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Les Aveux: Nouvelle Traduction Des Confessions

Titel: Les Aveux: Nouvelle Traduction Des Confessions Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Boyer
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chose, je disais faux. J’en concluais de
façon certaine que la vérité des prédictions astrologiques ne dépendait
pas d’une science mais du hasard. Que les prédictions fausses ne relevaient pas d’une incompétence quelconque mais des illusions du
hasard.
    10.
    Par la suite, j’ai ruminé tout ça. Je ne voulais pas que l’un de ces délirants, qui monnayaient ces pratiques que je désirais maintenant attaquer, ridiculiser et réfuter, pût me résister sous prétexte que Firminius
m’aurait raconté des mensonges, ou son père. Je me concentrais sur la
naissance des jumeaux. Généralement, ils se suivent de si près, en sortant de l’utérus, que le peu de temps qui les sépare, quel que soit le sens
qu’on s’efforce de lui donner, échappe pourtant à l’observation
humaine. Il est absolument impossible de le consigner pour l’interprétation des astrologues en vue d’un horoscope juste. Ce qui ne sera
jamais le cas. Avec les mêmes notations, on aurait dû prédire la même
chose d’Ésaü et Jacob. Mais il ne leur est pas arrivé la même chose. On
se serait donc trompé. Ou si on avait dit la vérité, on n’aurait pas dit la
même chose – à partir des mêmes observations. Cela n’a donc rien de
scientifique. La vérité ici vient du hasard.
    Mais toi, Seigneur, très juste guide de l’univers, à l’insu de ceux qui
consultent et de ceux qui sont consultés, tu fais en sorte secrètement
que chacun, quand il consulte, entende ce qu’il mérite d’entendre,
selon les secrets de son âme. Tout est issu des abîmes de ton juste jugement. L’homme n’a pas à demander ce que c’est ou pourquoi ça.
L’homme n’a rien à dire. Rien à dire. Un homme, quoi.
    11.
    Mon secours.
    Tu m’avais délivré de ces liens. Je cherchais d’où vient le mal. Pas
d’issue. Mais tu ne laissais plus le flot de mes pensées m’emporter loin
de la confiance qui me faisait croire que tu es, que ta substance est
immuable, que tu prends soin des hommes, que tu les juges, que dans
le christ, ton fils, notre Seigneur, et dans les Écritures saintes garanties
par l’autorité de ton église catholique, tu as ouvert la voie de la libération de l’humanité jusqu’à la vie qui suivra cette mort.
    Tout cela était intact, ferme et définitif dans mon esprit, je cherchais
pourtant avec agitation d’où vient le mal. Tortures de mon cœur parturient. Gémissements. Mon Dieu. Tu écoutais. Je ne le savais pas. Je cherchais dans le silence comme un fou. Grandes voix vers ton amour. Muets
remords. Je souffrais. Tu le savais. Mais personne chez les humains. Que
pouvait en dire ma langue à mes plus proches amis ? Entendaient-ils
résonner tout le fracas de mon esprit alors que ni le temps ni ma bouche
n’y suffisaient ? Mais tu entendais tout du rugissement de mon cœur
gémissant. Je t’exposais mon désir. La lumière de mes yeux absente de
moi. Elle était dedans, j’étais dehors. Elle n’était nulle part. Je me
concentrais sur un lieu, et je ne découvrais nulle part où me reposer. Nul
accueil qui m’aurait fait dire, c’est assez, ou c’est bien. Ni possibilité de
revenir où, pour moi, le c’est assez aurait été bien.
    Supérieur à ces créatures, j’étais inférieur à toi. Tu aurais été ma vraie
joie si je m’étais soumis à toi. Oui, toi qui m’avais soumis tes créatures
inférieures à moi. C’était le juste équilibre, la ligne de partage où j’étais
sauvé : rester à ton image et en étant ton esclave dominer les réalités
physiques. Avec fierté, au contraire, je me dressais contre toi. Je courais
au-devant de toi couvert de mon épais bouclier. Les créatures inférieures ont alors pris le dessus sur moi. Et m’ont opprimé sans relâche
ni répit. Il en venait de partout sous mes yeux, en masses compactes.
Les images de ces réalités physiques coupaient la retraite à mon entendement. Elles semblaient me dire : où vas-tu, salaud ?
    Ma plaie avait accouché de ce mal. Tu as bien écrasé le puissant
comme un grand blessé. Ma tumeur m’a séparé de toi. L’enflure de mon
visage m’empêchait de voir.
    12.
    Mais toi, Seigneur, tu es pour toujours. Jamais en colère définitivement contre nous. Tu as eu pitié de la terre et de la cendre. Ton plaisir
a été de corriger à tes yeux mes difformités. Tu m’as envoyé des
décharges internes. C’était insupportable. Jusqu’à ce que tu deviennes
pour moi une certitude visible de l’intérieur. Ma

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