Les chasseurs de mammouths
à
conserver la chaleur de l’intérieur, et l’humidité qui se condensait à la
fraîcheur du soir ruisselait le long de la paroi extérieure, dans ce vide, pour
se perdre dans le sol. Les peaux intérieures, glissées sous celles que l’on
étendait sur le sol, arrêtaient les courants d’air. La structure ne constituait
pas, et de loin, un logement permanent comme l’habitation semi-souterraine du
Camp du Lion mais elle était plus résistante que la tente à une seule paroi où
les Mamutoï passaient les nuits en voyage. Cette résidence d’été, ils l’appelaient
le Camp de la Massette, pour la différencier, où qu’elle se trouvât, du site où
ils passaient l’hiver, ce qui ne les empêchait pas de continuer à se considérer
comme les membres d’un groupe appelé le Camp du Lion.
La tente était divisée en quatre sections coniques qui ouvraient
les unes sur les autres. Chacune avait son propre foyer et était soutenue par
de jeunes arbres solides et flexibles qu’on aurait pu remplacer – et
cela s’était fait – par des côtes de mammouth ou d’autres os longs.
La partie centrale, la plus vaste, devait abriter le Foyer du Mammouth, le
Foyer du Lion et le Foyer du Renard. La tente n’était certes pas aussi
spacieuse que l’habitation semi-souterraine, mais on s’en servirait surtout
pour dormir, et il était rare que tout le monde vînt y dormir en même temps. D’autres
activités, personnelles, communes ou publiques, se dérouleraient dehors. Il
fallait donc, quand on s’installait, définir les limites d’un territoire,
autour de la tente. L’emplacement du Foyer de la Massette, la fosse à feu
principale en plein air, avait une certaine importance.
Pendant que les arrivants s’activaient à dresser leur tente et à
jalonner leur aire, les centaines de gens venus pour la Réunion commençaient à
se remettre du choc initial qui les avait réduits au silence. Ils s’étaient mis
à parler entre eux avec agitation. Ayla finit par découvrir la source de cet
étrange grondement sourd. Elle se rappelait son arrivée au Camp du Lion et le
bruit qui l’avait frappée quand tout le monde s’exprimait en même temps. C’était,
là encore, le même bruit, largement multiplié. C’étaient les voix mêlées de la
foule tout entière.
Rien d’étonnant si Whinney et Rapide étaient si nerveux, se dit
la jeune femme. Ce bourdonnement continuel lui faisait le même effet. Elle n’y
était pas habituée. Le Rassemblement du Clan n’était pas aussi fréquenté mais,
de toute façon, il n’aurait jamais été aussi bruyant. Les gens du Clan
utilisaient peu de mots pour communiquer, et, rassemblés, ils faisaient peu de
bruit, mais ce peuple qui s’exprimait verbalement, sauf en de rares occasions,
engendrait toujours la cacophonie à l’intérieur d’un campement.
Nombreux furent ceux qui accoururent pour saluer le Camp du
Lion, pour offrir leurs services. Ils furent accueillis avec chaleur, mais, à
plusieurs reprises, Talut et Tulie échangèrent des regards chargés de sens. Ils
ne se rappelaient pas avoir jamais trouvé tant d’amis disposés à leur venir en
aide. Avec l’assistance de Latie, de Jondalar, de Ranec et, pendant un moment,
celle de Talut, Ayla édifia un abri pour les chevaux. Les deux jeunes hommes
travaillaient ensemble mais se parlaient peu. La jeune femme refusait l’aide
des curieux : les chevaux, expliquait-elle, étaient craintifs, et la
présence d’inconnus les rendait nerveux. Elle prouvait ainsi qu’elle était la
seule à exercer une autorité sur les animaux, ce qui avait pour unique résultat
d’attirer la curiosité. Très vite, on ne parla plus que d’elle.
A l’extrémité la plus écartée du campement, légèrement en
retrait derrière une courbe de la muraille du ravin qui s’ouvrait sur la vallée
de la rivière, le petit groupe construisit une sorte de brise-vent. Ils
utilisèrent la tente dont Ayla et Jondalar s’étaient servis quand ils
voyageaient ensemble, en l’étayant avec de jeunes arbres et des branches
solides. L’abri était à peu près dissimulé à la vue des gens qui campaient dans
le ravin, mais, de cet endroit, on découvrait largement la rivière et les
magnifiques prairies parsemées d’arbres.
Les arrivants étaient occupés à emménager et à aménager leurs
emplacements pour dormir, quand une délégation du Camp du Loup accompagnée de
quelques autres personnes se présenta pour les
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