Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale
WAAF, a tenu un journal intime de manière irrégulière. Elle se rappelle, après son engagement, avoir été envoyée non loin de là, dans la ville de Leighton Buzzard, où, en compagnie d’autres filles de la WAAF, elle apprit à marcher au pas sous les ordres d’un sergent masculin horriblement gêné.
On leur précisa que les maths et la science n’étaient pas des sujets pour les filles. Mlle Ashbee fut ensuite affectée à Stanmore, où elle se souvient avoir rencontré une photographe de danse classique lesbienne. Elle ne semblait pas choquée outre mesure.
Elle a encore en mémoire les rituels que respectaient des centaines de jeunes femmes. Concernant les loisirs, cela se traduisait par un régime léger de séances de lecture, tricot et jeu d’échecs. L’esprit égalitaire de l’après-guerre n’était pas encore d’actualité. Même dans les WAAF, on ne fraternisait pas entre personnes de conditions ou grades différents. Mlle Ashbee se souvient de débats, dans le début des années 1940, dont la question centrale était de savoir si les « cocos » étaient pires que les nazis.
Elle fut ensuite envoyée à Bletchley pendant un moment. Elle en a gardé des souvenirs sommaires de Josh Cooper et de ce mélange troublant de militaires et de civils qui se côtoyaient. Mlle Ashbee se souvient seulement d’« un café » et (peut-être parce qu’elle n’était pas extraordinairement populaire) d’« aucune vie sociale ».
De nombreuses Wrens logeaient dans l’abbaye de Woburn, autrefois une splendide demeure et qui devait devenir, après la guerre, l’une des attractions touristiques les plus prisées du pays. Pour ceux qui regardent aujourd’hui la téléréalité et s’étonnent du temps que tiennent de parfaits inconnus à cohabiter en vase clos, il vaut la peine de se pencher sur la vie que l’on menait à l’abbaye. Vu le caractère éreintant du travail et les horaires pénibles, ce poème de dortoir, intitulé « Martha’s Prayer » (la prière de Martha) présente un côté amusant :
God bless Marie and grant she [Dieu bénisse Marie et qu’il veille]
May not drop things and wake me [À ce qu’elle ne fasse rien tomber qui me réveille]
And grant that Marjorie’s heavy feet [Et à ce que le pas lourd de Marjorie]
May not disturb my slumbers sweet [Ne perturbe pas mon doux sommeil]
And when they go to bed at four [Et quand elles vont se coucher à quatre heures]
Oh God, don’t let them slam the door. [Oh mon Dieu, faites en sorte qu’elles ne claquent pas la porte, par malheur.]
Il y avait un peu de Malory Towers 28 dans le décor. Certaines femmes se rappellent qu’elles écoutaient la radio en haut de la tour et qu’il se posait constamment un problème de chauves-souris, lesquelles déclenchaient une belle panique.
L’abbaye de Woburn avait aussi la réputation d’être hantée. Selon Jack Lightfoot, de la RAF, les jeunes femmes parlaient du fantôme de la « duchesse volante », Mary, duchesse de Bedford, née à l’époque victorienne, qui se mit à aimer le nouveau loisir qu’était l’aviation à l’âge de 61 ans. À ce que l’on disait, l’édifice était également hanté par un moine et on évoquait certaines portes qui ne demeuraient pas fermées la nuit.
Il ne restait cependant pas beaucoup de temps pour les activités spectrales nocturnes car Bletchley Park tournait 24 heures sur 24 et des bus spéciaux transportaient le personnel après minuit et avant 8 heures.
Des Wrens étaient également en poste à quelques kilomètres, dans un petit village, Gayhurst. Là, écrit Diane Payne :
150 Wrens vivaient et travaillaient sur place, les chambres étaient froides, il n’y avait pas de transport et, à ce qu’on dit, des hirondelles y avaient fait leur nid et allaient et venaient par les vitres cassées. Les souris pullulaient également et un jour, au déjeuner, on en retrouva une, morte, dans la saucière.
C’était un bel endroit, qui datait de 1086. Sir Francis Drake 29 en fut le propriétaire en 1581. Les Wrens utilisaient la vieille église du parc tous les dimanches et mon amie se souvient qu’elle jouait consciencieusement de l’orgue.
Quelle vertu ! Je suis sûr que cela aurait frappé l’imagination de nombre de pensionnaires masculins de Bletchley. Et ce ne sont pas les histoires de Wrens prenant le soleil les seins nus sur le toit du manoir de Gayhurst qui diront le contraire.
Si, pour
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