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Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale

Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale

Titel: Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sinclair McKay
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Bletchley, personne n’échappait aux ravages du rationnement. Mimi se souvient comment, surtout pour les femmes, se procurer des vêtements tenait de la quête du graal.
     
    Pour aller faire du shopping, vous preniez le train jusqu’à Bedford ou Northampton et, exceptionnellement, jusqu’à Watford. Ça, c’était pour acheter des vêtements. Les meubles étaient inscrits sur un registre et les gens n’avaient de toute façon pas les moyens de se les procurer. On attendait l’émission des tickets de rationnement pour les vêtements, deux fois par an il me semble. On en recevait chaque fois vingt-six. Un manteau pour dame entièrement doublé valait par exemple dix-huit tickets. C’est dire si on ne pouvait pas acheter grand-chose.
    Et pour une paire de chaussettes ou de bas, c’était un ticket. Impossible, donc, d’acheter en quantité. Concernant les chaussures, si elles étaient trouées ou abîmées, on les amenait chez le cordonnier. Pas question de les bazarder comme maintenant.
    Vers la fin de la guerre, un magasin de robes a ouvert à Bletchley, près du cinéma Studio.
    Sinon, il y avait le boucher, le boulanger, l’épicerie Co-op, puis le grand magasin. Et si vous pouviez vous payer des choses dans ces boutiques, c’est que vous étiez riche.
     
    Ainsi, Bletchley et ses habitants virent la population de la ville grandir grâce à l’afflux de nouvelles têtes, toutes jeunes et de classes sociales différentes, en provenance de tout le pays. Si on spéculait sur la provenance de ces jeunes gens, les habitants de Bletchley étaient suffisamment bons (et patriotiques) pour garder leurs interrogations pour eux. Néanmoins, à l’instar du personnel du Park, cette discrétion collective continue de surprendre. À ce jour, nombre d’anciens de Bletchley demeurent admiratifs, non seulement de l’hospitalité offerte à beaucoup d’entre eux, mais également du fait que les habitants de Bletchley veillaient consciencieusement à ne jamais poser de questions sur ce qui se passait au sein du Park.
    Ce détail était d’une valeur inestimable en termes de sécurité. Comme le souligne la logeuse de Sheila Lawn, les habitants savaient pertinemment que le Park était une institution secrète grouillant d’experts. Mais réprimer l’envie de parler ou de se perdre en conjectures semblait être devenu un phénomène endémique.
    Comme l’explique Mimi Gallilee, ce qui semble aujourd’hui surprenant allait vraiment de soi à l’époque. Au début de la guerre, il n’y avait pas seulement les affiches « Parler à tort et à travers coûte des vies », omniprésentes. Les panneaux de signalisation routière et ferroviaire avaient été démontés afin de tromper les espions et envahisseurs potentiels. Dans l’armée ou chez les civils, on avait bien compris qu’il ne fallait pas avoir la langue trop pendue.
    Ceci dit, précise Mimi Gallilee, on ne pouvait s’empêcher de se demander par moments ce qui se passait dans la tête des habitants de la ville.
     
    Mais que pouvaient bien penser les habitants de Bletchley ? Je ne me souviens même pas que l’on m’ait un jour demandé “Qu’est-ce que vous faites là-bas ?” J’ai donc commencé à m’interroger. Que diable pensaient-ils de tout ça ? Que croyaient-ils qu’il se passait au Park ?
    Personne n’a jamais rien dit. Les habitants de Bletchley n’avaient aucune raison de garder des secrets pour eux. Ce n’était pas un devoir. 
     
    Un léger facteur de classe jouait peut-être. Les personnes évoluant au sein du manoir avaient peut-être automatiquement le pas sur les gens du cru. Malgré sa jeunesse, le contingent de jeunes recrues de la classe moyenne débarqué à Bletchley Park avait un statut social supérieur à celui des habitants de Bletchley, lesquels n’avaient tout simplement pas à leur poser de questions sur leurs activités.
    Si les foyers de tout le pays hébergeaient une foule de nouvelles têtes, certains parvinrent, à force de supplications, à garder leur maison ou bungalow vierge de tout intrus tout au long de la guerre. En règle générale, le système impliquait que des inspecteurs commencent par visiter les propriétés adaptées et demandent aux propriétaires quelle pièce ils pouvaient éventuellement mettre à disposition. Les propriétaires ayant le plus de repartie et désireux de préserver leur intimité savaient raconter des histoires sur leurs proches âgés et le manque d’espace.

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