Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Les Aveux: Nouvelle Traduction Des Confessions

Titel: Les Aveux: Nouvelle Traduction Des Confessions Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Boyer
Vom Netzwerk:
l’arrogance et me laissais
emporter à tout vent. Or dans le plus grand secret, tu me guidais.
    Comment savoir ? comment t’avouer avec certitude que l’amour de
ceux qui l’admiraient me l’avait fait aimer davantage que les choses
mêmes pour lesquelles on l’admirait ? Si au lieu de l’admirer, les mêmes
l’avaient critiqué, et tout en le critiquant et le méprisant avaient racontéles mêmes choses sur lui, je ne me serais ni passionné ni excité pour lui.
On aurait raconté sur lui les mêmes choses, lui-même n’aurait pas été
différent, c’est uniquement le sentiment des narrateurs qui n’aurait pas
été le même.
    Voilà où s’abandonne une âme infirme, qui n’est toujours pas accrochée au bloc de la vérité. Au moindre souffle sorti de la poitrine de celui
qui exprime son opinion, elle est emportée, renversée, tourmentée,
détournée. Un nuage lui cache la lumière, la vérité est indiscernable.
Elle est pourtant devant nous.
    Ce qui comptait pour moi, c’était que cet homme prenne connaissance de mon traité et de mes études. Son approbation attiserait ma
passion, mais son désaveu porterait un coup mortel à ce cœur vain et
vide de ta solidité. Pourtant, j’avais écrit pour lui sur le beau et la cohérence, j’y revenais sans cesse avec plaisir dans ma contemplation, je les
admirais sans avoir besoin de personne avec moi pour m’en faire
l’éloge.
    24.
    Mais je ne voyais pas encore dans ton art le point crucial d’une si
grande chose, toi seul tout-puissant qui fais des prodiges.
    Mon esprit en passait par les formes des corps pour définir et distinguer le beau comme ce qui allait de soi et la cohérence comme l’accord
approprié d’une chose à une autre. Et je le prouvais par des exemples
pris parmi les corps.
    Puis je me suis tourné vers la nature de l’esprit. Et l’idée fausse que
j’avais des êtres spirituels ne m’a pas permis de discerner le vrai. La
forme même du vrai me sautait aux yeux mais je détournais mon intellect agité de l’incorporéité au profit des lignes, des couleurs et des
volumes imposants. Incapable de me les représenter par l’esprit, je pensais que je ne pouvais pas me représenter l’esprit.
    Et parce que dans la vertu j’aimais la paix, et dans le vice je haïssais
la discorde, dans l’une je remarquais l’unité, et dans l’autre une certaine
division. Dans cette unité, me paraissaient être l’esprit de raison, la
nature de la vérité et du bien supérieur. Dans cette division, une vie
irraisonnée, et je ne sais quelle substance, quelle nature du mal supérieur qui non seulement aurait été substance mais encore un genre devie sans pour autant être de toi, mon Dieu, de qui sont toutes choses
– c’est ce que je croyais, malheureux.
    J’appelais l’unité monade, comme si l’entendement n’avait pas de sexe
du tout, et cette division dyade : la colère dans le crime, la libido dans la
luxure – sans savoir ce que je disais. Non, je ne savais pas, je n’avais pas
appris que le mal n’est pas du tout une substance ni que notre entendement n’est pas lui-même le bien supérieur et immuable.
    25.
    Il y a crime quand le mouvement de l’âme où réside l’impulsion première devient vicieux et qu’il s’abandonne aux outrages et aux excès. Et
luxure quand cet affect de l’âme devient immodéré et s’abreuve de voluptés charnelles. Et de même, les erreurs et les fausses opinions contaminent
la vie quand l’entendement rationnel est lui-même vicié. C’est ce qui se
passait en moi alors, et je ne savais pas qu’il devait être éclairé d’une autre
lumière pour participer à la vérité, n’étant pas lui-même nature de vérité.
    C’est toi qui allumes ma lampe, Seigneur mon Dieu, qui éclaires ma
nuit.
    De ta plénitude nous avons tous reçu.
    Oui, tu es la vraie lumière qui éclaire tout homme venant au monde
parce qu’en toi il n’y a ni changement ni l’ombre d’un instant.
    26.
    Je tentais d’aller vers toi mais j’étais chassé loin de toi, ce qui me donnait goût à la mort. Car tu résistes aux prétentieux. Et quoi de plus prétentieux que d’affirmer par une étrange folie que j’étais par nature ce que
tu es ? Alors que je pouvais changer, c’était l’évidence même pour moi
puisque précisément je désirais être raisonnable pour passer de pire à
meilleur. Pourtant je préférais penser que toi aussi tu pouvais changer
plutôt que de penser que je

Weitere Kostenlose Bücher