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Les Bandits

Les Bandits

Titel: Les Bandits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: E. J. Hobsawm
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révolution mexicaine comprenait deux grandes
composantes paysannes : dans le nord, le mouvement de Pancho Villa – par
excellence le genre de mouvement dont les bandits constituent la base – et, à
Morelos, l’agitation agraire dirigée par Zapata, et qui n’avait aucun point
commun avec le banditisme. Sur le plan militaire, Villa joua un rôle infiniment
plus important à l’échelon national, mais ce rôle ne modifia ni le Mexique ni
même le nord-ouest, le fief même de Villa. Le mouvement de Zapata était
uniquement régional, son chef fut tué en 1919, et ses forces militaires n’étaient
pas très importantes. C’est pourtant ce mouvement qui introduisit la réforme
agraire dans la révolution mexicaine. Les bandits fournirent un
caudillo
possible et une légende, celle
– et ce n’est pas son moindre aspect – du seul chef mexicain qui ait tenté, en
notre siècle, d’envahir la terre des
gringos
[124]
.
Mais le mouvement paysan de Morelos
produisit une révolution sociale : l’une des trois qui soient dignes de ce
nom dans l’histoire de l’Amérique latine.

CHAPITRE
9.
LES EXPROPRIATEURS
    Il convient enfin d’examiner rapidement ce que l’on pourrait
appeler du « quasi-banditisme », c’est-à-dire des révolutionnaires
qui n’appartiennent pas au monde d’origine de Robin des Bois, mais qui, d’une
façon ou d’une autre, adoptent ses méthodes et peut-être même son mythe, pour
des raisons diverses, qui peuvent être en partie idéologiques. C’est ainsi que
des anarchistes comme Bakounine idéalisaient le bandit pour en faire
    « le seul véritable révolutionnaire, sans belles phrases
ni savante rhétorique, incorruptible, infatigable, indomptable ; un
révolutionnaire populaire et social, apolitique, et ne dépendant d’aucun État ».
    Ce phénomène peut également refléter le manque de maturité
de certains révolutionnaires qui, en dépit de la nouveauté de leur idéologie, sont
plongés dans les traditions de l’ancien monde. C’est ainsi que les guérilleros
anarchistes andalous, après la guerre civile de 1936-1939, suivirent tout
naturellement les traces des « nobles
bandoferos
 »
de jadis, et que, au début du XIX e siècle, les
compagnons allemands donnèrent à leur société secrète révolutionnaire, qui
devait devenir la Ligue communiste de Karl Marx, le nom de ligue des
Hors-la-loi. (À une époque, Weitling, le tailleur communiste chrétien envisagea
même une guerre révolutionnaire menée par une armée de hors-la-loi.) Il peut y
avoir également, quand les raisons ne sont pas idéologiques, des raisons
techniques, par exemple pour certains mouvements de guérilla qui sont obligés
de suivre une tactique à peu près semblable à celle des bandits sociaux, et
pour ces marginaux mystérieux des mouvements révolutionnaires illégaux, contrebandiers,
terroristes, faux-monnayeurs, espions et « expropriateurs ». Ce
chapitre est avant tout consacré à l’« expropriation », nom pudique
dont sont traditionnellement baptisés les vols destinés à fournir des fonds aux
révolutionnaires. On trouvera dans le Post-scriptum des observations sur des
phénomènes contemporains de cette nature (voir p. 189-199 éd. anglaise).
    L’histoire de cette tactique reste à écrire. Elle apparut
probablement au point de rencontre des lignes libertaire et autoritaire du
mouvement révolutionnaire moderne, des sans-culottes et des jacobins : en
quelque sorte un enfant de Blanqui et de Bakounine. Le lieu de naissance fut
sans doute le milieu anarcho-terroriste de la Russie tsariste dans les années
1860-1870. La bombe, outil standard des expropriateurs russes au début du XX e siècle, indique l’origine terroriste. (Alors que, dans
la tradition occidentale, c’est-à-dire l’attaque de banques, que l’attaque soit
politique ou idéologiquement neutre, le revolver a toujours occupé une place
privilégiée.) À l’origine, le terme d’« expropriation » était d’ailleurs
moins un euphémisme que le reflet d’une confusion typiquement anarchiste entre
émeute et révolte, entre crime et révolution, cette confusion faisant du
gangster un insurgé véritablement libertaire et entretenant l’idée que le
simple pillage était un pas de fait vers l’expropriation spontanée de la
bourgeoisie par les opprimés. Point n’est besoin de reprocher aux anarchistes
sérieux les excès de la frange délirante constituée par les

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