Les chasseurs de mammouths
creusé à même la terre, qui faisait office de four.
Les arômes qui s’en dégageaient mettaient l’eau à la bouche de tous les
assistants. Les préparatifs avaient commencé avant que les hommes fussent
descendus chercher de l’argile à la rivière, et les mets avaient continué de
cuire tout le temps que le Camp avait travaillé. Il ne restait plus qu’à les
servir à tous ces gens affamés.
On sortit d’abord du trou une certaine variété de raves qui se
trouvaient bien d’une cuisson prolongée. Vinrent ensuite des corbeilles emplies
d’un mélange de moelle, de myrtilles et de plusieurs graines décortiquées et
pilées, parmi lesquelles des pignons riches en huile, qui avait cuit pendant
des heures. Sans être sucré, en dépit des myrtilles qui apportaient une légère
saveur fruitée, le plat était délicieusement riche. On sortit enfin une cuisse
entière de mammouth, cuite à la vapeur et imprégnée du jus dispensé par son
épaisse couche de graisse.
Le soleil se couchait. Un vent froid fit rentrer en hâte tout le
monde dans l’abri. Cette fois, quand Ayla fut priée de se servir la première,
elle se montra moins timide. Le festin était donné en son honneur, et, même si
elle n’aimait toujours pas se sentir le point de mire de l’attention générale,
elle était heureuse des circonstances qui l’avaient voulu ainsi.
Deegie vint s’asseoir près d’elle, et la jeune femme se surprit
à la détailler sans vergogne. L’épaisse chevelure de la jeune fille, d’un châtain
roux, était tirée en arrière et coiffée en un chignon très haut sur le sommet
du crâne. Un rang de perles rondes en ivoire, chacune d’elles ciselée et percée
à la main, avait été tressé avec ses cheveux. Elle portait une longue robe de
cuir souple – une longue tunique, dans l’esprit d’Ayla –, drapée
en plis souples à partir de la taille, teinte d’un brun profond et d’un éclat
satiné. La tunique n’avait pas de manches, mais la largeur des épaules, qui
retombaient sur le haut des bras, en donnait l’illusion. Une frange de longs
poils de mammouth, d’un brun-rouge, tombait de ses épaules dans le dos et d’un
décolleté en V par-devant et descendait plus bas que la taille.
L’encolure était soulignée d’un triple rang de perles d’ivoire,
et Deegie portait autour du cou un collier de coquillages coniques, séparés par
des tubes de calcaire et par des morceaux d’ambre. Un bracelet d’ivoire, gravé
d’un motif en chevrons, enserrait le haut de son bras droit. Le même motif se
répétait, en ocre rouge, jaune et brun, sur sa ceinture, tissée de poils d’animaux.
Attaché à cette ceinture par une boucle de cuir, pendait un couteau de silex à
manche d’ivoire dans sa gaine de cuir, et, suspendue à une autre boucle, la
partie inférieure d’une corne d’aurochs noire, un vase à boire qui représentait
un talisman pour le Foyer de l’Aurochs.
La jupe avait été coupée en diagonale : elle partait des
côtés, au-dessus des genoux, pour former une pointe devant et derrière. Trois
rangs de perles d’ivoire, une bande de fourrure de lapin et une seconde bande
formée des dos rayés de plusieurs écureuils accentuaient la ligne du bas de la
jupe, encore soulignée par une autre frange de longs poils de mammouth qui
effleurait le bas du mollet. Elle ne portait pas de jambières : on
entrevoyait ses jambes à travers la frange, ainsi que ses hautes bottes d’un
brun foncé qui formaient des mocassins aux pieds, et qui brillaient d’un éclat
exceptionnel.
Ayla se demandait comment on obtenait du cuir d’un tel brillant.
Mais, surtout, elle regardait Deegie avec une respectueuse admiration c’était,
pensait-elle, la plus belle femme qu’elle eût jamais vue.
— Deegie, est très belle... tunique ?
— Tu pourrais appeler ça une longue tunique. En réalité, c’est
une tenue d’été. Je l’ai faite pour la Réunion, l’an dernier, quand Branag m’a
déclaré son amour. J’ai changé d’avis sur ce que j’allais porter ce soir. Je
savais que nous resterions à l’intérieur, et qu’il ferait chaud.
Jondalar vint les rejoindre. Visiblement, il trouvait Deegie
très séduisante, lui aussi. Avec le charme qui le rendait si attirant, il lui
décocha un sourire qui exprimait toute son admiration. Deegie répondit par un
regard plein d’invite à ce bel homme, aux yeux d’un bleu intense.
Talut s’approchait. Il tenait entre ses mains
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