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Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale

Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale

Titel: Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sinclair McKay
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venait vous servir. Ici, vous alliez vous servir vous-même, chose que je n’avais jamais vue auparavant. C’était un nouvel univers. Tout était différent. »
    Quelles que soient les plaintes, il y avait un bon côté. Depuis la guerre, il avait été prouvé à maintes reprises que, malgré toutes sortes de privations et aussi ennuyeuse que puisse être la pénurie de beurre, sucre et viande, le régime alimentaire en temps de guerre était peut-être le plus sain que les Britanniques aient jamais suivi.

15
1941 : les blagues des Wrens
    Lorsque le nombre de Wrens passa au sein du Park de quelques centaines à plusieurs milliers, leur présence renforcée modifia de façon subtile l’atmosphère. Les photographies de ces filles en uniforme, prises sous un soleil brillant apparemment en permanence dans le Buckinghamshire, offrent une certaine fraîcheur et montrent également des visages où se lisent la bonne humeur et le bon sens.
    Malgré les inconvénients, les privations et le manque de liberté relatif (ou peut-être parce que, pour beaucoup de filles appartenant au prolétariat, cette vie offrait plus de liberté), il régnait comme une satisfaction collective, le fait de savoir qu’elles apportaient leur pierre à l’édifice.
    Pour Jean Valentine, qui avait grandi dans la ville de Perth, en Écosse, et eut 18 ans dans les dernières années de la guerre, s’engager était un devoir patriotique, même si elle estime que son affectation aux bombes de Turing était une erreur administrative. En effet, détail capital, avec sa taille dépassant tout juste le mètre cinquante, elle était, selon les directives de Bletchley, trop petite (ainsi, quand Jean commença à travailler sur les machines – une fois dans le secret des dieux, on ne pouvait plus faire machine arrière – elle était dans l’obligation d’utiliser un outil spécial pour atteindre les tambours les plus hauts). Pendant ces années, à l’instar de nombreuses jeunes femmes, elle était bien consciente de la nécessité d’apporter une contribution des plus pratiques et sérieuses. Rester chez soi ne suffisait pas, comme elle s’en souvient aujourd’hui :
     
    J’attendais d’avoir 18 ans et je pensais : si tu ne te dépêches pas de faire quelque chose de positif, en dehors d’un peu de surveillance contre les incendies et de tâches dans une cantine militaire… tu pourrais te retrouver dans une usine de fabrication de munitions. Ou à la ferme. Ces deux perspectives ne me disaient rien.
    Alors, un jour que j’allais rendre visite à ma tante, à Carnoustie, près de Dundee, j’avais un peu de temps libre et je me suis promenée dans la ville. Je suis tombée sur un centre de recrutement pour la marine. Je suis entrée. Ils m’ont fait passer un test d’intelligence et m’ont dit : « On vous recontacte. »
     
    Comme la linguiste Sheila Lawn, Jean Valentine n’avait jamais quitté son pays natal. Elle avait été élevée dans une famille aisée appartenant à la classe moyenne. Son père avait des affaires à Perth, comme Valentine’s Motors, dont les habitants de la ville se souviennent encore aujourd’hui. Jean avait conscience de s’engager dans une vie radicalement différente de celle qu’elle avait connue. Grâce à cette confusion administrative, elle épousait une carrière consistant à contribuer au démantèlement des codes Enigma. Son entrée brutale dans cette vie fut cependant un choc culturel bouleversant.
     
    J’ai reçu une convocation et un billet de train à destination du château de Tullichewan, dans le Dumbartonshire, qui abritait à l’époque un centre de formation pour les Wrens. J’ai passé là quinze jours à apprendre à marcher, à saluer et d’autres choses de ce genre.
    On nous a dit que les ouvriers venaient tout juste de quitter le château. L’endroit était crasseux. J’étais dégoûtée. Les tables étaient bien grasses et les installations sanitaires pour le moins sommaires. Il y avait de grands baraquements en béton, jusqu’au sol. Les toilettes avaient des portes mais pas de serrure. Et je ne vous parle pas de l’odeur.
    Il y avait une pièce où l’on pouvait prendre une douche, les pommeaux étant alignés sur le mur. J’étais fille unique et je n’avais pas l’habitude de me déshabiller et de me laver devant les autres. Mais j’ai fait comme tout le monde. Certaines gardaient leur maillot de bain parce qu’elles étaient trop gênées pour se

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