Les chasseurs de mammouths
l’empêcher
de s’en prendre aux chaussons et aux bottes des autres. Il se lassa vite de son
vieux jouet, s’aplatit sur les pattes de devant, remua la queue et jappa en la
regardant. Ayla ne put s’empêcher de sourire. La journée était trop belle,
décida-t-elle, pour rester enfermée. Sur l’inspiration du moment, elle prit sa
fronde et un petit sac de galets ronds qu’elle avait rassemblés, fit signe à
Loup de la suivre. Dans l’abri des chevaux, elle vit Whinney. Pourquoi ne pas l’emmener,
elle aussi ?
Elle sortit, suivie de la jument et du jeune loup gris, dont le
pelage et les marques étaient, au contraire de sa mère, caractéristiques de son
espèce. Elle vit Rapide à mi-hauteur de la pente qui descendait vers la
rivière. Jondalar était avec lui. Sous le chaud soleil, il était torse nu et
menait le jeune étalon à la longe. Ainsi qu’il l’avait promis, il avait
entrepris de dresser Rapide : il y consacrait, en fait, la majeure partie
de son temps, et le cheval, tout comme lui, semblait y prendre plaisir.
A la vue d’Ayla, Jondalar lui fit signe de l’attendre, remonta
la pente dans sa direction. Il était rare qu’il l’approchât, qu’il marquât le
désir de lui parler. Jondalar avait changé, depuis l’incident qui s’était
produit sur la steppe. Il n’évitait plus la jeune femme, à proprement parler,
mais il faisait rarement l’effort de lui adresser la parole et, quand cela lui
arrivait, il se comportait en étranger, poli et réservé. Elle avait espéré que
le jeune étalon les rapprocherait, mais il paraissait plutôt plus distant
encore.
Elle attendait, le regard fixé sur le grand et bel homme musclé
qui s’avançait vers elle. Sans qu’elle l’eût cherché, le souvenir de son
ardente réponse au désir de Jondalar se présenta à son esprit. Aussitôt, elle
se surprit à le désirer elle-même. C’était une réaction de son corps, qui
échappait à son contrôle, mais, au moment où Jondalar approchait, elle vit son
visage se colorer, ses beaux yeux bleus prendre l’expression qu’elle connaissait
si bien. Elle remarqua la bosse que faisait sa virilité sous ses jambières,
bien qu’elle n’eût pas eu l’intention de porter son regard dans cette
direction, et se sentit rougir à son tour.
— Pardonne-moi, Ayla, je ne voudrais pas te déranger mais j’ai
cru devoir te montrer la nouvelle bride que j’ai fabriquée pour Rapide. Elle
pourrait te convenir pour Whinney.
Jondalar maîtrisait sa voix. Il aurait aimé pouvoir en faire
autant pour le reste de sa personne.
— Tu ne me déranges pas, dit-elle, contre toute
vraisemblance. Elle regardait les minces lanières de cuir, tressées et
entrelacées.
La jument était entrée en chaleur au début de la saison. Peu de
temps après s’en être rendu compte, Ayla avait entendu le hennissement bien
reconnaissable d’un étalon sur la steppe. Elle avait découvert la jument après
que celle-ci eut vécu avec un étalon et son troupeau mais elle ne supportait
pas l’idée de perdre Whinney au profit d’un autre cheval. Peut-être, cette
fois, ne retrouverait-elle pas son amie. Elle s’était servie d’une sorte de
licou pour retenir la jument, ainsi que Rapide qui avait manifesté un grand
intérêt et une vive agitation, et elle les avait gardés dans le foyer des
chevaux quand elle ne pouvait être avec eux. Depuis, elle continuait à utiliser
le licou de temps à autre, bien qu’elle préférât laisser à Whinney la liberté d’aller
et venir à son gré.
— Comment s’en sert-on ? demanda-t-elle à Jondalar.
Il lui en fit la démonstration sur Whinney avec un autre modèle
qu’il avait fait pour elle. Ayla posa plusieurs questions, d’un ton qui se
voulait détaché, mais elle ne prêtait guère attention aux réponses. Ce qui
comptait pour elle maintenant, c’était la chaleur de Jondalar, qui se tenait
près d’elle, et son léger parfum viril. Elle était apparemment incapable de
détacher son regard de ses mains, du jeu des muscles sur son torse, de la bosse
que faisait sa virilité. Ses questions, elle l’espérait, amèneraient Jondalar à
poursuivre la conversation. Mais, dès qu’il eut achevé ses explications, il la
quitta brusquement. Ayla le regarda enfourcher Rapide et, le guidant avec les
rênes attachées à la nouvelle bride, s’engager sur la pente. Un instant, elle
songea à le suivre mais y renonça. S’il était si pressé de s’éloigner,
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