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Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale

Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale

Titel: Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sinclair McKay
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souligne un ancien, en se souvenant que c’est le seul moment de la guerre où il fut contraint d’endosser un uniforme militaire. Pour certains jeunes hommes à lunettes parmi les plus intellectuels, le principe même de prendre part à des exercices de nuit, le visage maquillé au bouchon de liège, à hululer comme un hibou, à faire le pied de grue devant une barrière ou à simplement courir le fusil à la main en essayant de toucher des cibles, les agaçait profondément, surtout quand ces exercices phagocytaient un précieux temps de réflexion.
    D’autres, cependant, tel Alan Turing, trouvaient ces manœuvres divertissantes. Mais leur caractère obligatoire heurtait l’une des caractéristiques les plus séduisantes, ambiguës et déconcertantes de Bletchley Park.
    Comme nous l’avons vu précédemment, l’institution n’était ni entièrement militaire ni complètement civile. Bien que, dans les premiers jours, la direction ait compté dans ses rangs quelques éminents personnages en uniforme tels que John Tiltman, Bletchley Park restait sous la coupe de Sir Stewart Menzies, chef du MI6, lequel MI6 dépendait du ministère des Affaires étrangères et rendait directement compte au Premier ministre. En outre, la campagne de recrutement était presque entièrement axée sur les civils. Et, contrairement à ce qui se passait dans toutes les infrastructures militaires, à Bletchley Park il n’y avait pas d’exercices, de défilés, de séances d’entraînement et, élément capital, pas d’ordres.
    Quand on repense aujourd’hui à la guerre, il est naturel que l’on imagine une société aux accents militaires. Lorsque les gens recevaient l’ordre de s’engager dans l’armée ou dans un autre service, la question de désobéir se posait rarement. Dans ce cas, pourquoi une structure de la nature de Bletchley Park, renfermant des informations capitales et top secrètes, ne suivait-elle pas une discipline militaire ? Dès le tout début de l’existence du Park, à qui ces jeunes casseurs de codes et linguistes rendaient-ils compte ? Et quid de l’armée de Wrens qui allaient débarquer ? Devaient-elles obéir aux ordres des militaires ou des civils ?
    « L’endroit était très étrange, dit l’ancienne Wren Jean Valentine. Il y avait les militaires masculins, les militaires féminines et enfin les civils. Comment imposer une discipline dans ces conditions ? Quoi que vous ayez pu faire, cela n’aurait pas été juste. Il n’aurait pas été approprié de placer les civils au-dessus ou au-dessous des autres. Le seul moyen que cela fonctionne était de placer tout le monde sur un pied d’égalité. »
    La Wren Ruth Bourne se remémore également cette atmosphère informelle qui contrastait avec le poste qu’elle devait occuper plus tard à Eastcote, l’annexe de Bletchley Park dans le Middlesex : « À BP, il y avait de tout : civils, ATS, Wrens, WAAF. On ne se saluait pas. Nous étions tous sur le même pied d’égalité. Pas de hiérarchie. Eastcote respectait bien plus le moule de la marine. Il fallait saluer les officiers. Tandis qu’à Bletchley Park, nous étions tous mélangés. »
    Oliver Lawn trouva dès le départ qu’il régnait un sentiment de liberté extraordinaire : « En ce qui me concernait, [le poste] m’offrait une autonomie totale. » Il ajoute que les tâches de déchiffrement ne pouvaient être plus éloignées de l’esprit militaire. Il se souvient :
     
    Notre chaîne de commandement était simplement le chef du baraquement 6. Il y eut d’abord Gordon Welchman. Il s’est ensuite occupé des opérations transatlantiques, ses attributions se sont élargies et on le voyait donc moins souvent.
    Stuart Milner-Barry a succédé à Welchman à la tête du baraquement 6. C’était un excellent chef. Il n’était pas cryptographe de métier, mais très intelligent, doué en management et il s’occupait très bien de nous. Puis, au même moment, ils ont mis un certain Fletcher qui ne connaissait rien à l’encadrement. Son souci était qu’on perçoive le matériel dont on avait besoin, que les bombes soient fabriquées dans les temps. Il aimait l’ordre, ce genre de choses. Un vrai chef des approvisionnements, en réalité.
    Mais Milner-Barry était le père qui nous donnait les consignes. Nous avions de temps en temps des réunions au cours desquelles nous pouvions discuter avec lui, mais c’était un style de management permissif convenant à

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