Les chasseurs de mammouths
ondulations rocheuses de la toundra et des
plaines de lœss à des lacs de forêt peuplés de roseaux, des marécages grouillants
de vie aux tertres balayés par le vent et aux prairies herbeuses émaillées de
fleurs d’été. Les plantes de ces régions nordiques étaient souvent rabougries,
mais leurs fleurs étaient fréquemment plus grandes, plus brillamment colorées
que celles du Sud. Ayla en identifiait la plupart, sans toutefois en connaître
toujours les noms. Quand elle se promenait à cheval ou à pied, il lui arrivait
souvent d’en cueillir et de les rapporter à Mamut, à Nezzie, à Deegie ou à
quelqu’un d’autre pour en apprendre les noms.
Plus ils se rapprochaient du lieu où allait se tenir la Réunion
d’Été, et plus Ayla trouvait de prétextes pour s’isoler du reste de la troupe.
En été, elle avait besoin de solitude. D’aussi loin qu’elle pût s’en souvenir,
il en avait toujours été ainsi. En hiver, elle acceptait de rester enfermée,
dans les conditions qu’imposait le mauvais temps, que ce fût dans la caverne du
clan de Brun, dans la sienne, dans sa vallée, ou dans la caverne des Mamutoï.
Mais, en été, bien qu’elle n’aimât pas se trouver seule la nuit, elle avait
souvent aimé s’écarter des autres durant la journée. C’était le moment où elle
pouvait donner libre cours à ses propres pensées, suivre ses propres
impulsions, enfin soulagée d’une trop grande surveillance imposée soit par la
suspicion soit par l’amour.
Lorsqu’ils faisaient étape, le soir, elle pouvait assez
facilement prétendre qu’elle voulait chasser, ou bien identifier certaines
plantes, et elle faisait l’un et l’autre : elle prenait sa fronde et le
lance-sagaie pour rapporter de la viande fraîche. Mais, en réalité, elle avait
simplement envie d’être seule. Sans bien comprendre pourquoi, elle redoutait le
moment où ils arriveraient à destination. Elle avait maintenant rencontré bien
des gens et elle avait été accueillie par eux sans grandes difficultés :
son appréhension ne venait donc pas de là, elle le savait. Mais, plus ils se
rapprochaient du but, plus Ranec devenait expansif, et plus Jondalar paraissait
morose. Quant à elle, elle souhaitait de plus en plus pouvoir éviter cette
assemblée des Camps.
Le dernier soir du voyage, Ayla revint d’une longue promenade à
pied avec un bouquet de fleurs. Elle remarqua qu’on avait aplani une petite
surface près du feu. Jondalar y faisait des marques avec le couteau à dessiner.
Tornec tenait un fragment de plaque d’ivoire. Il avait sorti un couteau acéré
et il examinait les marques.
— La voici, dit Jondalar. Ayla, mieux que moi, pourra te
renseigner. Je ne suis pas sûr que je serais capable de retrouver mon chemin
jusqu’à la vallée depuis le Camp du Lion mais je suis certain que cela me
serait impossible à partir d’ici. Nous avons fait trop de tours et de détours.
— Jondalar essayait de dresser une carte qui nous
permettrait de retrouver la vallée où tu as découvert les pierres à feu,
expliqua Talut.
— Depuis notre départ, je n’ai pas cessé de regarder autour
de moi et je n’en ai pas vu une seule, ajouta Tornec. J’aimerais bien aller
faire un tour là-bas un de ces jours pour en rapporter. Celles que nous avons
ne dureront pas éternellement. La mienne est déjà profondément creusée.
— J’ai du mal à évaluer les distances, déclara Jondalar.
Nous voyagions à cheval. Il est difficile de dire combien de jours prendrait la
route, si on la faisait à pied. Et nous avons fait de nombreux crochets, nous
nous arrêtions quand nous en avions envie et nous ne suivions pas de piste bien
précise. A plusieurs reprises, j’en suis presque sûr, vous avons traversé la
rivière qui passe dans votre vallée, plus au nord. Quand nous sommes retournés
là-bas, c’était presque l’hiver, et beaucoup de points de repère s’étaient
transformés.
Ayla posa ses fleurs pour s’emparer du couteau à dessiner. Elle
cherchait comment s’y prendre pour dresser une carte de la vallée. Elle
commença de tracer un trait, hésita.
— Ne cherche pas à la faire d’ici, fit Talut, d’un ton
encourageant. Pense seulement à la façon d’y arriver à partir du Camp du Lion.
Une intense concentration plissa le front de la jeune femme.
— Je pourrais vous montrer le chemin à partir du Camp du
Lion, je te sais, mais je ne comprends pas encore très bien les cartes. Je
Weitere Kostenlose Bücher