras mon intériorité et mon extériorité, quand la
mort sera engloutie dans la victoire  2 .
    43.
    Mais chaque jour nous réserve un souci supplémentaire. C’est bien
assez, espérons-le. Il nous faut boire et manger pour réparer les ruines
quotidiennes du corps. Avant la destruction du ventre et des nourritures. Quand tu auras tué la faim d’un terrible assouvissement. Quand
tu revêtiras pour toujours la pourriture d’imputrescible  3 . Mais en
attendant, cette compulsion est délicieuse. Je me bats contre cette tentation. Mon arme pour m’en libérer, c’est un jeûne quotidien. Je fais
souvent de mon corps un esclave. Le plaisir chasse mes douleurs. Oui,
faim et soif sont des douleurs. Elles nous font souffrir, et comme la
fièvre, elles tuent si les aliments ne viennent pas nous secourir. Et
comme pour nous consoler par tes bienfaits, tu as mis la terre, l’eau et
le ciel au service de notre infirmité, nous appelons délices notre condition calamiteuse.
    44.
    Tu m’as appris à ne m’alimenter que pour me soigner. Mais passer
des affres de la faim à la quiétude de l’assouvissement, c’est précisément
tomber dans les filets du désir. Et le plaisir, c’est en passer par là, où
nous devons passer nécessairement. Nous buvons et mangeons pour
être en bonne santé. Attitude raisonnable mais toujours flanquée d’une
dangereuse jouissance qui cherche la plupart du temps à prendre les
devants pour que je fasse pour elle ce que je dis faire ou veux faire pour
ma santé. Mais on ne satisfait pas les deux de la même façon. Ce qui suffit pour notre santé est toujours trop peu pour notre satisfaction. Nous
sommes souvent pris d’un doute : est-ce toujours la nécessité de
prendre soin de notre corps qui réclame ou plutôt le plaisir trompeur
de la convoitise qui se propose hypocritement ? Ce doute est l’aubaine
d’un esprit malheureux. Ravi de ne pas voir clairement ce qui suffit à
l’équilibre de la santé, il trouve une excuse toute prête pour cacher sous
le prétexte de la santé une pure question de plaisir.
    Je m’efforce chaque jour de résister à ces tentations. J’appelle ton
secours. Je te fais part de mes tourments. Je ne suis pas encore tout à
fait sûr de moi.
    45.
    J’entends la voix de mon Dieu qui demande : n’encombrez pas vos
cœurs, gloutons et ivrognes !  4
    L’ivrognerie est loin de moi. Ta pitié l’empêchera de m’approcher.
Mais ton serviteur devient parfois subrepticement glouton. Ta pitié
m’épargnera ça. Car personne ne peut résister sans ton aide. Tu
accordes beaucoup à nos prières. Et tout ce que nous avons reçu de bon
avant même de prier, c’est de toi que nous l’avons reçu. Et de le reconnaître après coup, c’est de toi que nous l’avons reçu. Je n’ai jamais été
ivrogne mais j’ai connu bien des ivrognes que tu as rendus sobres.
Grâce à toi, ceux qui ne l’ont jamais été ne le sont pas devenus. Grâce
à toi, ceux qui l’ont été ne le sont plus. Grâce à

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