Les chasseurs de mammouths
un immense plateau
chargé de nourriture. Ayla réprima une exclamation, ouvrit des yeux immenses.
Le chef portait une coiffure fantastique, si haute qu’elle touchait presque le
plafond. Elle était faite de cuir teint de différentes couleurs, de plusieurs
sortes de fourrure, y compris une longue queue touffue d’écureuil qui pendait
dans son dos ; deux pointes de défenses de mammouth, relativement petites,
se dressaient de chaque côté de sa tête et se croisaient au-dessus comme celles
qui formaient les arches d’entrée. Sa tunique, qui descendait aux genoux, était
marron foncé du moins ce qu’on en voyait. Tout le devant était si abondamment
orné de motifs compliqués faits de perle d’ivoire, de dents d’animaux et de
coquillages qu’il était malaisé de distinguer le cuir.
Il portait autour du cou un pesant collier composé de griffes de
lion des cavernes et d’une canine, séparées par des morceaux d’ambre. Une
plaque d’ivoire, gravée de signes énigmatiques, y était suspendue et descendait
sur sa poitrine. Une large bande de cuir noir ceignait sa taille et se fermait
par des lanières qui se terminaient sur le devant par des glands. Y étaient
suspendus un poignard, fait de la pointe aiguisée d’une défense de mammouth,
une gaine de cuir qui protégeait un couteau de silex à manche d’ivoire et un
objet rond, en forme de roue, divisé par des rayons, où s’accrochaient par des
lanières une bourse, quelques canines et, surtout, la touffe de poils prélevée
sur la queue d’un lion des cavernes. Une longue frange de poils de mammouth,
qui balayait presque le sol, révélait, quand il marchait, que ses jambières
étaient aussi ornementées que sa tunique.
Quant à ses pieds, ils étaient gainés chacun d’une peau noire,
luisante parfaitement ajustée, sans décoration et surtout sans la moindre
couture visible. Encore une de ces énigmes dont Ayla espérait découvrir la
réponse plus tard.
— Jondalar ! Tu as trouvé les deux femmes les plus
séduisantes de l’assemblée, je vois ! clama Talut.
— Tu as raison, répondit Jondalar en souriant.
— Je n’hésiterais pas à déclarer que ces deux-là seraient
capables de tenir leur place en n’importe quelle compagnie, poursuivit Talut.
Toi qui as voyagé, qu’en dis-tu ?
— Je ne discuterai certainement pas. J’ai vu beaucoup de
femmes, mais jamais je n’en ai vu d’aussi belles qu’ici même, répondit le jeune
homme.
Il posa sur Ayla un regard appuyé, avant de sourire à Deegie.
Celle-ci se mit à rire. Ce badinage l’amusait, mais le cœur de Jondalar était
ailleurs, on n’en pouvait douter. Talut, de son côté, lui faisait sans cesse
des compliments extravagants. Elle était sa descendante reconnue, son
héritière, fille de sa sœur qui était elle-même la fille de la propre mère du
chef. Il aimait les enfants de son foyer et il assurait leur existence, mais c’étaient
les enfants de Nezzie, les héritiers de Wymez, le frère de leur mère. Elle
avait adopté Ranec, aussi, parce que sa mère était morte, ce qui faisait de lui
tout à la fois l’enfant du foyer de Wymez et son héritier, mais c’était là une
exception.
Tous les membres du Camp étaient heureux de parader dans leurs
plus beaux atours, et Ayla veillait instamment à ne pas les détailler d’un
regard trop prolongé. Les tuniques étaient de longueurs différentes, avec ou
sans manches et de couleurs diverses, ornées selon le goût de chacun. Celles
des hommes étaient souvent plus courtes, plus abondamment décorées, et ils
portaient généralement quelque chose sur la tête. Les femmes préféraient le
plus souvent la tunique dont le bord inférieur était en forme de V, bien que
celle de Tulie ressemblât plutôt à une chemise ceinturée, portée sur des
jambières. Elle était couverte, en motifs décoratifs et compliqués, de perles,
de coquillages, de dents, d’ivoire ciselé et, particulièrement, d’ambre. Elle
ne portait pas de coiffure, mais ses cheveux étaient disposés et ornés avec un
tel art qu’elle n’avait pas besoin d’autre chose.
Mais, de toutes, la tunique de Crozie était la plus originale.
Au lieu de se terminer en pointe par-devant, elle était coupée entièrement en
diagonale, avec une pointe arrondie sur la droite et une échancrure arrondie
sur la gauche. Plus étonnante encore était sa couleur. Elle était blanche, ni
blanc cassé ni ivoire, mais d’un blanc pur, frangée et
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