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Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale

Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale

Titel: Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sinclair McKay
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d’eau. Vous passiez alors votre temps à vous lever du lit, à boire de l’eau et à dormir. Et, au bout de quatre jours et demi environ, vous vous réveilliez. C’est ce qui m’est arrivé.
     
    L’autre difficulté avec les bombes était leur configuration. Ruth Bourne se souvient encore :
     
    En tant qu’opératrice, il fallait être très précise. Pas besoin d’être un génie des mots croisés ou une spécialiste du grec ancien, mais il fallait être extrêmement précise, à cause de tous ces petits câbles sur le rotor (un petit groupe de câbles ne devait pas toucher un autre groupe). Et, lorsque vous branchiez vingt-six connecteurs à broches, il ne fallait pas tordre les broches. La moindre erreur causait un court-circuit.
    Et, toutes les quinze minutes, la machine s’arrêtait et il fallait changer la position de certains rotors. On devait alors vérifier les rotors avec une pince et les replacer sur le panneau. Vous mettiez les nouveaux rotors, vérifiiez les anciens et, s’il y avait beaucoup de rotors, vous aviez parfois à peine le temps de les vérifier. Au bout de quinze minutes, vous recommenciez avec un autre lot de rotors.
     
    Ruth Bourne se rappelle en particulier qu’elle observait les femmes terminant une semaine de travail de nuit. « Elles avaient un visage terriblement pâle. Je me souviens que, lorsque je suis entrée là pour la première fois, j’ai vu toutes ces femmes, véritables épouvantails au teint blafard, sortir de leur rotation de huit heures. Je me suis alors dit, “Mon Dieu”. »
    Anecdote révélatrice, un certain Dr Gavin Dunlop, de Newcastle Street, Workshop, Notts, envoya aux autorités de Bletchley Park une lettre exprimant son inquiétude à propos de l’une de ses patientes, une Wren, qui venait de passer un an à un poste d’opératrice de bombes cryptographiques :
     
    Monsieur,
    Mlle Adele Moloney n’est pas revenue de permission parce que j’ai décidé de la consigner au lit en raison d’une forte fièvre. Ce n’est pas la première fois que ça lui arrive pendant une permission. Et comme je ne vois pas de raison physique à son état, je me demande si la nature de son travail n’y est pas pour quelque chose.
    Mlle Moloney est tellement consciencieuse qu’elle ne divulguera pas le moindre détail sur ce qu’elle fait, même si ce n’est pas dans son intérêt. Comme j’ai du mal à croire que le travail de cette jeune fille soit important au point qu’elle laisse son médecin dans l’ignorance, j’ai pensé qu’il me fallait vous écrire pour recueillir votre éclairage.
     
    C’était l’illustration parfaite du secret absolu conservé à tous les niveaux sur ce qui se déroulait à Bletchley. Deux jours plus tard, le commandant Bradshaw se fendit d’une réponse :
     
    Je suis désolé d’apprendre l’indisposition de Mlle Moloney. En temps normal, rien dans son travail, que nous sachions, n’est susceptible de nuire à sa santé. De nombreuses autres jeunes filles effectuent le même travail et, à notre connaissance, aucune n’est souffrante. Les horaires ne sont pas anormalement longs. S’il s’agit d’un travail impliquant de rester souvent debout, il n’est pas physiquement épuisant.
     
    Bradshaw ajoutait, en maniant la litote :
     
    … son silence n’a rien d’exceptionnel. Son comportement est tout à fait correct et même vivement recommandé. Je le souligne d’ailleurs pour vous éviter de continuer de l’interroger sur le sujet. Les échos des maladies touchant la section dans laquelle elle travaille correspondent à ceux que l’on a des autres sections, où le travail varie considérablement, tout comme l’âge du personnel…
    Je pense donc qu’il vous faut chercher ailleurs les raisons de son indisposition, à moins que Mlle Moloney juge le travail mentalement contraignant et source d’inquiétude. Elle est parfaitement libre d’émettre ce jugement…
     
    Inutile d’ajouter que, même sans le contexte de guerre, on ne vivait pas une époque où les répercussions des conditions de travail sur la santé étaient une préoccupation majeure ou faisaient l’objet de travaux de recherche. Des chantiers de construction navale aux houillères, en passant par les usines assourdissantes équipées de machines potentiellement dangereuses, les désagréments des métiers manuels faisaient partie des inconvénients que les hommes et les femmes actifs devaient accepter en échange de leur salaire.

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