Les chasseurs de mammouths
remarqua alors combien il était
séduisant : non qu’il fût particulièrement beau ou qu’il possédât des
traits frappants, bien que les tatouages le distinguassent des autres, mais
parce que, de toute sa personne, émanaient la force, la volonté et l’intelligence.
Il leva les yeux vers Mamut, à califourchon sur Whinney.
— Tu es donc toujours avec nous, vieil homme, dit-il,
visiblement heureux.
Il ajouta avec un sourire entendu :
— Et jamais à court de surprises. Depuis quand invoques-tu
les esprits pour attirer les animaux ? Deux chevaux et un loup qui
voyagent avec le Camp du Lion ? C’est plus que le Don d’Invocation.
— Un autre nom pourrait convenir, Vincavec, mais ce don n’est
pas le mien. Ces animaux obéissent à Ayla.
— Ayla ? Apparemment, le vieux Mamut s’est trouvé une
fille digne de lui.
Avec un intérêt évident, Vincavec examina de nouveau la jeune
femme. Il ne vit pas Ranec s’empourprer de colère, mais Jondalar, lui, se
sentit pour la première fois étrangement proche du sculpteur.
— Ne restons pas debout ici à bavarder, dit Avarie. Nous en
aurons tout le temps. Les voyageurs doivent être fatigués, affamés. Il faut me
laisser vous préparer un repas et un endroit où vous reposer.
— Vous êtes en train de construire un nouveau foyer,
Avarie. Inutile de te mettre en frais pour nous. Indique-nous seulement où
dresser nos tentes, déclara Tulie. Un peu plus tard, nous serons heureux de
partager un repas avec vous et, peut-être, de vous montrer quelques belles
peaux de rennes et des fourrures que nous avons justement emportées.
Talut se débarrassait de sa hotte. Il lança, de sa voix
sonore :
— J’ai une meilleure idée ! Si nous vous
aidions ? Il faudra peut-être me dire où les poser, mais j’ai assez de
force pour porter un os de mammouth ou deux.
— Oui, j’aimerais participer à vos travaux, déclara
spontanément Jondalar.
Il fit avancer Rapide, aida Rydag à en descendre.
— Vous élevez là une hutte pas comme les autres,
ajouta-t-il. Je n’en ai jamais vu de pareille.
— Certainement. Nous acceptons votre aide avec plaisir.
Certains, parmi nous, sont pressés de partir pour la Réunion, mais auparavant,
nous devons achever la hutte : il faut tout un été pour la consolider. Le
Camp du Lion est très généreux, dit Vincavec.
Il se demandait en même temps combien de morceaux d’ambre allait
lui coûter cette générosité, quand viendrait le moment des échanges. Mais il
décida qu’achever sa hutte et apaiser quelques mécontents en valaient la peine.
Vincavec n’avait pas remarqué dès le début le grand homme blond,
au milieu des arrivants. Il le regarda par deux fois, puis Ayla qui dételait
Whinney de son travois, C’était un étranger, comme Ayla, et, comme elle, il
semblait à l’aise avec les chevaux. Mais, par ailleurs, le petit Tête Plate
paraissait dans les meilleurs termes avec le loup, et il n’était plus un
inconnu. Cela devait avoir un rapport avec cette femme. Le mamut et chef du
Camp du Mammouth reporta son attention sur Ayla. Il s’aperçut que le sculpteur
à la peau sombre ne la quittait guère. Ranec, pensa-t-il, avait toujours su
reconnaître la beauté, l’exceptionnel. Son attitude avait quelque chose de
possessif. Mais l’étranger, qui était-il ? N’était-il pas lié à la
femme ? Vincavec lança un coup d’œil vers Jondalar, vit qu’il surveillait
Ayla et Ranec.
Il se passe quelque chose entre ces trois-là, se dit Vincavec.
Il sourit. Si les deux hommes témoignaient d’un tel intérêt, il était probable
que la femme n’était encore unie officiellement à aucun des deux. Une fois
encore, il la détailla. Elle était d’une beauté saisissante, et c’était une
fille du Foyer du Mammouth, une Femme Qui Guérit, selon ses compagnons. Elle
avait certainement un pouvoir unique sur les animaux. Une femme de grand
prestige, sans doute, mais d’où venait-elle ? Et pourquoi était-ce
toujours le Camp du Lion qui se présentait avec quelqu’un sortant de l’ordinaire ?
Les deux Femmes Qui Ordonnent se tenaient dans une hutte de
terre récemment construite mais encore vide. L’extérieur était couvert, mais, à
l’intérieur, le motif en chevrons ressortait subtilement.
— Es-tu sûre de ne pas vouloir voyager avec nous,
Avarie ? demanda Tulie, dont le cou était orné d’un nouveau collier de
grosses perles d’ambre. Nous attendrions volontiers
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