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Les chasseurs de mammouths

Les chasseurs de mammouths

Titel: Les chasseurs de mammouths Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: J. M. Auel
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enveloppé de son grand manteau, il avait les
bras croisés sur la poitrine, les paupières apparemment closes. Ayla, assise en
tailleur à ses pieds, la tête baissée, portait elle aussi sur les épaules une
ample cape. Quand on les découvrit, ce fut avec l’étrange impression qu’ils s’étaient
soudain matérialisés au milieu de l’assistance. Personne ne les avait vus
arriver. Ils étaient là, tout simplement. Les gens trouvèrent rapidement où s’asseoir,
saisis d’impatience, prêts maintenant à partager le mystère et la magie du
Foyer du Mammouth, curieux de cette nouvelle cérémonie qu’on leur avait
préparée.
    Mamut tenait avant tout à affirmer l’existence du monde des
esprits, afin de montrer la réalité sublimée du domaine de la connaissance dans
lequel il se mouvait à ceux qui n’en avaient de notion que par ouï-dire. Les
propos se turent. Dans le silence, on n’entendit plus que le bruit des
respirations, les crépitements du feu. L’air était une invisible présence qui
arrivait par bouffées à travers les orifices de ventilation du feu et jetait
son hurlement assourdi et plaintif par les trous à fumée entrouverts. Par
degrés si imperceptibles que personne n’en perçut le début, le gémissement
devint une mélopée murmurée, puis une psalmodie rythmée. L’assemblée se joignit
au chant, y ajouta des harmonies naturelles, et le vieux chaman entama un
mouvement de danse qui balançait tout son corps. Le tambour accentua le rythme,
aidé par le claquement d’une sorte de crécelle formée de plusieurs bracelets
secoués ensemble.
    Brusquement, Mamut rejeta son grand manteau, et apparut devant l’assemblée
complètement nu. Il n’avait ni poches, ni manches, ni plis secrets où
dissimuler quelque chose. Imperceptiblement, il parut grandir devant leurs
yeux. Sa présence miroitante emplissait l’espace. Ayla battit des paupières. Le
vieux chaman, elle le savait, n’avait pas changé. Si elle se concentrait, elle
retrouvait la silhouette familière du vieil homme, avec sa peau flasque, ses
longs membres décharnés, mais c’était difficile.
    Il revint à sa taille normale mais il avait, semblait-il,
absorbé ou de quelque manière incorporé la présence miroitante : elle le
soulignait maintenant d’un rayonnement qui le faisait paraître plus grand que
nature. Il tendit devant lui ses mains ouvertes. Elles étaient vides. Il les
frappa l’une contre l’autre, une fois, avant de les unir. Il ferma les yeux et
demeura tout d’abord immobile. Mais bientôt, il se mit à trembler, comme s’il
luttait contre une force supérieure. Lentement, au prix d’un grand effort, il
sépara ses deux mains. Une forme vague, sombre, apparut entre elles et plus d’un
témoin frémit. Cette forme évoquait l’indicible sensation, l’odeur, du mal, de
quelque chose d’infect, de répugnant, d’horrible. Ayla sentit ses cheveux se
hérisser sur sa nuque et retint son souffle.
    A mesure que Mamut écartait les mains, la forme grossissait. L’odeur
âcre de la sueur montait de l’assistance assise. Chacun, le dos rigide, tendu
en avant, psalmodiait une plainte avec une intensité gémissante, et la tension
se faisait presque intolérable. La forme devenait plus sombre, s’enflait, se
tordait sous l’effet d’une vie propre ou, plutôt, du contraire de la vie. Le
vieux chaman se tendait, le corps secoué par l’effort. Ayla, inquiète,
concentrait toute son attention sur lui.
    Sans autre avertissement, elle se sentit attirée, entraînée, se
retrouva soudain avec Mamut, dans sa pensée ou dans sa vision. Elle voyait tout
clairement, elle comprenait le danger et elle était épouvantée. Il contrôlait
quelque chose qui dépassait toute expression, toute compréhension. Mamut l’avait
entraînée, à la fois pour la protéger, et pour qu’elle l’aidât. Il œuvrait pour
maîtriser cette force, et elle était avec lui, elle savait et elle apprenait
tout ensemble. Lorsqu’il rapprocha ses deux mains l’une de l’autre, la forme
décrut, et Ayla comprit qu’il la repoussait vers le lieu d’où elle était venue.
A l’instant où les deux mains s’unissaient enfin, elle perçut en esprit un
éclat retentissant, pareil à celui d’un coup de tonnerre.
    Le mal était parti. Mamut l’avait chassé. La jeune femme, alors,
prit conscience que le chaman avait fait appel à d’autres esprits pour l’aider
à lutter contre la chose immonde. Elle sentait la

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