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Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale

Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale

Titel: Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sinclair McKay
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mon personnel masculin par son intermédiaire.
     
    Turing et Welchman prirent soin de préciser que, grâce aux efforts de Travis, Bletchley était très bien approvisionné en technologie et surtout en bombes (même si, à l’époque, il n’y en avait pas beaucoup). Ils recherchaient surtout des cryptanalystes et des Wrens. Turing écrivit une lettre à Churchill :
     
    Monsieur le Premier ministre,
    Vous nous avez fait l’honneur de votre visite il y a quelques semaines et nous avons conscience de l’importance que vous accordez à notre travail. Vous aurez constaté qu’en grande partie grâce à l’énergie et à la prévoyance du capitaine Travis, nous avons été très bien approvisionnés en « bombes » pour craquer les codes Enigma allemands. Nous estimons cependant de notre devoir de vous informer que ce travail est ralenti, voire pas du tout accompli, essentiellement par manque de personnel.
    Nous nous adressons directement à vous parce que nous avons fait tout notre possible pendant des mois par la voie normale et que nous désespérons de voir le dossier avancer si vous n’intervenez pas personnellement. Il ne fait nul doute que ces besoins seront satisfaits à long terme, mais, en attendant, nous aurons perdu de précieux mois. Et comme ces besoins augmentent sans cesse, nous avons peu d’espoir d’obtenir les effectifs nécessaires.
     
    Turing poursuit en spécifiant les besoins pour chaque baraquement en matière de secrétaires, dactylos, Wrens, etc. Puis, il conclut ainsi :
     
    Nous avons l’impression que nous faillirions à notre mission en n’attirant pas votre attention sur ces circonstances et leurs répercussions actuelles et futures sur notre travail si des mesures ne sont pas prises immédiatement.
     
    Turing, Welchman, Stuart Milner-Barry et Hugh Alexander signèrent ce courrier hors procédure habituelle et l’homme chargé de le remettre fut Milner-Barry. Selon un témoignage, il est arrivé au 10 Downing Street et a mis un peu de temps à être admis dans les lieux. L’ennui, c’est qu’il n’avait aucun document d’identification officiel. Il finit cependant par être invité à entrer et on le dirigea vers le secrétaire personnel de Churchill, le général de brigade Harvie Walker.
    Le général de brigade se méfiait visiblement beaucoup de cet homme apparemment désorganisé qui ne détenait aucun papier officiel. Le refus obstiné de Milner-Barry de révéler le contenu de cette lettre ne fit rien pour apaiser les soupçons du général de brigade. Harvie Walker se laissa finalement persuader d’apporter la lettre à Churchill. En lisant la demande, Churchill réagit instantanément en disant à son secrétaire général : « Veillez à ce qu’ils reçoivent de toute urgence tout ce qu’ils demandent et prévenez-moi quand ce sera fait. » Cet ordre écrit s’accompagna d’un autocollant placé en haut de la lettre disant : « À traiter ce jour ».
    La forte impression faite par Churchill à toute l’institution lors de sa visite de 1941 illustre à merveille à quel point celle-ci avait besoin qu’on lui remonte le moral. Les casseurs de codes savaient très bien qu’ils n’étaient pas des « beaux mecs » comme les gars de la RAF. Ils n’avaient pas non plus de bataille d’Angleterre à raconter, seulement des jours, semaines et mois de calcul, de réflexion, d’expérimentation, dans des circonstances enveloppées d’un tel secret que le climat n’était pas propice aux louanges publiques.
    En outre, contrairement aux agents du MI5, du MI6 et du Special Operations Executive 30 , tous extrêmement bien formés et aguerris, une bonne partie du personnel de Bletchley Park était composée d’universitaires au tempérament caractéristique de ce milieu. Cela signifie qu’ils étaient habitués à l’approbation des collègues. La dimension secrète de leur travail a pu parfois les rendre fous, même si nombre de vétérans le nient farouchement.
    Churchill continua de tenir le travail de Bletchley en très haute estime à mesure que la guerre progressa. Il faut cependant s’interroger sur certaines de ses décisions à propos de la place de cette institution après la guerre qui, pour certains, sont à l’origine de l’attitude frileuse de la Grande-Bretagne au moment où il fallut façonner un nouvel ordre mondial.

17
Militaire ou civil ?
    « Forcer les casseurs de codes à rejoindre la Home Guard fut une absurdité »,

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