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Les Aveux: Nouvelle Traduction Des Confessions

Titel: Les Aveux: Nouvelle Traduction Des Confessions Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Boyer
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grammaire et encore ! simplement dans son usage courant. Il avait lu
quelques discours de Cicéron, et de rares livres de Sénèque, deux ou
trois poètes, et les rouleaux de sa secte, bien traduits en latin. À cela
s’ajoutait l’exercice quotidien de la conversation. D’où sa grande éloquence qu’un esprit tempérant et un certain charme naturel rendaient
d’autant plus convaincante et séduisante.
    Est-ce bien comme dans mon souvenir ? Seigneur mon Dieu, arbitre
de ma conscience. Mon cœur et ma mémoire s’ouvrent à toi. Le secretcaché de ta providence me guidait. Tu me renvoyais à la face mes
erreurs méprisables pour que je puisse les voir et les haïr.
    12.
    Quand il devint suffisamment clair pour moi que Faustus ignorait les
arts où j’avais cru qu’il excellait, j’ai perdu espoir qu’il puisse donner
une explication et une solution à ce qui me préoccupait. Tout en étant
ignorant de ces questions, il aurait pu posséder le vrai amour. Mais pas
en étant manichéen. Leurs livres sont remplis d’interminables fables sur
le ciel et les astres, le soleil et la lune. Or je voulais surtout faire la comparaison avec les calculs rationnels que j’avais lus par ailleurs. Une
meilleure démonstration se trouvait-elle dans les livres manichéens ?
Ou donnaient-ils une explication au moins aussi valable ? Je ne croyais
déjà plus Faustus capable d’arbitrer ces questions avec subtilité mais je
les ai malgré tout soumises à son examen et à son jugement. Or très
modestement, il n’a pas osé s’en charger. Il avait conscience de son
ignorance et n’a pas eu honte de l’avouer. Il ne ressemblait pas à tous
ces bavards que j’avais subis et qui s’étaient efforcés de m’endoctriner
en parlant pour ne rien dire. Cet homme avait un cœur qui, sans être
droit avec toi, se méfiait un peu de lui-même. Pas tout à fait ignorant de
son ignorance, il n’a pas voulu être acculé sans réflexion à une discussion dans laquelle il n’aurait ni échappatoire facile ni retraite. Cela me
l’a rendu d’autant plus sympathique. Une intelligence capable d’avouer
ses propres limites était plus belle que mon propre désir de savoir. C’est
ainsi qu’il m’est apparu à chaque question un peu difficile ou un peu
subtile.
    13.
    Mon intérêt pour les écrits manichéens s’est alors effondré. Et j’ai
d’autant plus désespéré de leurs autres savants qu’à l’occasion de nombreuses questions qui me tracassaient, cet homme si renommé m’est
apparu sous ce jour. J’ai commencé à passer du temps avec lui, à cause
de sa grande passion pour la littérature, que j’enseignais comme rhéteur
à des adolescents de Carthage. Je partageais avec lui les lectures qu’il
voulait faire parce qu’il en avait entendu parler, ou celles que je pensais
adaptées à son genre d’intelligence. Mais dès que j’ai connu cet homme,tous mes efforts pour progresser dans cette secte se sont avérés nuls. Je
n’allais pas jusqu’à m’en détacher complètement car je n’avais encore
rien trouvé de mieux. J’ai décidé de me contenter provisoirement de
cette situation dans laquelle je m’étais précipité, à moins que par hasard
un meilleur choix ne m’apparaisse.
    Faustus, qui a été pour beaucoup un guet-apens mortel, avait commencé, sans le vouloir et sans le savoir, à me dégager, moi, de celui dans
lequel j’étais pris.
    Tes mains, mon Dieu, dans le secret de ta providence, ne quittaient
pas mon âme. Et nuit et jour, ma mère en pleurant t’offrait pour moi le
sang de son cœur.
    Tu t’es conduit avec moi d’une manière extraordinaire. C’est ta façon
d’agir. Mon Dieu.
    Le Seigneur dirige le pas de l’homme
     et choisit sa direction
    Quel espoir d’être sauvé si ta main ne refait pas ce que tu as fait ?
    14.
    Tu as tout fait pour me persuader d’aller à Rome et d’y enseigner ce
que j’enseignais déjà à Carthage. Je ne vais pas manquer de t’avouer ce
qui décida mon choix – là aussi nous devons méditer, annoncer tes profonds recoins et ton amour qui s’offre personnellement à nous.
    Ce ne sont pas les encouragements des amis et leurs promesses de
gagner davantage ou d’accroître mon prestige – même si cela a pu
m’influencer – qui m’ont persuadé de me rendre à Rome. Non, la principale et presque unique raison fut que les étudiants là-bas, avais-je
entendu dire, étaient plus calmes, et tenus par une stricte discipline. Pas
de

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