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Les chasseurs de mammouths

Les chasseurs de mammouths

Titel: Les chasseurs de mammouths Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: J. M. Auel
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creusa d’un pli profond. Il avait utilisé ce
même mot à son propos, elle s’en souvenait, quand elle avait tiré avec sa
fronde. Elle ne savait trop si elle le comprenait dans le sens où il l’employait.
    — Tu es artiste ? demanda-t-elle.
    Il grimaça un sourire ironique. La question de la jeune femme
avait touché un problème auquel il était très sensible.
    Son peuple croyait que la Mère avait d’abord créé un monde
spirituel. Les esprits de tous les éléments qui le composaient étaient
parfaits. Ces esprits avaient produit ensuite des copies vivantes d’eux-mêmes,
afin de peupler le monde de tous les jours. L’esprit représentait le modèle, le
dessin primitif d’où toutes choses dérivaient. Mais aucune copie ne pouvait
avoir la perfection de l’original. Les esprits eux-mêmes étaient incapables de
former des copies parfaites, ce qui expliquait les différences qui existaient
entre elles.
    Les êtres humains étaient uniques, plus proches de la Mère que
les autres esprits. La Mère avait donné naissance à une copie d’Elle-même et l’avait
appelée Esprit de la Femme. Elle avait alors fait naître de son sein un Esprit
de l’Homme, comme tout homme naissait d’une femme. Après quoi, la Grande Mère
avait amené l’esprit de la femme parfaite à s’unir à l’esprit de l’homme
parfait et fait ainsi naître de nombreux esprits d’enfants, tous différents.
Mais Elle choisissait Elle-même l’Esprit de l’homme particulier qui devrait s’unir
à l’esprit d’une femme particulière, avant de souffler dans la bouche de cette
femme Sa propre force de vie, qui produirait la conception. A quelques-uns de
Ses enfants, hommes et femmes, la Mère accordait des dons spéciaux.
    Ranec se disait sculpteur : il créait des objets à la
ressemblance d’êtres vivants ou spirituels. Les sculptures étaient des objets
utiles. Elles personnifiaient des esprits, les rendaient visibles, concevables,
elles représentaient des instruments essentiels à certains rites, notamment aux
cérémonies conduites par les Mamutoï. Ceux qui savaient créer de tels objets
étaient tenus en grande estime. C’étaient des artistes de talent, choisis par
la Mère.
    Bien des gens pensaient que tous les sculpteurs, en fait, tous
les hommes capables de façonner ou de décorer des objets pour les élever
au-dessus de leur condition purement utilitaire, étaient des artistes. Mais, de
l’avis de Ranec, tous les artistes n’avaient pas reçu des dons équivalents, ou
peut-être n’apportaient-ils pas tous à leur ouvrage un soin équivalent. Les
animaux et les êtres qu’ils représentaient étaient grossiers. Pour lui, de
telles représentations étaient une insulte aux esprits et à la Mère qui les
avait créés.
    Selon Ranec, le plus parfait exemple de toute chose était un
objet de beauté, et tout ce qui était beau était l’exemple le plus parfait de l’esprit.
Son essence même. Telle était sa foi. Au-delà, au plus secret de son âme d’esthète,
il attribuait à la beauté une valeur intrinsèque et il trouvait en toutes
choses un potentiel de beauté. Certaines activités, certains objets pouvaient
être simplement fonctionnels, mais, pour lui, quiconque parvenait presque à la
perfection dans son activité était un artiste, et les résultats obtenus
contenaient l’essence de la beauté. Mais l’art résidait tout autant dans l’activité
elle-même que dans ses résultats. Les œuvres d’art n’étaient pas uniquement le
produit fini mais aussi l’idée, l’action, le processus qui les avaient fait
naître.
    Ranec recherchait la beauté, comme s’il s’était agi d’une quête
sacrée, non seulement avec ses mains habiles mais, plus encore, avec son œil
doté d’une sensibilité innée. Il éprouvait le besoin de s’en entourer et il
commençait à considérer Ayla elle-même comme une œuvre d’art, comme la plus
belle, la plus parfaite expression de la femme qu’il pût imaginer. La beauté n’était
pas une représentation statique : c’était l’essence, c’était l’esprit, c’était
ce qui animait l’image. Elle s’exprimait au plus haut degré dans le mouvement,
le comportement, le talent. Une femme d’une grande beauté était une femme
complète, dynamique. Même s’il ne l’exprimait pas d’une manière aussi détaillée,
Ayla commençait à représenter pour lui la parfaite incarnation de l’Esprit de
la Femme originel. Elle était

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