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Les Aveux: Nouvelle Traduction Des Confessions

Titel: Les Aveux: Nouvelle Traduction Des Confessions Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Boyer
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appris cette vie heureuse sinon là même où ils ont
appris la vérité ? Ils aiment la vérité puisqu’ils ne veulent pas qu’on leur
mente. Et quand ils aiment la vie heureuse, qui n’est rien d’autre que la
joie de la vérité, ils aiment de fait la vérité. Et ils ne l’aimeraient pas s’ils
n’en avaient pas quelque notion dans leur mémoire. Alors pourquoi
n’ont-ils pas de joie ? pourquoi ne sont-ils pas heureux ? Quelque chose
d’autre les préoccupe davantage et les rend plus malheureux encore
que ne les rend heureux le faible petit souvenir de la vérité.
    Il y a encore un peu de lumière dans l’humanité. Qu’elle marche,
qu’elle marche de peur que la nuit ne s’empare d’elle.
    34.
    Mais pourquoi la vérité accouche de la haine ?
    Pourquoi faire un ennemi de ton ami qui annonce la vérité puisqu’on
aime la vie heureuse qui n’est rien d’autre que la joie de la vérité ?
    Pourquoi sinon parce qu’on aime la vérité de telle sorte que ceux
qui aiment autre chose veulent que ce soit la vérité, et qu’ils ne veulent pas
se tromper, qu’ils ne veulent pas être convaincus de s’être trompés ? Ils
haïssent la vérité à cause de cette autre chose qu’ils prennent pour la vérité
et qu’ils aiment. Ils aiment la vérité quand elle brille, ils la haïssent quand
elle leur résiste. Ils ne veulent pas qu’on leur mente mais veulent mentir.
Ils aiment la vérité quand elle se montre mais la haïssent quand elle les
dénonce. Ce sera leur récompense : ils ne veulent pas qu’elle les révèle, eh
bien elle les révélera malgré eux sans se révéler à eux. Voilà, oui, voilà
l’esprit humain. Aveugle. Mélancolique. Ignoble. Indécent. Il veut se
cacher mais veut que rien ne lui soit cachée. Eh bien, au contraire : lui ne
cache pas la vérité mais la vérité, elle, lui est cachée. Pourtant, malheureux
comme il est, il préfère encore le vrai au faux. Aucun chagrin ne le trouble,
il sera heureux et sa joie viendra de la seule vérité qui fait toutes choses
vraies.
    35.
    J’ai traversé les étendues de ma mémoire à ta recherche, Seigneur. Je
ne t’ai pas trouvé à l’extérieur. Je n’ai rien trouvé de toi dont je ne me
souvenais pas depuis que je t’ai appris. Oui, depuis que je t’ai appris, je
ne t’ai plus oublié.
    Où j’ai trouvé la vérité, j’ai trouvé mon Dieu, la vérité même, et
depuis que je l’ai apprise, je ne l’ai plus oubliée. C’est pourquoi depuis
que je t’ai appris, tu restes dans ma mémoire. Et je t’y trouve quand je
me souviens de toi et que tu fais mes délices. Mes saintes délices, un
don de ta compassion, baissant tes yeux sur ma pauvreté.
    36.
    Mais où est ta place dans ma mémoire, Seigneur ? quelle est ta place ?
quelle chambre t’es-tu fabriquée ? quel sanctuaire t’es-tu construit ?
    Tu as fait à ma mémoire l’honneur d’y prendre place. Je vais donc
réfléchir à la place que tu y occupes.
    En me souvenant de toi, je suis allé au-delà du niveau de mémoiredont sont aussi capables les bêtes. Je ne t’ai pas trouvé parmi les images
des choses physiques. Je suis passé au niveau où j’ai déposé les affects de
mon esprit. Là non plus, je ne t’ai pas trouvé. Et je suis entré dans la
chambre de mon esprit qui se tient dans ma mémoire, car l’esprit est
aussi la mémoire de lui-même. Tu n’étais pas là non plus. Car tu n’es pas
une image physique ni un affect du vivant comme la joie, la tristesse,
l’envie, la peur, le souvenir ou l’oubli, et quoi que ce soit d’autre dans le
genre. Tu n’es pas non plus l’esprit lui-même parce que tu es le Seigneur
Dieu de l’esprit. Toutes ces choses se meuvent et toi tu es immuable au-dessus de toutes ces choses. Mais tu as daigné habiter dans ma mémoire,
depuis le jour où je t’ai appris.
    Pourquoi chercher où tu habites comme s’il s’agissait de vrais lieux ?
Oui, tu habites dans ma mémoire puisque je me souviens de toi depuis le
jour où je t’ai appris. Et je te trouve dans mémoire en me souvenant de toi.
    37.
    Où t’ai-je trouvé pour t’apprendre ? Tu n’étais pas dans ma mémoire
avant que je ne t’apprenne. Où t’ai-je trouvé pour t’apprendre sinon
en toi au-dessus de moi ? Rien à voir avec un lieu. On s’éloigne, on
s’approche. Rien à voir avec un lieu.
    Vérité. Tu es partout présente à ceux qui font appel à toi. Tu réponds
à tous à la fois, même à différents appels. Tes

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