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Les Aveux: Nouvelle Traduction Des Confessions

Titel: Les Aveux: Nouvelle Traduction Des Confessions Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Boyer
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pas que tu es partout, qu’aucun espace ne te
circonscrit, et que tu es même le seul à être présent à ceux qui ont fui
loin de toi.
    Qu’ils changent. Qu’ils partent à ta recherche.
    Tu n’es pas comme eux qui ont abandonné leur créateur : tu n’as pas
abandonné ta créature.
    Oui, qu’ils changent et tu es là dans leur cœur, dans le cœur qui se
confie à toi, qui se jette en toi et pleure dans ton sein, au bout de ses
chemins difficiles.
    Arrangeant, tu essuies leurs larmes. Ils en pleurent davantage et se
réjouissent dans leurs pleurs parce que toi, Seigneur, et pas n’importe
quel homme de chair et de sang, mais toi, Seigneur, qui les as faits, tu
les refais et tu les consoles.
    Où étais-je, moi, quand je te cherchais ?
    Tu étais devant moi mais je m’étais séparé de moi.
    Je ne trouvais ni moi ni encore moins toi.
    3.
    Je vais parler à voix haute de mes vingt-neuf ans sous l’œil de mon
Dieu.
    Un évêque manichéen venait juste d’arriver à Carthage. Il s’appelait
Faustus  1 . Terrible guet-apens du diable : beaucoup se sont fait piéger
par les séductions d’une douce éloquence. Pour ma part, tout en appréciant cette éloquence, je la distinguais déjà de la vérité des choses que
j’étais avide d’apprendre. Je ne m’arrêtais pas aux plats dans lesquels on
me servait ces discours en pitance mais à la science du célèbre Faustus,
très renommé chez les siens. Sa réputation l’avait précédé. J’avais
entendu qu’il était fin connaisseur de toutes les sciences nobles, et
particulièrement instruit des disciplines libérales. Or j’avais lu de
nombreux philosophes que je conservais gravés dans ma mémoire, j’en
comparais certains aux interminables fables des manichéens. Les
discours des philosophes, me semblait-il, étaient plus crédibles dans
leur capacité d’appréhender le cours des âges, même s’ils n’en découvraient absolument pas qui est le maître.
    Tu es grand Seigneur
    tu vois le plus bas
    tu connais le très haut à distance
    tu es proche des cœurs brisés
    Et les prétentieux ne te découvrent pas, même si dans leur habile
curiosité ils sont capables de compter les étoiles et le sable, de mesurer
l’espace sidéral, et de suivre à la trace la course des astres.
    4.
    Mais en réalité, les philosophes mènent leurs investigations à l’aide
de leur entendement et du génie que tu leur as donnés. Ils ont fait beaucoup de découvertes et prévu bien des années avant les éclipses des
luminaires, soleil et lune, avec le jour, l’heure et le degré prévus. Ils ne
se sont pas trompés dans leurs calculs. Tout s’est passé comme ils
l’avaient prédit. Ils ont mis par écrit les règles qu’ils avaient découvertes. En les relisant aujourd’hui, on peut prévoir grâce à ces règles
quelle année, quel mois de l’année, quel jour du mois, et à quelle heure
du jour aura lieu l’éclipse et quel sera le degré de luminosité de la lune
ou du soleil. Et tout se passera comme prévu. Au grand étonnement et
à la stupéfaction des hommes qui ne connaissaient pas ces choses. Mais
ceux qui les connaissent exultent et s’exaltent. Dans leur prétention
profane, ils s’éloignent et s’éclipsent de ta lumière. Ils prévoient bien
longtemps à l’avance l’éclipse future du soleil mais ne voient pas la leur
aujourd’hui !
    Les philosophes ne se soucient pas de chercher l’origine du génie
avec lequel ils font leurs investigations. Et si jamais ils découvrent que
c’est toi qui les as faits, ils ne se donnent pas à toi pour que tu sauves ce
que tu as fait. Ni ils ne sacrifient à toi ce qu’ils ont fait d’eux-mêmes. Ils
n’égorgent ni leurs envolées, ces oiseaux, ni leurs curiosités, ces poissons de mer, ce désir de courir sur les secrets sentiers des abîmes, ni
leurs vices, ces bêtes des champs. Pour que toi Dieu, feu dévorant qui
consume leurs travaux mortels, tu les recrées immortels.
    5.
    Mais ils ne connaissent pas la voie – ta parole qui a fait et les objets
de leurs calculs et eux-mêmes, qui font les calculs, et le sens avec lequel
ils reconnaissent ce qu’ils calculent, et aussi l’entendement avec lequel
ils calculent.
    Mais ta sagesse est incalculable. L’unique engendré s’est fait pour
nous sagesse, justice et sanctification. Compté parmi nous, il a payé son
tribut à César.
    Ils ne connaissent pas cette voie par où descendre d’eux vers lui et
par lui monter à lui.
    Ils

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