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Les chasseurs de mammouths

Les chasseurs de mammouths

Titel: Les chasseurs de mammouths Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: J. M. Auel
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l’essence de la femme, l’essence de la beauté.
    L’homme à la peau sombre, aux yeux rieurs et à l’esprit
ironique, sous lesquels il avait appris à masquer ses désirs les plus intimes,
s’efforçait de créer dans son propre travail la perfection et la beauté. Ses
efforts lui valaient d’être acclamé par son peuple comme le meilleur sculpteur
de tous, comme un artiste qui se distinguait des autres. Mais, comme bien des
perfectionnistes, il n’était jamais tout à fait satisfait de ses créations. Il
refusait de se considérer comme un artiste.
    — Je suis un sculpteur, répondit-il à Ayla. Il la vit
perplexe, ajouta :
    — Certaines personnes donnent volontiers le nom d’artiste
au premier sculpteur venu.
    Il hésita un instant : il se demandait comment elle
apprécierait son œuvre.
    — Tu aimerais, dit-il enfin, voir quelques-unes de mes
sculptures ?
    — Oui, répondit-elle.
    La franchise de cette réponse le laissa un moment interloqué. Il
renversa ensuite la tête en arrière pour lancer un éclat de rire retentissant.
Mais bien sûr, qu’aurait-elle pu répondre d’autre ? Les yeux plissés de
plaisir, il lui fit signe de le suivre.
    Jondalar les regarda passer ensemble sous la voûte. Il sentit s’abattre
sur ses épaules un poids considérable. Il ferma les yeux, laissa tomber sa tête
sur sa poitrine.
    Les attentions féminines n’avaient jamais manqué à ce grand et
bel homme. Mais il n’avait pas conscience de ce qui le rendait si attirant et
il n’avait donc aucune confiance en son pouvoir. Façonneur d’outils, il était
plus à l’aise avec le physique qu’avec le métaphysique. Sa considérable
intelligence s’appliquait de préférence à la compréhension des aspects
techniques de la pression et de la percussion sur la silice cristalline
homogène – le silex. Il percevait le monde en termes physiques.
    De même, il s’exprimait physiquement. Ses gestes étaient plus
expressifs que ses paroles. Certes, il n’était pas incapable de parler :
il n’était simplement pas très doué dans ce domaine. Il avait appris à conter
une histoire assez convenablement mais il n’avait pas le don de la répartie
facile et des réponses teintées d’humour. C’était un homme grave, secret, qui n’aimait
pas parler de lui-même. Toutefois, il écoutait bien, attirait les confidences,
les confessions. Dans son pays, il avait joui d’une renommée d’excellent
artisan, mais ces mêmes mains qui pouvaient si délicatement transformer la
pierre dure en outil raffiné faisaient preuve d’un égal talent pour découvrir
les points sensibles d’un corps de femme. C’était là une autre expression de sa
nature physique, et sa renommée dans ce domaine, si elle avait été moins
publique, n’en avait pas été moins grande. Les femmes le poursuivaient de leurs
assiduités, et l’on faisait des plaisanteries sur son « autre »
artisanat.
    C’était là un talent qu’il avait cultivé, comme il avait appris
à façonner le silex. Il connaissait les endroits sensibles, il saisissait les
signaux les plus subtils et savait y répondre, il prenait plaisir à donner le
Plaisir. Ses mains, ses yeux, son corps tout entier s’exprimaient plus
éloquemment que tous les mots qu’il aurait pu utiliser. Si Ranec avait été une
femme, il aurait dit que Jondalar était un artiste.
    Jondalar avait contracté une affection sincère et chaleureuse
pour certaines femmes, il les appréciait toutes sur un plan physique mais,
jusqu’à sa rencontre avec Ayla, il n’avait jamais aimé et il n’avait aucune
assurance qu’elle l’aimât vraiment. Comment l’aurait-elle pu ? Elle n’avait
aucun point de comparaison. Jusqu’à leur arrivée en ces lieux, il était le seul
homme qu’elle connût. Il reconnaissait dans le sculpteur un homme exceptionnel,
doté d’un charme considérable, et il percevait chez lui les signes d’une
attirance grandissante vers Ayla. S’il existait un homme capable de conquérir l’amour
de la jeune femme, Ranec, il le savait, était celui-là. Jondalar avait parcouru
la moitié du monde avant de découvrir une femme qu’il pût aimer. Il l’avait
enfin trouvée. Allait-il la perdre si vite ?
    Mais peut-être méritait-il de la perdre ? Pouvait-il l’emmener
avec lui, connaissant l’opinion de son peuple sur les femmes de sa sorte ?
En dépit de sa jalousie, il commençait à se demander s’il était bien l’homme qu’il
lui

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