Les chasseurs de mammouths
de lui et il éprouvait
le désir d’écraser le noir visage souriant, de démolir ce sourire railleur,
méprisant. Il luttait pour retrouver son sang-froid. Finalement, il se saisit
de sa pelisse, se jeta dehors.
Il respirait par grandes saccades l’air froid, pour essayer d’apaiser
la jalousie qui le dévorait, et le froid, à son tour, lui brûlait les poumons.
Une brusque gelée, en ce début de printemps, avait durci la neige fondue,
transformé les ruisseaux en dangereuses glissoires, tassé la boue en creux et
bosses inégaux qui rendaient la marche difficile. Dans l’obscurité Jondalar
perdit l’équilibre et dut lutter pour le rétablir. Il pénétra dans l’abri des
chevaux.
Whinney l’accueillit d’un léger reniflement. Rapide renâcla, le
poussa du museau pour solliciter un peu d’affection. Durant cet hiver pénible,
il avait passé beaucoup de temps avec eux, et plus encore depuis ce printemps
incertain. Il appréciait sa compagnie, et il se détendait à la chaleur de leur
présence qui n’exigeait rien de lui. Un mouvement du rideau intérieur attira
son attention. Il sentit des pattes se poser sur ses jambes, perçut un
gémissement plaintif. Il se pencha, tendit la main, souleva le louveteau.
— Loup ! fit-il en souriant.
Mais il s’écarta vivement quand le petit animal très
démonstratif lui lécha le visage.
— Que fais-tu ici ? Il perdit son sourire.
— Elle t’a chassé, hein ? Tu es habitué à sa présence
toute proche, et elle te manque. Je connais ça. Il est difficile de dormir seul
quand on l’a sentie à côté de soi.
Jondalar caressa, câlina le petit loup jusqu’à le sentir plus
détendu. Il n’avait pas envie de le mettre par terre.
— Que vais-je faire de toi Loup ? Ça m’ennuie de te
faire rentrer. Je pourrais peut-être te laisser dormir avec moi.
Il se rembrunit devant le problème qui se posait à lui. Comment
allait-il rejoindre son lit avec le louveteau ? Dehors, il faisait froid,
et il n’était pas sûr que le petit animal consente à sortir avec lui. Mais s’il
rentrait par l’ouverture du Foyer du Mammouth, il devrait traverser le Foyer du
Renard. Rien au monde à ce moment n’aurait pu l’engager à passer par là. Il
aurait aimé avoir ses fourrures. Sans feu, il faisait froid dans l’abri des
chevaux, alors qu’allongé dans ses fourrures entre les deux animaux il aurait
assez chaud. Il n’avait pas le choix. Il allait devoir sortir avec le petit
loup et pénétrer dans l’habitation par l’entrée principale.
Après avoir flatté les chevaux, il serra le petit animal contre
sa poitrine, souleva le rideau et se retrouva dans la nuit froide. Le vent, qui
avait forci, lui cingla la figure d’une gifle glacée et souleva la fourrure de
sa pelisse. Loup chercha à se blottir plus étroitement contre lui et gémit,
mais il ne fit pas un mouvement pour se libérer. Prudemment Jondalar avançait
sur le sol gelé, irrégulier. Il fut soulagé d’atteindre l’arche d’entrée.
Le silence régnait lorsqu’il pénétra dans le premier foyer. Il
alla jusqu’à ses fourrures de couchage, y posa Loup, fut heureux de constater
qu’il semblait disposé à y rester. Vivement, il ôta sa pelisse, ses bottes, se
glissa entre les fourrures en serrant contre lui le louveteau. On avait moins
chaud, avait-il découvert, quand on couchait par terre dans le vaste foyer que
dans les plates-formes closes de rideaux. Il dormait donc avec ses vêtements d’intérieur.
Au bout d’un moment consacré à trouver une position confortable, le petit loup
ne tarda pas à s’endormir.
Jondalar eut moins de chance. Dès qu’il fermait les paupières,
il entendait les bruits nocturnes et se raidissait. En temps normal, les
souffles, les mouvements, les toussotements, les murmures du Camp, la nuit,
formaient un fond sonore aisément ignoré. Mais les oreilles de Jondalar
percevaient ce qu’il ne voulait pas entendre.
Ranec, doucement fit allonger Ayla sur ses fourrures, la
contempla.
— Tu es si belle, Ayla, si parfaite. Je te désire tant. Je
veux te garder près de moi à jamais. Oh, Ayla...
Il se pencha pour souffler son haleine dans l’oreille de la
jeune femme, pour respirer son parfum de femme. Elle sentit sur sa bouche le
contact des lèvres douces et pleines et elle réagit à sa caresse. Au bout d’un
moment, il posa une main sur son ventre, entreprit de décrire lentement des
cercles en exerçant une pression
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